Il y a 15 ans Nas proclamait le déclin du hip-hop dans son opus Hip-Hop Is Dead

Il y a 15 ans, Nas s’en prend à tout le rap game dans son titre emblématique de 2006, Hip Hop Is Dead, extrait de son album du même nom. 

L’album à 360 degrés

Nas a toujours donné l’impression d’être plus âgé que son âge, mais il y a des moments dans son huitième album où il a l’air d’être le personnage principal de la version hippie de Grumpy Old Men. Sur “Carry On Tradition”, il fustige les MCs qui manquent de respect à leurs aînés : “J’ai un examen, voyons si vous le réussissez / Voyons qui peut citer une ligne de Daddy Kane le plus rapidement”. Dans la chanson suivante, “Where Are They Now”, il se lamente sur le sort de nombreux MCs oubliés, de Special Ed aux Fu-Shnickens. 

Puis il présente le manifeste “Hip Hop Is Dead”, qui dénonce le hip-hop moderne comme l’ombre commercialisée de sa grandeur passée et attaque les MCs à la tête vide avec des couplets denses et colorés. tout au long du morceau, le rappeur légendaire réfléchit à l’authenticité des origines du hip-hop et dénonce la nouvelle commercialisation du genre: “Word to the wise with villain state of minds/Grindin’, hittin’ Brazilian dimes from behind”.

Le titre de la chanson, puis de l’album, a suscité une certaine controverse et l’indignation de MCs de la nouvelle génération comme Young Jeezy. Mais peu d’observateurs ont mentionné le morceau suivant, “Who Killed It ?“, un récit rimé dans le dialecte d’un détective des années 50 qui tente de résoudre le mystère de la mort du hip-hop. Dans ce récit, le hip-hop est une “jupe” qui existe depuis que “les esclaves disent des rimes” et tombe amoureux de DJ Kool Herc dans le Bronx au début des années 70. Nas ne résout jamais le crime, mais son point de vue est implicite : peu de MCs prennent des risques artistiques comme il le fait. Pourtant, il termine sur une note optimiste : alors que le hip-hop se meurt, avec un sac d’argent sur le dos, ses derniers mots sont “Si tu m’aimes vraiment, je reviendrai vivant”.

Tout le monde sonne pareil, commercialise le jeu

Se souvenir du temps où il n’y avait pas que du business

On a oublié où ça a commencé

Nous sommes donc tous réunis ici pour les chers disparus.”

Nas a expliqué comment il avait choisi ce nom dans une interview accordée à MTV News à l’époque

“Quand je dis “le hip-hop est mort”, en fait l’Amérique est morte. Il n’y a pas de voix politique. La musique est morte… Notre façon de penser est morte, notre commerce est mort. Tout dans cette société a été fait. C’est comme une fronde, où vous lancez le muthafucka en arrière et il commence à perdre de la vitesse et est sur le point de tomber. C’est là où nous en sommes en tant que pays… Ce que je veux dire par “le hip-hop est mort”, c’est que nous sommes dans un état vulnérable. Si nous ne changeons pas, nous allons disparaître comme Rome. Je pense que le hip-hop peut aider à reconstruire l’Amérique, une fois que les hip-hoppers s’approprieront le hip-hop… Nous sommes nos propres politiciens, notre propre gouvernement, nous avons quelque chose à dire.”