Retour sur “The Miseducation of Lauryn Hill”, le chef d’oeuvre de Lauryn Hill

Sorti le 25 août 1998, “The Miseducation of Lauryn Hill” est le premier et unique album solo de Lauryn Hill. Une pièce à part dans la musique qui a marqué son époque et est considéré comme un chef d’œuvre de sensibilité et de musicalité. 

Quand elle commence à travailler sur son premier album, Lauryn Hill n’a que 22 ans. Pourtant, elle est déjà une star mondiale. Après un premier album au succès mitigé avec son groupe The Fugees (qu’elle forme avec Wyclef Jean et Pras), le trio s’est révélé aux yeux du grand public avec “The Score” en 1996. Un carton qui se place directement premier au classement Billboard, porté par de nombreux tubes, comme “Ready Or Not”, “Fu-Gee-la” et “Killing Me softly“.

Le groupe décide à ce moment là de se consacrer aux projets solos de chacun, sans doute motivé par les tensions présentes au sein de l’équipe. Hill va partir enregistrer son premier album en Jamaïque, la terre de son fiancé et fils de la légende Bob Marley, Rohan Marley. “The Miseducation of Lauryn Hill” est une inspiration directe de ce que l’artiste vivait à ce moment de sa vie, mais aussi une plongée dans ses racines. Ainsi, le titre est un hommage à “The Mis-Education of the Negro”. Un bouquin écrit par Carter G. Woodson sur le conditionnement dont sont victimes les afro-américains et qui les encourage à s’élever dans la société par eux-mêmes.

Amertume envers The Fugees

Tout au long du 16 titres, elle met en perspective ce questionnement en prenant en compte son propre vécu. Lauryn Hill parle de peines de cœur, notamment à l’égard de Wyclef Jean avec qui elle a vécu une aventure passionnée mais dévastatrice. Dans “Lost Ones”, elle évoque avec amertume sa relation : “C’est drôle comment l’argent change les choses / un manque de communication mène à des complications” chante-elle dès les premières mesures. “Tu as conquis le monde pour le prix de ton âme” renchérit-elle.

A l’opposé, la chanteuse prône l’amour et la spiritualité. Par le biais des interludes disséminés au long du projet, souvent en fin de piste, elle fait parler un professeur qui interroge ses élèves sur la notion d’amour. Des moments précieux qui prouvent la grande sensibilité de Lauryn Hill et contribuent à l’ambiance chaleureuse de l’album. Surtout, ils démontrent que l’artiste veut questionner sa communauté sur soi, en tant qu’individu et en tant que groupe.

Lauryn Hill, une voix hors du commun

Le morceau “Zion” accentue ce sentiment. Dans les lyrics, elle revient sur sa maternité et le regard des gens à son égard. “Je savais que cette vie méritait une chance / Mais tout le monde me disait de réfléchir / ‘Pense à ta carrière’ me disaient-ils / Lauryn, bébé, utilise ta tête / mais j’ai préféré écouter mon cœur.” Un positionnement qui peut sembler normal mais qui apparaît comme très osé pour une femme de cette envergure à l’époque et qui a permis de décomplexer énormément de femmes sur ces questions.

Lauryn Hill nous invite dans un cocon dans lequel on entre avec un plaisir évident. Son discours est sublimé par la palette musicale employée pour le servir. L’artiste verse dans le hip-hop (“Forgive Them Father”), le R&B (“Nothing Even Matters”), le reggae (“When It Hurts So Bad”) et le gospel, qu’elle a longtemps pratiqué dans son enfance. Pour qualifier sa musique, certains utilisent le terme de Néo-soul. En vrai, Lauryn Hill fait du Lauryn Hill. Et personne ne peut essayer de la copier. L’alchimie entre ses influences parentales, son bagage hip-hop et ses velléités roots font de “The Miseducation of Lauryn Hill” un album unique.

Sa voix splendide et son charme naturel permettent à plusieurs de ses morceaux de devenir des tubes. “Lost Ones”, “Doo Wop (That Thing)” ou encore “X-Factor” pénètrent dans tous les foyers et sont repris en cœur à la cour de récré. Lauryn Hill s’affirme alors comme une des grandes voix féminines afro-américaines. À sa sortie en août 1998, l’album se vend à 423 000 exemplaires dès la première semaine et se place premier du top Billboard durant un mois. 21 ans après, il continue de tourner chez les amateurs d’une (la ?) des plus belles voix de ces 20 dernières années. “The Miseducation of Lauryn Hill” est à ce jour le seul album de Lauryn Hill. Un disque, un chef d’œuvre, le ratio est plutôt bon.

Sim
Sim

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