Retour en force : Stomy Bugsy lève le voile sur les secrets du Ministère AMER

À l’aube des années 1990, le rap français vivait un bouleversement majeur. À la tête de cette révolution : le Ministère AMER. En 1994, l’album « 95200 » frappait fort avec des paroles crues et une attitude provocatrice. Trente ans après, à l’occasion de la tournée anniversaire de cet album culte, Stomy Bugsy partage ses souvenirs et raconte la folle aventure du groupe avant leur passage à Reims, une date particulièrement attendue par les fans.

Ministère AMER, une histoire d’amitié et de passion

C’est à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, que tout a commencé pour Stomy Bugsy et Passi, les fondateurs du Ministère AMER. Une amitié naissante, marquée par des moments de clashs amicaux, de vannes et de compétitions dans le breakdance. « Il avait toujours un putain de style ! », se souvient Stomy en riant, évoquant la manière dont Passi mélangeait des marques comme Nike et Adidas avec une élégance décontractée.

C’est cette complicité et cette passion partagée pour le rap qui les ont poussés à se lancer dans la musique ensemble. Rapidement, ils créent un groupe avec Moda, un autre membre fondateur. L’alchimie est immédiate, et les premières compositions du Ministère AMER voient le jour.

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« 95200 » : une claque qui résonne encore dans le rap français

En 1994, la sortie de l’album « 95200 » provoque une onde de choc. Déjà respecté dans le milieu pour leurs premiers titres comme « Traîtres » et « Pourquoi tant de haine ? », le Ministère AMER impose avec cet album un style encore plus abouti et radical. « On avait tellement de frustration, de colère », explique Stomy, évoquant les textes chargés de révolte contre l’État, la société et les inégalités sociales. Le groupe ne se prive d’aucune provocation et va jusqu’à être condamné pour provocation au meurtre de policiers.

Pourtant, cet album est bien plus qu’un cri de révolte. Il symbolise une époque où le rap français émerge comme un véritable mouvement social, une voix pour les quartiers marginalisés. La liberté artistique totale offerte par leur producteur, Mariano, a permis au groupe d’aller toujours plus loin dans l’expression de leur colère. « Plus il nous disait qu’on abusait dans les paroles, plus on allait loin ! », se souvient Stomy, amusé.

Une tournée anniversaire pour célébrer l’héritage du rap français

Trente ans après la sortie de « 95200 », le Ministère AMER monte pour la première fois sur scène en tournée pour célébrer cet album historique. Cette décision n’était pas prévue à l’époque, car le groupe n’avait jamais fait de tournée ensemble. « On a fait les 20 ans de “95200” à l’Olympia, mais on ne sait pas si on sera là pour les 40 ou les 50 ans. La vie est courte, il faut en profiter », confie Stomy Bugsy. Cette tournée est donc l’occasion pour les membres du Ministère AMER de retrouver leur public, et de partager à nouveau leur énergie brute avec une génération qui n’a pas oublié l’impact de leurs paroles.

Un retour sur scène féroce et passionné

Pour Stomy Bugsy, les concerts du Ministère AMER sont bien plus qu’une simple performance. « On est toujours des bêtes de scène, des vrais chiens ! », affirme-t-il avec fierté. La scène est l’endroit où le groupe se connecte véritablement avec son public, un moment intense et émotionnel où les spectateurs font souvent de grands sacrifices pour assister au show. « Ils te donnent de leur temps, la chose la plus précieuse », ajoute-t-il, déterminé à offrir des performances à la hauteur des attentes des fans.

La nouvelle génération de rappeurs sous le regard bienveillant de Stomy Bugsy

Même s’il est une figure incontournable du rap des années 90, Stomy Bugsy ne se montre pas critique envers la nouvelle génération de rappeurs. Au contraire, il leur laisse toute la place pour s’exprimer. « Les jeunes ont moins de barrières, ça se ressent dans leur musique. Ils ont envie de faire la fête, de faire partie du système, de tout prendre », constate-t-il. Pour lui, il existe une relation de respect mutuel entre les générations : « C’est un “win-win”. Il faut les laisser s’exprimer, je ne suis pas du genre à basher la nouvelle génération. ».

Sidoine
Sidoine
Journaliste et traducteur EN-FR, je suis passionné d'Internet, de technologies, de crypto-monnaies et de musique, le Rap tout particulièrement. Je suis tombé dans le chaudron de MC Solaar lorsqu'avec l'aide du druide Jimmy Jay, il préparait l'album Qui sème le vent récolte le tempo.

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