L’album UMLA d’Alpha Wann a (enfin) été certifié disque d’or ce samedi 20 juin. Presque deux ans après sa sortie, retour sur un disque qui a marqué son époque.
Si les albums certifiés disque d’or de ces dernières années sont très formatés, Alpha Wann a cassé les codes avec UMLA. Aucune trace d’autotune ou de featurings avec des noms ronflants sur le disque. Pas même pas avec son ami Nekfeu, avec qui il a pourtant collaboré à de nombreuses reprises.
La présence d’une tête d’affiche comme le Nek aurait pu par ailleurs donner encore plus de visibilité à l’album. En terme de promotion aussi, il en est ressorti que le strict minimum. Yard étant le seul média à avoir pu avoir une interview promotionnelle du MC.
UMLA (pour Une Main Lave l’Autre) bénéficiait cependant d’une certaine attente, l’ancien membre de 1995 avait déjà montré son niveau avec quatre EP solo, tous adoubés par la critique. Et ce fut le cas une nouvelle fois pour l’album. Certains le qualifiant même de classique du rap français. Un “classique” qui s’est pourtant vendu qu’a seulement 6 222 exemplaires en première semaine, loin derrière RK et Hornet la Frappe qui ont sorti leur album le même jour.
Une recherche d’authenticité
“Merde, encore un son qui passera pas sur Sky”. Cette phrase dans “Cascade” résume à elle seule la mentalité d’Alpha Wann dans sa discographie. Car si dans beaucoup de morceaux Philly Phaal parle de s’enrichir, il ne le fait pas à n’importe quel prix. Hors de question pour lui par exemple d’édulcorer sa musique pour plaire au plus grand monde.
L’enrichissement personnel n’est pas sa priorité non plus, lui préférant de loin être le meilleur rappeur. Cette distinction lui est quelques fois attribuée, notamment par son ami Nekfeu. “Pourquoi les artistes deviennent nuls quand ils deviennent riches“. Cette punchline tirée de “Flemme olympique” montre son aversion de l’argent et du succès.
Placements efficaces et rimes multisyllabiques sont omniprésents dans UMLA. Mais si la technique est brillante, le sens est aussi au rendez-vous, avec des punchlines efficaces comme dans “Contrex” : “On mène une vie trop folle, à part le diable, y’a pas d’ennemis trop forts“. D’un point de vue instrumental, l’album reste simple à ce niveau. Pourtant de gros noms du beatmaking sont au rendez-vous comme Hologram’Lo et Seezy. Ces derniers s’occupent respectivement de 1995 et Vald.
Un disque d’or sur du long terme
Les amoureux du rap des années 90 ont adoré l’album, le rappeur du 14ème arrondissement assume d’ailleurs l’héritage de cette époque. Mais dans l’ensemble l’album fera l’unanimité et mobilisera une communauté de fans assez active. Celle-ci poussera l’album sur les plateformes de streaming sur le long terme. Sorti le 21 septembre 2018, l’album sera certifié disque d’or 21 mois plus tard. Preuve que le public a su apprécier le projet sur le long terme. Dans une époque où les projets tombent bien souvent dans l’oubli, la faute à un rythme effréné de sortie, le fait qu’UMLA ait marqué les esprits est une autre preuve de sa qualité indéniable.
Celui qui a essuyé deux défaites au Rap Contenders en 2011 a bien grandi. UMLA est un projet qui a marqué le rap français des années 2010. Plaçant encore plus haut Alpha Wann dans les classements des rappeurs français les plus talentueux. The Don, pour être apprécié, nécessite cependant pour l’auditeur, de connaître et d’aimer les codes du rap. Car contrairement à Nekfeu, qui a des morceaux comme “On verra” pour attirer un public large, Alpha tient à sa ligne de conduite. Et cela même si cela implique de n’être que disque d’or alors qu’on mérite le platine.
Qualité ou Défaut ? Question de point de vue… UMLA n’en demeure pas moins un projet à qui l’on peut clairement et fièrement attribuer l’étiquette de classique du rap français. A écouter et réécouter sans modération.