Retour vers le classique : quand les Psy 4 de la Rime débarquaient avec « Le son des bandits »

A l’occasion des 18 ans du premier album des Psy 4 de la Rime, Block Party, Hip Hop Corner revient vers le classique, « Le son des bandits ».

Depuis les premières heures du mouvement hip-hop en France, le rap marseillais a toujours occupé une place particulière. Le groupe IAM a porté les prémices du genre, jusqu’à connaître la reconnaissance critique et commerciale avec l’École du micro d’argent.

Successivement, les différents acteurs du rap marseillais ont chacun représenté une facette géographique et sociologique de la cité phocéenne. A la fin des années 90, la Fonky Family représentait les quartiers du centre-ville de Marseille : de Belsunce, au Cours Julien en passant par le quartier du Panier. Puis, au début des années 2000, ce sont les Psy 4 de la Rime (Soprano, Alonzo, Vincenzo et Sya Style) qui débarquaient pour mettre en avant les quartiers Nord.

Le premier album du groupe, le fameux Block Party fête aujourd’hui ses dix-huit ans. Paru sur le label d’Akhenaton 361 Records le 19 mars 2002, l’opus a fait grand bruit sur le rap français. Avec cet album qui s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires, les Psy 4 ont su représenter toute une jeunesse délaissée, comme en atteste le classique, « le son des bandits ».

Quand les jeunes des quartiers Nord arrivaient affamés

Avec leur premier album sorti en 2002, les Psy 4 se distinguaient par un rap teinté de réalisme, de rage et d’espoir. A travers la personnalité d’Alonzo, Vicenzo et Soprano, chacun des MCs symbolisent les différentes facettes du jeune de quartier. Si les trois rappeurs ont une personnalité différente, ils se rassemblent et se complètent grâce au rôle de l’architecte du groupe, DJ Sya Style.

« Le son des bandits » est la deuxième piste du disque et devient vite le single qui porte l’album. S’ouvrant sur des notes douces de synthé, l’intro du morceau porte à confusion. Au moment où les rappeurs lâchent leur couplet, le morceau se transforme en une véritable démonstration du rap de rue.

Surtout qu’à leurs débuts, les Psy 4 de la Rime débordaient d’envie de croquer le rap français, comme des jeunes loups affamés. Alonzo débute le morceau avec un flow plein d’aplomb et de rage. Son couplet est brillant au point que chacune des lines mérite d’être disséquée. Le rappeur, qui n’a alors que vingt ans, se plonge dans une introspection sans concession.

J’ai pas choisi l’alcool pour noyer mes soucis
Car j’sais que la bouée du diable les remontera en surface

Avec son couplet, Alonzo décrit avec justesse, l’ennui et le manque de perspective qui plombent le destin des jeunes de son quartier.

“Dans l’sud la rage frappe autant qu’le soleil, on s’y perd
Les jeunes s’tirent la bourre avec l’ennui, ils s’attendent à Saint-Pierre
C’est la souffrance qu’a achetée mon silence
Depuis j’revendique mes statuettes collées au mur de l’inconscience”

Alonzo

Vincenzo enchaîne avec un couplet tout aussi chargé en force lyricale. Dans son couplet, le rappeur décrit son environnement et rappelle l’urgence de sa situation.

« Là où les mômes deviennent homme à force de forger le temps
Là où les mômes finissent comme le cœur soucieux des parents »

Vincenzo

Enfin, Soprano finit le morceau par un couplet tout aussi fort. Il marque les esprits par le désespoir qu’il communique, couplé à une volonté farouche de représenter les siens. Avec son grain de voix unique et sa mélancolie, le rappeur y forge son style qu’il développera pendant de nombreuses années, avant d’entreprendre un virage musical plus dansant et positif.

C’est pour l’amour d’un peuple l’amour d’une zik, l’amour d’une jeunesse
L’amour qu’on palpe avec peu d’fric, mais avec tant d’richesse
Que j’rappe mes vérités comme un mec bourré sur un balcon
En tous cas j’ai plus rien à perdre alors cesser d’crier : “Sopra putain fait pas l’con”

Soprano

“Le son des bandits” : une représentation du rap des 2000’s

Dix-huit après sa sortie, ce qui marque à l’écoute du morceau, c’est son identité musicale. De par la texture et le refrain mémorable chanté par Saleem, “le son des bandits” est ancré dans une certaine époque du rap.

Avec leurs paroles teintées de vécu, les Psy 4 symbolisent ce rap de rue qui jalonne la décennie 2000. porté par des collectifs comme la Mafia K’1 Fry ou des artistes comme Salif, Nessbeal, ce type de rap dominera longtemps la scène hexagonale.

Depuis le décès de Sya Styles en 2015, le groupe s’est séparé. Néanmoins, pour célébrer leurs vingt-cinq ans d’existence en groupe, Alonzo, Vincenzo et Soprano ont prévu de se reformer le temps un concert unique lors du festival Marsatac. Prévu pour le samedi 27 juin 2020, c’est évidemment un événement à ne pas manquer. A condition que l’épidémie de Covid-19 soient de l’histoire ancienne. Quoi qu’il en soit, l’aura des Psy 4 de la Rime elle, restera éternelle.

Mehdi
Mehdi

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