Ça y est, après des semaines, que dis-je, des mois de teasing, le dernier album de Eminem, ”Revival”, est enfin sorti. Enfin, il avait fuité sur le net une semaine avant sa sortie officielle, mais par respect pour les rappeurs, on essaie de ne jamais parler de ces fuites, car les chansons y sont souvent de plus mauvaise qualité (en terme de compression etc) que le produit final. Mais cette fois, l’album est officiellement sorti.
On a donc le droit d’en parler. Et, malheureusement, d’en dire du mal. Malheureusement, car Eminem a tellement apporté au rap, qu’il est vraiment difficile pour nous de le critiquer. Il était considéré jusqu’à il y a peu comme un des meilleurs MCs de tous les temps. Un statut difficile à assumer lorsqu’on a passé le début de sa carrière à se foutre de la gueule du rap game, et du star système en général. Plongeons nous donc dans cet album si attendu.
Des prods trop simples
On va commencer par ce qui frappe en premier lieu : la qualité très moyenne, voire médiocre, des instrumentales. Il y a beaucoup de sonorités rock, pour commencer. Eminem a toujours été influencé par le rock, et a déjà posé sur des intrus rock par le passé. Mais il avait alors le brin de folie, l’étincelle, qui faisait qu’il pouvait retourner les foules avec n’importe quel titre, même sur de la country. Ici, des morceaux comme ”Remind Me” sont un peu plat, sans vraie énergie, sans folie, ce qui était pourtant sa marque de fabrique.
Au delà des instrus rocks on est très loin de ce que pouvait composer Dr.Dre en termes d’instrus pour Slim Shady autour de 1999 / 2000. Très peu d’innovations, très peu de prises de risques (on a cru qu’il allait se mettre à la trap avec ”Believe”, mais finalement, il a du mal à véhiculer l’énergie nécessaire pour faire de la vraie trap), et donc un album assez plat. Les sonorités sont très rock, voire même pop, et pas du rock avant-gardiste ou un pe spécial, non, du rock commercial au possible, et c’est vraiment dommage.
Une rage qui sonne faux
Et le deuxième point qui est inquiétant, c’est le fait qu’Eminem n’ visiblement plus grand chose à dire ou à raconter. Ses critiques contre le gouvernement, contre Trump, contre le système, sont toutes devenues très attendues. Alors qu’avant il prenait le game à rebours, avec des positionnement complètement fou et des histoires incroyables (comme dans ”Stan”), ici, on n’a rien de bien nouveau. On dirait vraiment qu’il a pris al résolution de faire un album de pop en un peu plus sombre, ce qui nous déçoit.
Ce qui fâche encore plus, c’est que, lors de ses premiers succès, il disait dans ses sons qu’il ne deviendra pas une vieille star de la chanson, un artiste qui continue à sortir des disques jusqu’à sa mort alors qu’il n’a plus grand chose à apporter, et rien à dire. Il se moquait même de ces gens là, et le voir se transformer progressivement en ce qu’il dénonçait il y a dix ans nous attriste profondément. On s’était dit que s’il y en avait a moins un qui aurait le recul et la lucidité nécessaire pour s’arrêter à temps, au sommet. Mais si on est honnêtes, ça fait bien 10 ans qu’on sait que le vrai Eminem est mort. A la sortie de sa dépression, les jeux étaient finalement déjà faits. Eminem était fort parce qu’il allumait l’Amérique blanche, et toute l’Amérique en générale, mais surtout parce qu’il y avait un tel mal-être dans ses sons, une ”lucidité du dépressif”, qui nous frappait en pleine face.
Aujourd’hui, il n’envoie que des caresses… Des chansons d’amour en pagaille, des feats avec des chanteuses Pop, des refrains qu’il chante lui-même, Eminem a définitivement laissé tout ce qui faisait de lui un artiste à part et dérangeant. Et comme qui plus est, son album ressemble de moins en moins à un album de rap, on ne se sent pas trop légitimes à en parler plus longtemps. Le seul morceau où on entrevoit le Eminem d’avant, c’est sur ”Framed”, mais pour le reste… On vous invite à vous faire votre propre avis !