En 2004, alors que le rap français traversait une période charnière, Kool Shen, moitié du mythique groupe Suprême NTM, se lançait en solo avec Dernier Round. Cet album, à la fois audacieux et introspectif, marquait un tournant dans la carrière de l’artiste. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, l’impact de ce projet reste indélébile dans la mémoire collective du rap hexagonal.
Un premier projet solo : entre revanche et affirmation
Après la fin de l’aventure NTM, Kool Shen s’est concentré sur son label IV My People, avant de revenir sur le devant de la scène. Dernier Round était plus qu’un simple album : c’était une déclaration. Dès les premières notes de On a enfoncé des portes , Kool Shen affirmait son rôle de pionnier, rappelant que sans lui et NTM, le rap français n’aurait jamais brisé les barrières imposées par l’industrie musicale.
L’album est une démonstration de force, avec des morceaux percutants comme Qui suis-je ? et des collaborations mémorables telles que Two Shouts For My People avec Big Ali. Ce projet dévoilait un Kool Shen en pleine maîtrise de son art, bien qu’il reconnaisse lui-même ne pas y livrer ses meilleures punchlines.
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Une ambiance sombre, reflet d’une époque troublée
Le ton général de Dernier Round est marqué par un certain noirceur. Avec des productions new-yorkaises signées Madizm et Sec.Undo, des titres comme Y suffit d’un rien , Change de style ou Les médias traduisent une désillusion palpable. Kool Shen, alors proche de ses 40 ans, portait un regard américain sur la société, entre tensions sociales croissantes et un monde post-11 septembre en proie à la peur.
L’un des morceaux les plus poignants reste Un ange dans le ciel , un hommage déchirant à Lady V, son ancienne compagne décédée. Ce titre, largement diffusé, est devenu un emblème de l’album, touchant un public au-delà des cercles de rap habituels.
Un équilibre subtil entre introspection et légèreté
Malgré son aspect sombre, Dernier Round n’est pas dénué de moments plus légers. Le retour du babtou et Two Shouts For My People apportent une ambiance plus festive, bien qu’elles tranchent avec le reste de l’album. Ces morceaux, parfois jugés kitsch rétrospectivement, montrent une volonté de varier les atmosphères, quitte à nuire légèrement à la cohérence globale du projet.
Un succès commercial, mais un classique sous-estimé
Malgré des critiques mitigées, Dernier Round s’est imposé comme la meilleure vente de rap français en 2004. Le projet a donné lieu à une tournée mémorable, avec un concert au Zénith capté en DVD. Cependant, il demeure un “mal-aimé” dans le panthéon du rap des années 2000.
Des titres comme Quand j’prends le mic’, Les médias ou Dernier Round , en collaboration avec Oxmo Puccino, témoignent d’une profondeur artistique indéniable. Ce dernier morceau, en particulier, montre la complicité entre deux légendes du rap, offrant une finale grandiose à l’album.
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