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[Chronique] Kery James revient avec l’album “J’rap encore” !

Kery James

, dit le Mélancolique, revient défendre ses titres de noblesse avec ce nouvel album intitulé “J’rap encore“.

Septième album solo du rappeur val-de-marnais, nous nourrissions beaucoup de curiosité vis à vis de ce projet car nous connaissons depuis des années la volonté de l’artiste de se renouveler à chaque album … Deux ans après “Muhammad Alix“, est-ce un objectif pleinement atteint pour l’ancien d’Ideal J ? Nos éléments de réponses ci-dessous.

Toujours réel

C’est un des personnages les plus respectés de la scène française, c’est un fait. Les raisons en sont multiples et propres à chacun mais beaucoup s’accordent à dire qu’il continue de forcer le respect en portant haut les couleurs d’un rap résolument politique et irrévérencieux. A travers les années et les différents projets qu’il porta au cours d’une carrière bientôt trentenaire, il est resté prompt à représenter la majorité silencieuse qui continue d’être malmenée au quotidien par une poignée de cravateux privilégiés.

Que les fans se rassurent; le disque qu’il présente en cette mi-novembre reste à nos yeux dans la lignée de l’artiste. Notez qu’en cela nous le félicitons chaleureusement; vendre des disques en dénonçant l’État, même intelligemment, est devenue une pratique désuète dans le milieu.

Nous vous proposons donc ci-dessous de parcourir quelques uns de nos tracks préférés du projet …

Le premier titre, portant le nom de l’album, est une intro coup de poing et si son rôle était de couper le souffle et de retenir l’attention, c’est un cap pleinement atteint. Kery James y rugit de tous ses crocs et rappelle à ses sujets que le lion est encore en forme !

Le deuxième titre du disque accueille Féfé qui interprète un morceau lourd de sens sur la place laissée à l’homme noir dans la société occidentale moderne. Beaucoup plus posé que le titre précédent d’un point de vue musical, c’est néanmoins l’une des pistes les plus intéressantes que nous laisse Kery aujourd’hui.

Le quatrième track invite Sofiane sur un texte incendiaire appelant à discerner les vrais voyous des fantasmes mythomaniaques qu’inspira largement Al Pacino entre autres. La vraie rue on tente d’en sortir par tous les moyens, on ne s’efforce pas d’y séjourner pour acquérir une pseudo-crédibilité à deux francs … La direction est claire et le duo est ultra efficace sur le thème !

A la Ideal J” … Avec un titre pareil on ne pouvait s’attendre qu’à une dinguerie, et c’est ce que nous concocte le rappeur sur ce morceau dynamitant l’oreille tout en montrant une parfaite adaptation à la nouvelle vague au niveau des flows et du choix instrumental.

“Un rappeur qui méprise la pauvreté n’aura pas mon respect”

Nous aurions pu mettre en avant le magnifique “Amal” ou le très bon “Piqué” aux côtés de Chilla mais nous vous laisserons les découvrir par vous même puisque nous préférons replonger au coeur de la politique keryjamesienne avec son titre “PDM” enregistré avec Kalash Criminel.

Tout d’abord, il faut deviner ce que ses initiales signifient … En découvrant le morceau vous l’apprendrez assez vite puisqu’il vise le gouvernement américain, celui qui transforma la terre des bisons en “Pays De Merde“. Nous aurions apprécié retrouver le jeune sevranais plus intensément, nous attendions un couplet de sa part mais il n’en sera rien pour cette fois, c’est dommage à notre sens mais Kery parvient à nous consoler aisément avec son texte d’une grande sévérité envers Trump notamment.

Le disque est conclu dans la tradition, avec un titre dans la lignée de sa “Lettre à mon public” … Le rappeur est loin de faire son outro même s’il conclut habilement son disque avec ce morceau qui reste comme l’un de nos préférés …

Kery James nous montre aujourd’hui sa capacité d’adaptation aux attentes d’un public toujours plus large, un public mélangeant les anciens qui le suivent depuis ses débuts et les plus jeunes qui l’ont découvert il y a seulement un album ou deux … L’éclectisme est à notre sens une des vertus les plus appréciables pour un artiste même si certains choix ne feront forcément pas l’unanimité. C’est un disque travaillé longuement que ce soit dans son fond comme dans sa structure et ses formes, tantôt graves et brutales tantôt douces et mélodieuses.

Big up à Kery James et bonne écoute à vous !