Shyne: L’histoire d’un rappeur au parcours particulier

De nouveau envie de connaître le portrait d’une illustre figure du rap ? Comme je vous comprend… ! L’avantage du hip-hop, c’est bien le nombre incroyable d’acteurs qui le parsème ! En quasiment 30 ans d’existence si l’on arrondit le tout, on se rend compte qu’il y  plus d’une personne dont on aurait envie de parler, de retracer la vie, le parcours, l’évolution artistique mais aussi humaine. Il y a de ceux que l’on connaît de toujours, les superstar d’hier et d’aujourd’hui, ceux qui se sont hélas éteint trop tôt, ceux dont le vécu mérite que l’on s’y attarde suffisamment pour en tirer quelques lignes. Et c’est bien là tout l’intérêt de notre rubrique ! Aussi je vous invite à prendre place, car aujourd’hui nous allons parler de Shyne.

Mais qui est Shyne ?

Ce nom n’évoquera peut-être pas forcément grand chose à certain, aussi c’est l’occasion pour eux d’en apprendre un peu plus grâce à cet article ! Car il serait bien faux de songer que Jamal Michael Barrow (de son vrai nom) n’a eu que peu d’influence dans le monde du hip-hop. Né à Belize City (capitale du Belize, petit pays d’Amérique Centrale) le 08 novembre 1978, il est le fils de Dean Barrow, politicien du pays (Premier Ministre et Ministre des Finances exactement). Très peu proche de son père, qui parle de lui comme d’un enfant “indésirable”, il suivra sa mère aux Etats-Unis jusqu’à Brooklyn exactement. Un quartier dans lequel il s’installera à l’âge de 13 ans. Comme beaucoup de jeunes de son quartier et de sa génération, le rap ne tardera pas à croiser son chemin. Et comme pour beaucoup de carrière, celle de Shyne débutera par une rencontre purement fortuite. Celle du producteur Clark Kent, qui remarque le jeune homme rappant dans une boutique. Travaillant alors sur l’album posthume “Born Again” d’un certain Notorious Big (R.I.P), il ne peut s’empêcher de remarquer un certain héritage artistique dans le style du garçon. C’est ainsi en 1999 que Shyne rejoint le label Bad Boy Records d’un certain P. Diddy (aujourd’hui devenu le rappeur le plus riche selon le tout dernier classement Forbes). Il commencera ainsi à se faire la main et un nom en participant à de nombreux projets d’artistes de l’écurie: l’album “Forever” de Puff Daddy ainsi que “Double Up” de Ma$e. Tout aurait pu se dérouler comme il le fallait sans un événement qui viendra complètement bouleverser la vie du jeune rappeur…

https://www.youtube.com/watch?v=5cC_wuKNqt4

Le 27 décembre 1999: une date fatidique

Seulement âgé de 21 ans, en compagnie de Puff Daddy et de Jennifer Lopez, sa compagne de l’époque, Shyne se trouve au sein du New York Club, boîte branchée proche du quartier de Times Square. C’est suite à une altercation entre Diddy et un client que Jamal sort un pistolet et tire plusieurs fois en l’air en guise de sommation. Une bien mauvaise idée, car même s’il s’enfuit, il sera bien vite rattrapé par la police. Victime de son casier qui n’était déjà plus vierge et témoignant de plusieurs condamnations, il est cette fois-ci accusé de de comportement dangereux, tentative de meurtre au second degré, de voies de fait au premier et second degré, d’usage criminel d’une arme à feu et de possession d’une arme au premier et second degré. P. Diddy subit lui aussi les accusations. S’ensuit forcément une dimension médiatique sans précédent autour de l’affaire, en raison du statut de célébrité de Puff. La sanction tombe et elle est irrévocable. Si le patron de Bad Boy Records s’en sort, ce n’est pas le cas de Shyne qui, malgré avoir plaidé la légitime défense, est condamné à 10 ans de prison sans libération possible avant 2009 ! Si l’on peut trouver un certain aspect positif  dans toute l’affaire, c’est très certainement au niveau de la popularité gagné par l’artiste. passé de quasi inconnu à rappeur incarcéré pour ses actions, on le sait, il n’y a rien de mieux pour la street cred. C’est ainsi qu’en 2000 il peut publier son tout premier album solo: “Shyne”. Le succès est au rendez-vous puisque le CD se classe à la 5ème place du Top Billboard 200. Hélas, la hype est de courte durée et sitôt sorti, l’album est bien vite oublié sans qu’aucun titre ne ressorte réellement. Shyne rompt d’ailleurs tout contact avec Diddy et Bad Boy Records, alors même que BMG (maison mère du label) songeait à se séparer de lui au vue de la très mauvaise publicité de toute l’affaire. On semble se diriger tout droit vers la fin d’une carrière qui promettait évidemment tout autre chose…

 

image cover album Shyne de Shyne
Pochette du premier album solo éponyme du rappeur Shyne
image incarcération de Shyne
Le rappeur Shyne lors de son incarcération

Résurrection et renouveau

Shyne peut cependant jouir d’une assez bonne popularité auprès de certain. Dans la rue notamment, où il a acquis le respect de ses pairs depuis la fusillade. Mais l’ensemble de l’industrie ne lui tourne pas le dos, en témoigne le label Def Jam qui, en avril 2004, signe avec lui un contrat de plusieurs millions de dollars. Son second album, “Godfather Burried Alive” sort ainsi au cours de l’année. Accueilli sans grand enthousiasme par le public, il atteint tout de même le podium en se classant à la troisième place du Billboard. On pourra toutefois retenir uns semblant de beef ayant démarré avec 50 Cent, celui-ci se moquant de l’incarcération de Shyne, lequel lui répondra à travers le son “For The Record”.

image cover album Godfather Burried Alive de Shine
pochette du second album solo de Shyne: “Godfather Burried Alive”

En mars 2006, Jamal Michael Barrow change de nom (de manière légale et officiel) et devient Moses Michael Leviy. Un nouveau patronyme choisi afin de rendre hommage aux origines juives qu’il détient de sa mère. Finalement, il est enfin libéré le 06 octobre 2009 après avoir purgé 9 ans de prison sur les 10 originellement attribués. Entièrement voué à la religion qu’il a nouvellement embrassé, il devient juif haredi (les haredim comptant parmi les juifs à la pratique religieuse la plus importante) et s’installe à Méa Shéarim, un quartier de Jérusalem afin de poursuivre son étude de la religion. Un changement radical qui semble totalement (et logiquement) enterrer sa carrière de musicale dans le rap. Et pourtant… Pourtant ils semble que sa nouvelle fonction ne bride en aucun cas sa créativité musicale. Mélangeant l’hébreu biblique nouvelle étudié et acquis ainsi que le bon vieux argot de Brooklyn qu’il n’a pas oublié, Shyne délivre un rap hybride qui pour le coup ne tient vraiment que de lui dans un style des plus particuliers !

En 2012, il se réconcilie enfin avec P. Diddy après toute cette histoire e poursuit sa nouvelle orientation philosophique et musicale. Au final, Shyne illustre l’exemple même d’un parcours des plus atypique, montrant cependant que quelque soit le moment, on peut toujours rebondir ! Un portrait des plus singuliers pour un destin que nul n’aurait pu ne serait-ce même qu’imaginer !

 

Rabeat
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