Alors qu’il s’apprête à sortir un EP cet été, le rappeur marocain Anys a bien voulu nous en dire plus sur l’industrie musicale de son pays.
Sa dernière chanson court encore dans les rues du royaume. Les Marocains la fredonne presque de manière naturelle. Sans connaître le ou les noms des auteurs. Car derrière l’excellent “Si tu savais” se cache deux rappeurs très prometteurs : Anys et Stormy. Deux artistes qu’on apprécie au sein de la rédaction pour l’aspect mélodieux de leur rap, mais aussi pour l’originalité de leur flow.
Dans un rap marocain où les artistes à suivre sont de plus en plus nombreux, Anys donne l’impression d’amener un nouveau style. En s’affranchissant de certains codes de la scène locale, ce jeune MC a rapidement tiré son épingle du jeu. Mais si aujourd’hui sa côte de popularité ne cesse de grandir, celui qui vit entre Paris et Casablanca a dû multiplier ses efforts.
Pour en savoir plus sur le prodige d’un rap marocain qui semble déterminé à briser les frontières, je suis parti à sa rencontre. Entretien avec un artiste prometteur.
Hip Hop Corner : quel regard portes-tu sur l’industrie du disque au Maroc ?
Anys : En ce qui concerne le rap, elle est inexistante à l’instant où je vous parle. Une industrie implique des grosses structures qui investissent, des structures juridiques qui te protègent, et des artistes qui atteignent un minimum de stabilité financière grâce à leur musique. Tous ces éléments cités sont quasi-inexistants.
HHC: Comment expliques-tu l’absence de maison de disque malgré l’énorme succès du rap marocain sur les plateformes ou sur Youtube ?
Anys : Les plateformes viennent d’arriver, et pour moi, les stats du rap marocain sur les plateformes sont encore faibles par rapport à grande qualité que peut avoir cette scène locale. Les maisons de disque ont peur du coup d’investir dans un genre si peu structuré et incompris par le grand public. Mais c’est en train d’évoluer, tout doucement mais sûrement, dans la bonne voie.
HHC: Tu l’as évoqué, toutes les plateformes de streaming sont maintenant officiellement au Maroc. Est-ce qu’en tant qu’artiste, tu ressens une différence ?
Anys : Bien sûr. Les chiffres du streaming se sont améliorés avec l’arrivée des plateformes au Maroc, et grâce aussi à certaines maisons de distribution en France qui n’hésitent pas à signer des artistes marocains. De nos jours, même le rappeur marocain comprend l’importance du streaming et le changement qu’il a fait dans l’industrie mondiale mondiale de la musique. Donc, l’artiste marocain met maintenant aussi en avant le streaming.
HHC : Dans ta musique, tu n’hésites pas à chanter. Comment as-tu pu imposer cette touche de chant dans une scène où elle semble avoir disparu ?
Anys : La touche du chant est un truc qui me vient naturellement, vu que je suis quelqu’un qui ne s’inspire pas que du monde hip-hop. Très souvent, c’est dans l’univers de la musique alternative, du rock et du rn’b où je trouve mon inspiration. Mes influences dans ces différents mondes m’ont permis de créer mon propre mélange urbain.
HHC : Si je ne me trompe pas, tu sors bientôt un projet. Peux-tu nous en dire plus ?
Anys : Oui, c’est un EP de 7 titres qui représente, à mes yeux, la vraie naissance d’Anys dans la scène marocaine. Il y aura des collaborations avec des grands noms du rap marocain comme Dizzy Dros, ElGrandeToto et Ouenza. Il raconte ma vision de la vie , mes mood parfois très problématiques. Un deuxième EP est aussi prévu avant la fin de l’été, si tout avance bien inchallah.