CLASSIQUE RAP US
Traversons les Etats-Unis, quittons New-York ainsi que Redman que nous avons fréquenté hier pour nous tourner du côté de Los Angeles, vivier du rap américain par excellence ! On poursuit nos (re)découverte avec un artiste que vous n’avez probablement guère suivi dans l’ensemble de son activité, mais qui vous as assurément tous touchés avec un de ses sons. Je parle de Coolio et du classique “Gangster’s Paradise”.
Pur produit californien issu du quartier de compton, hood par excellence de tout bon artiste hip-hop qui se respecte, Coolio évolue dans la musique en marge de ses activités de gangs (membre des Baby Crips) et sort un premier album, “It Takes A Thief” certifié disque de platine. Mais c’est principalement grâce au titre “Gangsta’s Paradise” en 1995 que Coolio se fera connaître mondialement. Titre qui à l’origine devait rejoindre la tracklist de l’un de ses albums mais qui finalement se retrouvera sur la bande originale du film “Esprits Rebelles” (“Dangerous Minds” en version originale) et participera grandement à sa popularité, bien qu’aujourd’hui il ne soit guère resté dans les mémoires. Prévu initialement pour le long métrage “Bad Boys”, le studio trouvait cependant le tarif trop élevé et à donc refusé. La chanson devient ainsi immédiatement un succès international, d’autant plus qu’il s’agit du premier son traitant du quotidien des ghettos à toucher un si large public ! Le second album de Coolio sera ainsi appelé de façon éponyme.
Concernant le son, il se base sur une reprise de “Pastime Paradise” de Stevie Wonder sorti en 1976, l’intéressé se joignant d’ailleurs au rappeur ainsi qu’à L.V (qui possède également une version du titre interprété par lui-même sur son album “I Am L.V” mais qui à l’origine n’est présent qu’au refrain) pour chanter “Gangsta’s Paradise” lors de la cérémonie des Billboard Awards en 1995. Au final, il s’agit du single le plus vendu de l’année avec près de 6 millions d’exemplaires écoulés à travers le monde ! Et tant qu’on en est aux récompenses, on peut également ajouter la nomination du titre pour le Grammy Award de l’enregistrement de l’année en 1996 et sa réception d’une énième distinction dans la catégorie “Best Rap Solo Performance”. Enfin, le magazine Billboard lui consacre une place de choix, la situant à la 69ème position dans son classement des meilleures chansons de tous les temps. Pour en revenir au texte, la réécriture des paroles par Coolio s’arrange afin de coïncider avec le quotidien de la rue. Tragique, plutôt qu’une glorification du gangsta style comme on en a l’habitude (particulièrement avec le rap de la west coast des années 90), le texte se positionne d’avantage comme une critique de la violence tragique qui peuple les quartiers. A l’origine, L.V a lui-même posé au chorus et enregistré les coeurs, Coolio a ensuite rédigé ses couplets d’une traite pour que le son prenne forme. S’ensuit quelques petites difficultés, Stevie Wonder étant à l’origine réfractaire à l’idée que l’on puisse réutiliser sa chanson de la sorte, en y incorporant les fameux “f-words” et “n-words” choquant les chastes oreilles. De plus, il réclamait tout de même 95% des droits ! Malgré cela, l’esprit gangsta est bien présent ! Pour l’originalité, on peut noter que le texte commence par un psaume (23:4) de la Bible: “As I walk through the valley of the shadow of death” qui diverge dans sa conclusion: “I take a look at my life and realize there’s not much left”. Par la suite, on reste sur une dénonciation plus classique de la vie de ghetto: “Or you and your homies might be lined in chalk”, précisant l’image renvoyée aux jeunes facilement impressionnables (“‘m the kinda G the little homies wanna be like”). D’une manière générale, l’ombre de la mort plane sur l’ensemble du texte, puisqu’elle est évoquée à de multiples reprises, revenant dans le second couplet et toujours mentionnée comme brève et subite (“Death ain’t nothing but a heartbeat away“) et évidemment insaisissable (“I’m 23 now, but will I live to see 24/The way things are going I don’t know“).Enfin, la sentence est assez dure, Coolio affirmant qu’il ne reste plus d’espoir (“I guess they front, that’s why I know my life is out of luck, fool”). Le message est délivré à l’ensemble des auditeurs:
“Tell me why are we, so blind to see that the one’s we hurt, are you and me”
Ainsi “Gangsta’s Paradise” se place comme un énième classique, de façon incontestable. Paradoxalement, si effectivement le film n’est pas resté dans toutes les mémoires, le son lui l’est bien ! Et même si Coolio était en désaccord avec l’image du clip, souhaitant quelque chose de plus “gangsta shit” avec son lot de low riders et tout ce qui s’ensuit, on reste emporté sur le chemin de ce Paradis, sans trop savoir si ce n’est pas plutôt l’Enfer au vu des paroles. Si par la suite Coolio a arrêté la musique, préférant se tourner vers une carrière d’acteur, de notre côté on sait qu’il reste toujours dans le gangster’s paradise…
https://www.youtube.com/watch?v=N6voHeEa3ig
Tracklist de l’album Gangsta’s Paradise:
01. That’s How It Is
02. Geto Highlites
03. Gangsta’s Paradise (feat. L.V)
04. Too Hot
05. Cruisin’ (feat. Malika)
06. Exercise Yo’ Game (feat. 40 Thevz, E-40, Kam)
07. Sumpin’ New
08. Smilin’
09. Fucc Coolio
10. Kinda High Kinda Drunk
11. For My Sistas
12. Is This Me ? (feat. Rated R)
13. A Thing Goin’ On
14. Bright As The Sun
15. Recoup This
16. The Revolution
17. Get Up Get Down (feat. leek Ratt, Malika, P.S, Ras Kass, Shorty, WC)