CLASSIQUE RAP US
Afin de sublimer ce long week-end de 3 jours, le Retour vers le classique vient vous accompagner si vous êtes en manque de musique. Pas besoin de connaître les derniers sons sur les ondes, comme d’habitude je viens vous parler des classiques qui ont marqué leur époque que ce soit il y a 10 ou 20 ans. Le Retour vers le classique est l’occasion de parfaire votre culture musicale, les plus jeunes découvrant les sons dont les plus grands sont repus, mais qui les réécoutent encore accompagnés de cette douce nostalgie. Et aujourd’hui, nous allons parler d’un article quelque peu en retrait, moins connu diront nous que tous les autres que nous avons eu l’occasion de croiser au préalable ici. On conserve tout de même l’enrobage habituel: artiste américain, californien de surcroit donc quoi de mieux pour incarner le rap West Coast ? Non on ne parle pas de Dr. Dre cette fois-ci mais de Spice 1.
Bien qu’aujourd’hui son nom soit peut-être moins resté comme une vraie référence (à tort) comparé à un Snoop Dogg par exemple, on peut difficilement parler de la décennie de 1990 du rap américain sans mentionner Spice 1. The Source le place d’ailleurs à la 56ème place du Top 115 Hip-Hop Artists de 1988 à 2003. A l’image de ses collègues, Spice 1 est de ceux qui ont vécu la vie du ghetto et peuvent légitimement en parler. Et il le fait, et il le fait bien. Classique même du rap, classique dans son approche, dans sa forme et dans le son. Dès 1992, avec son tout premier album solo éponyme “Spice 1”, le rappeur met en évidence son talent. Se classant de façon plus qu’honorable dans les charts, l’album est surtout popularisé par son single “Welcome To The Ghetto”, son sur lequel nous nous focalisons aujourd’hui. Classé à la 39ème place du Hot R&B/Hip Hop Singles et à la 5ème du Hot Rap Singles. Un véritable classique, qui a su étendre son influence au delà du sieur, 2Pac lui-même ayant été influencé pour le titre “I Wonder If Heaven Got A Ghetto”, le titre découlant d’une ligne même du texte de Spice 1 (“I wonder if heaven got a ghetto”). Un texte qui nous plonge dans l’ambiance même du ghetto, si souvent dépeinte. Bien loin d’idolâtrer lieu et mode de vie, le MC préfère être direct et franc quant à ce vécu qu’il relate et dépeint. Une vie qui s’étire inlassablement (“Livin day by day in my hood on the spot”) et contient les sempiternelles même figures: flics (“5-0 find a young girl dead around the corner”) et crack (“See the same old things:same dope”) qui circulent. D’une manière générale, les crimes et la violence sont si courants et constamment présents qu’ils font parti du quotidien (“But now the street is a place you could be swallowed by death”). La mort rôde et vous touche, de près ou de loin, Spice 1 citant cette jeune fille assassinée sans que l’on sache pourquoi (“And nobody knew why the young girl had to die”) à son propre cousin (“My cousin died last year”). Une vérité franche et simple, simple à l’image du refrain qui ne fait que répéter cette invitation (“Welcome to the ghetto”) accompagné d’un sample de Marvin Gaye du son “Inner City Blues” (“Make me Wanna Holler, they way they do my life”) qui clôt également le premier couplet.
La drogue reste un thème central dans le morceau, le rappeur le rappellent bien dès l’entame du second verse (“From across the seas comes cocaine”) ainsi que les guerres de gangs qui sévissent toujours (“And have thoughts of my homies who died” ou encore “But yet I see mo dead young brothas”). Le troisième couplet s’élargit d’avantage pour opérer une sorte de conclusion, bien que Spice T semble toujours garder une sombre vision (“Ain’t no justice its just us”). Au pied du mur face à cette situation, l’artiste parle même de songer à en finir (“Suicide was a notion, sometimes I wanna run and dive in the ocean”) tout en gardant à l’esprit que là n’est pas la solution (“But killin’ myself ain’t the answer cause the problems of the world need a cure like cancer”). La pression et la menace des forces de police reste toujours présente mais, habituelle et mêlée à la violence, elle passe également (“Cop dead gone with the wind”). Spice 1 réussit à nous faire vivre l’enfer du hood, sa pression et l’absence de réussite pour s’en sortir. Son rap même reste enpreint de cette vision de violence continue, qui devient au final une évidence habituelle. Loin de la glorification du gangsta style de certains, ne se revendiquant pas non plus totalement dans la veine d’un rap conscient dénonciateur, Spice 1 nous livre simplement une claire vision d’un quotidien qui est le sien et celui de beaucoup d’autres. Welcome to the ghetto, welcome to the classic…