Retour vers le classique: “Les Bidons Veulent Le Guidon” de Time Bomb

CLASSIQUE RAP FRANCAIS

Et on termine la semaine avec un Retour vers le classique sous nos couleurs ! Cette fois il n’y aura pas besoin de traduction ni de s’inspirer d’un quelconques esprit des côtes américaines est ou ouest puisque nous restons en France. Nous avons en effet suffisamment d’artistes et de classiques pour ne pas les passer sous silence ! Si l’on qualifie les années 90 “d’Age d’Or du Rap Français” ce n’est pas pour rien et un rapide suivi des sons ayant marqué la période permet de se faire un bon avis de leur qualité. Et si aujourd’hui, 20 ans plus tard, on parle encore de ces chansons, ce n’est pas pour rien ! Aussi aujourd’hui nous revenons sur un collectif plus qu’important dans l’histoire du rap français, j’ai nommé Time Bomb ! Et les plus nostalgiques d’entre vous seront heureux de réécouter “Les Bidons Veulent du Guidon”.

Pour la petite histoire, que les plus jeunes d’entre vous ne connaissent pas forcément, Time Bomb est un collectif et label indépendant français fondé en 1996 par DJ Sek, DJ Mars et Ricky. La toute première compilation née de cette formation (“Time Bomb Vol. 1”) permet l’émergence de plusieurs artistes, notamment Booba et Ali composant le mythique Lunatic ou encore Oxmo Puccino, Pit Baccardi ou bien les X-Men. Une percée majeure dans le rap français, qui donnait naissance à un nouveau rap, cru, franc et direct tout en maintenant une réelle qualité dans l’écriture. Si finalement le collectif sera dissous en 1999 suite au succès grandissant de ses nombreux artistes, on retient tout de même quelques sons classiques, majoritairement dû à l’alliance combinée de la qualité des divers MC’s.

“Les Bidons Veulent du Guidon” répond parfaitement à la définition donnée en aval de cet article, regroupant Pit Baccardi (que l’on a notamment pu voir dans un précédent Retour vers le classique avec le son “Si Loin De Toi”), les X-Men (voyez “Retour Aux Pyramides”), Oxmo Puccino (souvenez-vous du classique “L’Enfant Seul” ou bien “La Loi du Point Final” feat. Lino) et Lunatic (dont nous avons vu “La Lettre” et “Le Crime Paie”). De quoi offre un son maitrisé par des artistes de qualité. Un son qui reste encore ancré dans les années 90 dans son name dropping (“Mieux que la gym tonic, ma gym te nique puis comme liptonic”), faisant référence à des éléments clés de l’époque (“Comme Steve Austin,Zulu comme Shaka, unique”). D’ailleurs le couplet de Ill est particulièrement riche en référence, s’achevant en quelques punchlines pour marquer l’aspect egotrip de l’ensemble (“Même dans le désert X-men trouve l’arbre auquel tu seras pendu”). S’ensuit le couplet d’Oxmo Puccino qui fait parler sa technique en jouant sur l’harmonie musicale de ses phases (“Quand j’arrive bing, avec un flow trop swing sur le ring”). Un court passage au sein duquel le MC rappelle sa position dans le game (“…de Paris j’suis le king”) et qu’il n’est plus un rookie. Hi-Fi quant à lui place un petit tacle envers ceux qui prétendent avoir les valeurs hip-hop (“Depuis, trop d’faux en Karl Kani”), une idée qui s’avère être en réalité le thème général du son comme en témoigne le titre au refrain: “Les Bidons Veulent le Guidon“, signifiant ainsi que ceux se prétendant hip-hop sans en avoir réellement l’esprit veulent pourtant tout prendre en main ! L’enchaînement des couplets permet de s’imprégner de l’univers des rappeurs, à l’image du verse d’Ali qui s’avère bien plus hardcore que les précédents (“Glissé une lame dans ses intestins”) lui-même le faisant remarquer (“Tu me diras pourquoi autant de haine cousin ?”). Cassidy et Pit Baccardy participent également à cette démonstration au mic, avec les traditionnels flics, meufs et bicrave qui sont les thèmes phares du game, qu’on se le dise ! Jusqu’à Booba qui vient compléter Lunatic et achever le son en dernier couplet, car comme il le dit si bien: “Négro toujours au micro même si tu m’kiffes pas”.

Au final, c’est toute une démonstration de Time Bomb auquel on a droit. L’occasion de voir les MC’s enchaîner leur couplet en maîtrisant l’egotrip, et de prouver qu’il y a 20 ans, ils étaient déjà très chauds. Les vrais rappeurs veulent le classique… 

Rabeat
Rabeat

Dans la même rubrique

Recommandé pour toi