image cover iv my people certifié conforme

IV My People : Certifié Conforme, certifié classique ?

A la fin des années 90, le rap cartonne en France. Plus question de se cacher, le rap explose sur toutes les ondes, après les succès de NTM et leur dernier album, de IAM et l’incroyable carton de l’École du Micro d’Argent, ou encore, dans un registre différent (totalement), les parisiens bretons de Manau dont les scores affolent eux aussi les charts.

image tracklist iv my people

Ces albums remplis de tubes, et qui se sont écoulés parfois à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires (des millions même pour IAM) ont mis le hip hop sur le devant de la scène. Pas seulement le rap, mais bel et ben le hip hop, puisque que ce soit Joeystarr, Kool Shen ou Shurik’n, tous faisaient du graff, ou du break avant de prendre le mic.

Et c’est bien dans une démarche hip hop que Kool Shen a décidé de fonder IV My People, afin de promouvoir une nouvelle génération de MCs pour prendre la relève de ce qu’ils avaient construit en tant que pionniers. C’est ça le but : faire perdurer l’esprit, d’un rap dont ils sentent qu’il est en train de changer, rapportant subitement beaucoup de sous à ceux qui savent jouer le rôle que l’industrie musicale attend d’eux.

IV My People à l’assaut de l’industrie

Loin, très loin des standards radio de l’époque, IV My People nous balance d’abord un premier projet, puis une mixtape, et enfin ce deuxième projet, ”Certifié Conforme”, en 2000, celui qui nous intéresse.

Un projet court, avec seulement 10 titres dont une intro, mais que c’est dense ! On y retrouve l’équipe très talentueuse composée de sérum (Alcide H et Dany Boss, du 93), Nysay (Salif et Exs) mais aussi Zoxea et Lord Ko. ”La famille est réunie” comme ils l’annoncent dans l’intro.

Collés au pavé

Dès le premier titre, ”Y Paraît qu’le rap ça marche”, on sent que l’humeur n’est pas à la joie. Ça parle de la rue, bien loin du côté bling bling qui commence à être érigé en mode. L’authenticité, c’est ça qui est au centre du projet.

On le voit d’ailleurs bien avec le titre ”Y refusent qu’on s’en sorte” : un rap revendicatif, qui met en lumière les vrais problèmes rencontrés dans la rue sans en rajouter dans le trip gangster. En même temps, Kool Shen s’est toujours revendiqué comme étant le ”côté sombre du Nique Ta Mère”, il est normal que le label qu’il a fondé continue à véhiculer cette tendance.

Les prods de Madizm et Secundo, les deux producteurs historiques du label, mettent parfaitement en place l’ambiance mélancolique

L’Ovni Salif

C’est surtout l’occasion de découvrir, encore une fois, l’incroyable talent de Salif en solo. A ce moment, son album classique, ”Tous ensemble, chacun pour soi” n’est pas encore sorti, et chaque apparition du MC du 92 est alors une véritable claque en pleine face.

Le morceau ”C’est ça ma vie” ne déroge pas à la règle : attrait de l’illicite, pression policière, alcool, les maux sont déjà là, et Salif profite de ce titre pour décrire de manière très crue et très réelle la manière dont il tente de s’échapper de tout ça.

Bref, ce projet est classique parce qu’il est le dernier qui sent encore la rue à plein nez, avec des instrus qui grésillent, des thèmes qui parlent aux gens des quartiers, et des textes qui donnent toujours à réfléchir. Et finalement, c’est ce dont le rap avait besoin, à ce moment là : un album sorti par une structure fondée par un rappeur, qui travaille avec des connaisseurs, et qui met en avant les jeunes talents de demain : voilà pourquoi c’est un classique !