Retour vers le classique: “Rap Sauvage” de Tandem

Prêt pour reprendre votre playlist de la semaine ? C’est une excellente idée et comme d’habitude, vous pouvez compter sur le soutien toujours infaillible de Hip-Hop Corner pour vous aider à dénicher ou à vous remémorer tout du moins les gros sons de l’époque. Car oui, le Retour vers le classique tient à se positionner sur l’Age d’Or du Rap, afin de remettre à l’actualité les titres qui ont fait notre musique préférée. Artistes solo, groupes, français ou américains, il y en a pour tous les goûts et vous feriez mieux d’intituler votre liste “100% classique” ! Pour aujourd’hui, on reste en France, à la recherche des grands rappeurs de l’hexagone. Et on en a trouvé plus d’un ! La bonne nouvelle, c’est qu’ils ont le bon goût de se concentrer en une formation afin de livrer les fruits de leur talent. Avec Tandem, je vous propose de (re)découvrir le titre pour le moins explicite “Rap Sauvage”.

Un Tandem maître du classique français

Le nom de Tandem ne vous est assurément pas inconnu, et probablement même très familier pour certains d’entre vous. Pour les autres, il est l’heure de faire un petit point biographique histoire de situer tout cela. Tandem, c’est ni plus ni moins trois MC’s français: Mac Tyer, Mac Kregor et Mac Thyff. Le groupe voit le jour en 1999 à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis (93). A l’origine, on y trouve Mac Tyer et Mac Kregor ainsi que Dontcha et la formation est connue sous le nom de Perestroïka. L’aventure est de courte durée et peu prolifique. Dontcha part d’ailleurs en solo tandis que les deux mac restent ensemble et forment véritablement Tandem. Quelques apparitions sur différentes compilation les fait connaitre, jusqu’à la véritable révélation avec l’album “Ceux Qui Le Savent M’Ecoutent” en 2001. En 2005, ils réitèrent avec “C’Est toujours Pour Ceux Qui Savent”. Par la suite, les artistes s’éloignent quelque peu musicalement parlant, Mac Tyer se concentrant d’ailleurs sur sa carrière solo. C’est d’ailleurs en 2010 que Mac Kregor annonce la fin du groupe, précisant toutefois qu’il n’est nullement question d’un quelconque beef entre ses membres. On retiendra de toutes façons bon nombres de sons classiques de toute la période (première décennie 2000) du groupe. Et parmi eux “Rap Sauvage”.

image cover album Tandematique Modèle Vol 1
pochette de l’album Tandematique Modèle Vol 1

Nos rappeurs de Tandem ont toujours su se démarquer de par leurs textes crus, francs et direct, ainsi qu’une imagerie globalement bien sombre. “Rap Sauvage” en est un excellent exemple d’ailleurs, au sens ou il ne déroge pas à la règle. Une sincérité qui se retrouve dès les premières lignes, Mac Tyer avouant “Pour ma poire j’en ai fait des choses illégales”. Il n’hésitent d’ailleurs pas à parler de ses sentiments (“J’aime une femme d’un amour cancéreux, elle et moi on se tue à s’aimer”), brossant là encore un portrait peu enviable. Un vécu sombre, faisant références aux forces de l’ordre et leurs pressions (“Éparpillé un peu partout, la police nous importune”), toujours véridique (“Je rappe ghetto, ouais je rappe ma vie”). Le refrain en revanche sonne comme une véritable révolte (“On fout la merde, qu’on soit clair on veut la gloire, les grosses thunes”), sans concessions et sans crainte aucune. Une espoir qu’on retrouve d’ailleurs dans le couplet suivant (“Tandem c’est le cri de l’espoir pour ceux qui souffrent”). Mac Kregor profite également pour faire une synthèse des textes durs, arguant que la vie de la rue ne doit pas être utilisée pour impressionner les jeunes (“Mais ça te donne pas le droit d’exciter mon petit frère avec tes textes à balles-2”). Continuant lui aussi à s’enfoncer dans les images sombres (“Les nerfs à vif, j’aborde mon avenir entre pertes et tracas”), allant même jusqu’à évoquer la mort (“Enfin, c’est ce que tu penseras allongé sur ton lit de mort”), le rappeur laisse passer le message d’aide sous-entendu dans le texte (“Avoue que t’as besoin d’aide jeune sauvageon”). Au delà de l’apparente révolte, sans pour autant donner une leçon de vie, Tandem se positionne comme une main tendue, un soutient à ceux qui se reconnaitront dans ce texte.

Un rap sauvage dans les mots, et pourtant l’agression n’est pas le sentiment premier qui se dégage du texte. A l’inverse, on ressent plutôt une amertume de la vie pour toutes les épreuves que les jeunes MC’s ont traversé (“C’est vrai, j’ai pas vu grand chose du haut de mes 23 balais/J’suppose qu’tu n’ignores pas qu’il n’y a pas d’âge pour raquer son pain”). Avec la hargne qu’il faut, Tandem sait assurément comment faire passer son message et parler à ceux qui en ont besoin. Et c’est bien là le meilleur que l’on peut attendre d’un texte, résolument hip-hop. Avec sa boucle lancinante, les problèmes énoncés qui se répètent, les rappeurs arrivent à nous emporter dans ce mal-être, mais Tandem reste encore et toujours la voix de l’espoir. Rap classique…

Rabeat
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