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Drogue, argent, sexe: quelles sont les limites du rap ?

Qu’on le fustige ou qu’on le défende, le rap fait parler de lui, c’est un fait. Et ce, depuis sa plus tendre jeunesse, sa naissance et sa propagation auprès des oreilles du public. On en aura entendu des choses dessus: vulgaire, violent, immorale, voir dangereux pour les propos les plus extrême, nombreux sont ceux qui, hélas, ne supportent pas cette musique particulière. Il faut dire que depuis le départ, il s’agit de casser les codes préalablement établi pour s’approprier les siens propres. Semblant se complaire dans un délire bien particulier, les rappeurs se démarquent fort logiquement du reste. Tant que ça ? Comment donc ? Tout simplement en abordant des thèmes qui au final, ne se retrouvent guère chez d’autres artistes ou genre musicaux. S’appuyant de tout temps sur une liberté d’expression tant sur la forme que le fond, le rap s’abroge de toutes règles et n’hésite pas à aborder des thèmes jugés bien souvent tabous. Drogue, armes, argent, sexe… Y-a-t-il une limite que le rap n’a pas franchit ? Mais cette même musique a-t-elle vraiment un esprit si no limit qu’on lui prétend ? Entre sérieux et second dégré, fiction et réalité, découvrons cette musique qui fait tant parler d’elle.

Raper son vécu pour être honnête

“La censure, c’est la mort de l’art”

. C’est avec cette brillante formulation que Damso répond à ses détracteurs qui lui reproche des textes bien trop vulgaires. Pour rapper bien, il faut rapper vrai. Un adage que tout bon MC reprendra pour lui-même, assurant que c’est dans cette véracité du propos que se trouve l’essence même de cette musique. Mais d’où vient cette violence ? Est-elle réellement clichée, nourri par les médias sans fondements aucuns ? Soyons francs entre nous autres amateurs, pas tout à fait…

Le fait est que la grande majorité des rappeurs, osons-même s’aventurer jusqu’à la totalité pour les débuts, sont des figures pas franchement joviales, plus adeptes de l’école buissonnière que de la collection de diplômes. Qu’ils soient des figures du grand banditisme ou des dealers locaux, on dénote bien souvent un obscur passé chez les MC’s avant leur entrée dans le business. 50 Cent, par exemple, n’a jamais caché avoir dealé déjà très jeune jusqu’à trouver enfin sa porte de sortie avec le rap. D’ailleurs, son propre pseudonyme est issu d’un célèbre truand new-yorkais. Et souvenons-nous du label de Eazy-E, Ruthless Records, qui a tout de même été bati sur de l’argent sale, issu du trafic de ce dernier. Les exemples sont nombreux, conséquents, tous semblent avoir plus ou moins mouillés dans une histoire… Et cela conduit même parfois à une certaine fierté ! La fameuse street crédibilité, recherché par tous, sorte d’artefact immunitaire assurant d’un véritable vécu et redorant paradoxalement l’image. Pour ceux qui s’en seraient mieux sorti (car au final, une peine d’emprisonnement est tout de même toujours bonne à éviter), on peut bien souvent leur affilier un entourage peu fréquentable.  Los Angeles, la Californie, berceau du rap depuis les années 90, est le lieu parfait pour illustrer tout ceci. La guerre des gangs, l’opposition entre Bloods et Crips, nous fait comptabiliser parmi ses membres bon nombres d’artistes. De Above The Law à Kurupt en passant par MC Ren, Scarface ou Coolio, ils ont tous porté ou été en compagnie de membres en bleus. Snoop et Nate Dogg notamment n’ont jamais caché leur promiscuité avec cet entourage. A l’inverse, Lil Wayne, Birdman ou encore The Game ont (eu) des liens avérés avec les Bloods. Toutefois, si l’hostilité entre les deux camps est de mise dans la rue, ce facteur tant à se fragiliser voir disparaître complètement quand on passe dans les affaires. Suge Knight a de tout temps pu se montrer écarlate, mais quand il s’agit de négocier une signature azur sur son label Death Row Records, cela ne pose aucun problème. Business is business…

image Bloods et Crips gangs
représentation des gangs des Bloods et Crips

Ainsi, si l’on poursuit notre théorie de l’honnêteté dans le rap, tout rappeur se doit de parler de son vécu, de ce qu’il voit et ce qu’il fait. Quoi de plus normal donc que la plupart des textes de ses messieurs coïncident avec un scénario de Scorsese ? C’est ainsi qu’est né l’un des plus importants courants du hip-hop: le gangsta rap. Une vie de truand, les actes qui vont avec, le tout mis en musique et suffisamment bien retranscrits pour donner une image un minimum menaçante. Mais c’est aussi comme cela que la boucle se retrouve: quand il s’agit de business, on peut oublier certaines règles. Si je faisais allusion à la violence au cinéma, elle vend également dans la musique. C’est alors à celui qui aura le plus fait, ou en tout cas où ceux qui ont fait le moins prétendent le plus. Evidemment, quand le tout est trop exagéré, cela peut finir par quelque peu déteindre sur l’image. A ce titre, on pourra citer Rick Ross, qui prétend toujours avoir le bras long dans le traffic de drogue, mais qui surtout a officié en tant que maton en prison !

Sans véritablement tenir compte de l’exactitude des faits, il s’agit surtout au final de construire un personnage crédible. Peu importe si dans le fond rien de tout ça n’est vrai, tant que tous les ingrédients sont réunis. Et cela passe par les références: combien de MC’s ont vanté le parcours d’un Tony Montana ? Combien comparent leur quotidien à celui de Darin, Ricky et Tre ? Combien se réclament du comportement de Caine et O-Dog ? il serait toutefois injuste d’incriminer les rappeurs de jouer ce jeu, car au final il n’en serait rien de leur succès si le public ne s’y prêtait pas. Pour analyser véritablement la chose, il faudrait porter le regard plus loin et véritablement songer à pourquoi la mafia, le grand banditisme ont un tel attrait ? Tel le cinéma, le rap s’y met aussi et joue des mêmes codes. Etrangement, ce qui ne choque pas outre mesure au septième art se trouve d’avantage décrié dans la musique… Toutefois, le cinéma garde à l’esprit de ne jamais prétendre sortir de sa position et garde à l’esprit qu’il n’est que fiction. L’inverse n’est pas nécessairement réciproque dans la musique. Si nous parlions d’un Rick Ross dont la carrière n’est pas entachée par le fait d’avoir autrefois été du côté de la justice justement, d’autres se grillent bien misérablement en tentant à tout prit de coller à l’image qu’ils tentent de renvoyer. On pourra ainsi citer Tyga voulant à tout prix nous assurer que la vie du hood lui est familière alors qu’il est avéré qu’il a d’avantage connu une paisible zone pavillonnaire en guise d’écrin. Plus récemment encore, on se souviendra de cette vidéo de Soulja Boy voulant absolument nous convaincre qu’il connaît du beau monde dans les quartiers chauds de L.A, une idée visiblement pas si bonne que ça et qui aurait pu finalement lui coûter cher. Plus que ces quelques fails somme toute minimes, on relèvera surtout un problème charnière pour notre problématique: les limites du rap dépende en réalité du personnage. En faire plus, toujours plus, afin d’impressionner ? Mais à quel prix ? Et dans quelle mesure… ?

Bitch better have my money

La réputation de truand, c’est bien et ça marche. Mais on ne va pas bien loin dans ce bas monde sans un élément capital: l’argent. Et si il y a bien un élément qui a toujours fait parti du hip-hop, c’est le dollar ! Déjà dans les blocks parties originelles, vanter sa fortune par rapport à l’autre était d’usage. Paradoxal me direz-vous alors que le rap est essentiellement issu d’un milieu très pauvre. On ne peut qu’espérer en abondance ce dont on est privé. Aussi, le business de la musique et, plus largement le showbiz, pouvant se révéler bien lucratif; les rappeurs n’ont de cesse d’étaler d’avantage leurs billets. Le classement Forbes de cette année viendra allègrement confirmer tout cela, mais pour les plus jeunes MC’s, on en restera surtout à un étalement exagéré de biens matériels.

image Lil Wayne montre argent
Le rappeur Lil Wayne a fait sauter le coffre

Cela passe aussi par les clips, l’image est savamment entretenu. Entre grandes villas et supercars luxueuses. D’un certain côté, on peut y voir un paradoxe étonnant. Il est quasiment impératif de prouver sa valeur en venant d’un quartier pauvre et difficile (Compton, South Central, Harlem…), pourtant il s’agit de plus en plus d’étaler une image de richesse et de réussite, bien loin justement du ghetto. Cela reste un but avéré pour certains: le concept même du premier album de 50 Cent est résumé avec le titre “Get Rich Or Die Tryin” que l’on peut grossièrement traduire par “essaye de réussir ou meurs” (du moins pour en capter le sens). En France, en 2009, Joke nous livrait son tout premier projet intitulé “Prêt Pour l’Argent”. On ne peut être plus claire sur les intentions. Evidemment, pour un artiste venu d’un des quartiers les plus pauvres de sa ville, accéder aux hautes sphères de la société reste assurément un rêve incroyable, et on peut bien comprendre que l’envie de l’étaler au grand jour le démange. Et d’ailleurs, pour ceux qui ont effectivement attend ce statut, se rejoint l’idée de raper son vécu. En interview, à ceux qui lui reproche d’avoir par trop changer son style, Booba répond qu’il parle dorénavant plus de Lambo que de prendre le métro, collant bien d’avantage à son statut:

“nouveau riche ma lamborghini a prit quelques dos d’ane”

Tels sont les nouveaux termes. Et puis, je parlais aussi de ce qui faisait vendre, de ce qui plaisait au public, et la réussite est évidemment un facteur essentiel. Du côté de nos confrères de la bannière étoilée, on pourrait même pousser d’avantage la sociologie, le rêve américain restant toujours ancré dans les esprits. Néanmoins, s’il s’agit effectivement d’un thème crucial régulièrement abordé (et devenu fer de lance du mouvement trap), tous ne succombent pas forcément à nous parler de leurs compte en banque. Certains restent effectivement assez discret sur le sujet, n’y faisant jamais référence ou de façon très discrète (“Got a fat knot from that rap profit” nous disait Eminem dans “Rap God”). Ils sont peu nombreux, c’est vrai, à faire le choix de ne pas raper comme les autres, ne pas parler de crime et au contraire nous donner parfois de vraies leçons de vie. Si certes le rap puise la majorité de sa source dans la thug life, il ne force pas pour autant à rester dans cet optique.

Prenons d’ailleurs à ce titre l’exemple de Kendrick Lamar. 30 ans aujourd’hui, le rappeur est issu de la nouvelle génération actuelle. Né à Compton comme tant d’autres de ses comparses tenant le mic, on aurait pu de façon certes préjugée établir un profil type pour ce gamin des quartiers pauvres, qui lui aussi nous parlera sûrement de crimes. Et pourtant… Absolument rien de tout ça, et si je parlais d’argent et de réussite comme concept d’album, celui de son premier est justement d’établir ce profil à part du reste: “Good Kid M.A.A.D City”). Un bon garçon dans une mauvaise ville dirait-on, pour celui qui a grandi au milieu des voyous sans pour autant en devenir un lui-même. Au contraire, prêchant pour les siens, King Kendrick préfère apporter la bonne parole dans un rap de paix. Le succès serait-il donc moindre si l’on n’apporte pas le personnage du grand méchant qui fait peur ? Pas nécessairement. Avec son rap sincère, sa simplicité et une véritable honnêteté (couplé cela va de soi à de véritables qualités de MC), K-Dot trouve rapidement un public et gonfle sa notoriété sans jamais dévier du parcours qu’il semble s’être tracé. Et si lui aussi à les moyens de (très) bien gagner sa vie, c’est sans aucune vantardise qu’il nous l’apprendra. Une autre façon de dire les choses car après tout, il s’agit de raper son vécu sans le transformer.

Crime au premier, musique au second degré

Un personnage de gangster, beaucoup d’argent gagné… Comment ? De l’argent sale bien sûr, avec son lot de traffic d’armes et de drogue que cela implique. L’image est toujours autant entretenue, toujours poussée plus loin. A nouveau, c’est bien souvent les mêmes figures qui sont idolâtrées. A l’image de Pablo Escobar, encore plus remis au goût du jour ces derniers temps avec la série Narcos. Une forte inspiration pour les rappeurs (Lacrim a tout de même baptisé son label Plata o Plomo). Si El Capo lui-même soutenait que ceux qui ont de l’argent ne le montre pas, c’est là une maxime qui ne sied guère aux rappeurs. Pas besoin de chercher à les inculper d’un quelconque crime, ils viendront s’en revendiquer d’eux-même ! Un peu gros non ? C’est pour cela que l’on aborde un incontournable du rap, clé de voute de la problématique autour de ses limites. Le rap est, et ce de plus en plus, majoritairement teinté de second degré ! Pas mal de phases, de morceaux, d’affirmations sont à prendre avec des pincettes, voir à ne même pas considérées comme viables. Pas tous cependant. Il faut rendre à César ce qui lui appartient, et certains artistes que nous connaissons non pas tant menti que ça sur leurs activités en marge de la légalité. Quand The Notorious B.I.G nous parle de deal de drogue, ce n’est pas vraiment un mensonge puisqu’il a su s’y adonner avant de véritablement percer dans le rap. Dès lors, forcément, inutile de continuer, sauf si l’on prend en compte le fait que le personnage du bad boy séduit le public, et pas seulement les filles croisées en soirée ! Mais pourquoi un tel attrait ?

Parler de ce que l’on voit, de ce que l’on vit, c’es bon pour soit et pour ceux qui nous entoure. Le reste, indifférent ou ignorant de tout ceci, ne se sentira évidemment pas concerné. A l’inverse, si l’artiste lui-même grossit les traits et ne conte finalement pas une réalité exacte, la fiction est suffisament forte pour intéresser tout un chacun, même si la cocaïne ne fut aperçu que dans les films pour la plupart. Alors tant que ça marche… C’est aussi au public de se prêter au jeu de toutes façons. Bien sûr que les penthouses aperçus dans les clips ne sont pas toujours les réelles appartements des artistes, bien sur que les bolides aperçus sont loués. Les armes sont fausses et… Et puis, après tout, tant que c’est bien joué ! A ce titre, on peut distinguer une différence d’avantage marquée entre rap français et rap US, au sens ou ce second degré dont je fais allusion fut bien plus tôt marqué chez nous. Les rappeurs en prennent conscience car eux-même l’ont découvert en tant que public des homologues US. On garde toutefois l’image d’un sérieux aussi sombre que les pochettes d’album, et tout cela sera entretenu dans une approximation toute relative. Dans un egotrip, on se dira meilleur que le ou les autres, mais qui précisément ? L’ensemble du game, une partie seulement ? Peu importe, seule l’idée de la punchline compte, moins son destinataire. On en vient donc à un clivage important dans cette musique, le point d’orgue d’autrefois se retrouvant bien malmené alors: la sacro sainte authenticité, la vérité des mots… Que deviennent-elles ? Cela ne semble plus vraiment le but recherché par beaucoup de rappeurs, ayant versé dans l’entertainement. Véritablement un mal… ? L’opposition est difficile car tout ici est une histoire de point de vue. Certes, aucun véritable vécu n’est relaté ici, mais est-ce bien ce que veux le public ? Plus vraiment… Une grande partie (et mêmes certains rappeurs tels Joke ou Deen Burbigo) arguent que des problèmes ont en a tous, et qu’on ne vient pas écouter de la musique pour subir des jérémiades. Une conclusion assez rude tout de même, mais qui traduit bien la volonté du public de réclamer encore cette fiction, ce faux clinquant qui plait beaucoup au final.

C’est ainsi que certains l’ont bien compris et s’en donnent à coeur joie, à l’image d’un Alkpote ou un Seth Gueko, qui rivalisent dans la violence des propos. Et puis il est facile de jouer avec le public, qui au final se prend à son propre piège en voulant y croire tout en tentant de se rationaliser. Certains en joue donc très bien, tel VALD, qui balance sans cesse entre troll parfait ou idiot véritable selon les avis. Maitriser et jouer du second degré, là est la véritable clé pour centrer l’intérêt sur soi-même. Damso n’a-t-il pas réussi à s’accaparer l’attention de tout le monde avec le morceau “Amnésie”, alors que chacun s’étonnait d’une telle honnêteté dans un son, tout en s’interrogeant sur la part de faux… ? Cuisiner, entretenir ce fragile équilibre entre les deux, là semble être tout l’intérêt.

https://www.youtube.com/watch?v=TtpqCMG63fI

La fiction est-elle le bouclier à l’absence de limites ?

Si le public a bien eu tôt fait de se faire à l’idée qu’il fallait prendre conscience d’une grande part de faux dans tout ça, certains restent encore difficile à convaincre. Entre une non compréhension de ses codes qui font briller les yeux des plus jeunes, voir un choc véritable, le rap n’en a pas fini avec ses polémiques. Le problème est que de par sa jeunesse, le rap est un art qui n’a pas encore pu atteindre le statut d’intouchable dont jouissent d’autres. D’où certains débats sur des propos de chansons. Et puis, certains thèmes encore tabous pour beaucoup sont librement abordés dans les textes. Le sexe n’y échappe pas, avec parfois plus d’une rime qui ne s’embarrasse d’aucune forme de censure. On peut librement faire référence à des actrices porno ou sous entendre certaines pratiques sans que cela ne déroge, et de toutes façons (et là ce n’est aucunement lié au rap en particulier), le no limit attire toujours et le public en redemande. A tel point qu’on en arrive à un stade ou, conscient qu’au final le public s’en amuse plus qu’autre chose, les rappeurs rentre eux-même dans le jeu en se livre à une parodie d’eux-même.

Récemment, le clip “Tchoin” de Kaaris issu de son album “Okou Gnakouri” fut taxé de misogyne. Au vu des paroles et du visuel, on ne pouvait évidemment que se douter d’une telle réaction. Le titre en lui-même est une forme d’insulte ! Pourtant, si l’on veut bien prendre le temps et la peine de porter le même regard critique sur la musique que sur les autres médias, alors on s’apercevra bien vite que Kaaris semble plus s’amuser qu’autre chose, et que les “Tu t’assoies sur mes cuisses, t’es sur pilotis” participent surtout à grossir tout ceci, autant que le nombre de boules qu’on voit tout au long des quelques 03 minutes de clips. Une forme de délire, d’humour que certains trouveront bien spécial mais qui est véritablement dénué de la violence qu’on veut bien leur prêter.

Pour aller plus loin, actuellement en 2017, le rap a définitivement acquis sont image de fiction, à tel point que l’on peut se retrouver avec de véritables figures comiques, qui ne sont là que pour la blague et reprennent tout les codes préalablement cités sans chercher une quelconque crédibilité. On pensera à Lorenzo notamment, qui réussit mine de rien à créer le buzz en grossissant à l’extrême les traits que l’on a développé plus en avant.

Parler de sexe et y grossir justement pour en faire un thème, il fallait tout de même oser !  Plus d’un rappeur se prête au jeu, sur quelques phases ou sur un texte complet et on peut être sûr d’y retrouver à un moment ou à un autre. Cela fait parti du personnage, d’un certain machisme diront certains: voitures, argent, belles filles…. Et puis, tant que c’est de la fiction, on peut s’en donner à coeur joie. Même si certains sont coiffés au poteau (Orelsan), aujourd’hui le rap a prit suffisamment d’importance et d’ampleur se permettre de s’exprimer bien plus librement qu’auparavant. De fait, tous les thèmes ne sont pas foncièrement amenés pour choquer, mais pour exprimer des idées véritables. La politique reste aussi profondément encrée dans le hip-hop de toutes les générations, de N.W.A et Tupac relevant les différences sociales de leur nation à Eminem s’adressant violemment à Bush dans “Mosh” jusqu’à Donald Trump qui semble la cible de tous aujourd’hui.

 

Le rap n’a donc aucune limite , il est à prendre comme un art, au même titre que les autres. A ce compte, il faut donc porter un regard différent et moins tranchant sur ce qu’il propose. Du reste, chercher les raisons véritables qui le pousse à se subdiviser à la criminalité dépasse les simples frontières de la musique. Cadre social, public, business, nombreux sont les facteurs qui rentrent en compte pour déterminer tout cela. De plus, il faut garder à l’esprit que de tout temps, le hip-hop évolue, le rap n’y faisant évidemment pas défaut. Aujourd’hui, le rap conscient est peut-être moins à la mode, et raper un vécu véritable n’est probablement plus aussi incontournable qu’auparavant. Mais les limites du rap sont proportionnelles à celle de l’art. A partir de quoi, le champ est bien vaste…