Flynt Tourner la page retour classique

“Tourner la page” de Flynt : un classique à l’éprouvante épreuve du temps

Retour sur le titre “Tourner la page” de Flynt, rappeur du 18ème arrondissement ayant fait ses classes avec les autres figures de proue du milieu parigo.

Au détour d’une écoute de mes outro préférés, je suis retombé sur ce morceau rendu classique par le temps. Dans “Tourner la page”, Flynt revient sur des étapes marquantes de sa vie, et essaie de passer à autre chose. Certes, si lui a réussi à aller de l’avant, le public a du mal à oublier ce son d’anthologie. Flashback.

18ème merveille du monde

Flynt est pour beaucoup le rappeur préféré de ton rappeur préféré : “celui qu’il faut connaître si tu prétends t’y connaître”. Le natif de la capitale a totalement la gueule de l’emploi de son 18ème : des textes réfléchis et authentiques, des thèmes froids, et des beats organiques. Il n’hésite d’ailleurs pas, dans le morceau dont on va parler,  à faire un clin d’oeil aux piliers de son arrondissement :  “Un bonhomme, c’est dans la tête pas dans les bras comme dit Haroun”.

Le MC fait aussi partie de ceux qui mettent la lumière sur les rues mornes de Paname. Et cela sûrement depuis 2007 avec la sortie de l’album J’éclaire ma ville, où il reste fidèle à son contexte, fidèle à sa plume. Ce disque est pour grand nombre de rappeurs, une référence : Dinos, Lpee, Darryl Zeuja, tous ont été marqués… Malgré ça, il a toujours su garder la tête froide et les pieds sur terre : “Avant d’être Flynt je suis d’abord Julien j’insiste”.

“Tourner la page” de Flynt : une nostalgie mesurée

“Tourner la page”, le titre qui vient refermer l’album est une outro triste, introspective, et sans refrain. Ce sont les notes  d’une boîte à musique, à la fois douces et pesantes, qui dès le début du morceau, nous ramène tout de suite à nos souvenirs juvéniles. Puis la basse de Drixxxé tombe (beatmaker pour Lomepal, Soklak, Triptik…), et c’est à partir de ce moment que l’on plonge dans le passé de Flynt.

Le texte fleuve est construit en deux parties : la première dans laquelle on ressent un homme nostalgique : “j’imaginais autre chose, à l’époque de mes coupes à l’eau chaude”. La seconde partie marque un bref arrêt de la boîte à musique et nous transporte au cœur de la vie du rappeur : l’âge adulte, fait de regrets et de leçon que la vie lui a donné. Il y évoque notamment le fait de tourner la page comme le titre l’indique : “Il faut admettre ses défaites et apprendre à tourner la page” mais aussi en formulant diverses phases pour ne pas faire les mêmes erreurs que lui a commis : 

> “Savoir faire le deuil d’un amour impossible ou perdu

> “Tirer un trait sur l’insouciance et les bons moments vécus

> “Pour lui dire que tu l’aimes, n’attends pas de pleurer ton frère

Cette dernière citation rappelle également la rime de Furax Barbarossa dans “J’oublierais pas” :”J’ai pris conscience que ma mère vieillit et je lui ai jamais dit que je l’aimais”. Le lien est également fait avec Shurik’n et son ultime classique “Lettre” : “Il n’y a qu’une chose qu’il ne dira pas. Faudra que tu l’devines dans son regard. Entre homme on se comprend, on parle pas. Mon père n’était pas bavard non plus”.

Au final, Flynt clôture ce son, et l’album tout entier avec cette phase emplie de maturité : “C’qu’on vit d’plus dur nous rend plus fort alimente la réflexion”. C’est sur une de ces dernières lignes qu’il vient refermer le premier chapitre de sa carrière. Laissant alors l’auditeur se demander ce que nous réservera le rap de Flynt à l’avenir.

Cinq ans plus tard, il reviendra avec son second album Itinéraire bis. Après avoir trouvé sa vitesse de croisière de création, c’est en 2018 qu’il sortira son dernier projet Ca va bien s’passer. Un dernier album fidèle à son époque, où il a su trouver sa place : celle de la nouvelle ancienne génération.

Ecrit par Le Zin