Suprême NTM "Paris sous les bombes" 25 ans anniversaire

Paris sous les bombes, le classique du Suprême NTM a 25 ans

Le troisième album studio de Suprême NTM, Paris sous les bombes fête aujourd’hui ses vingt-cinq ans. Retour sur l’album le plus complet du Suprême Nikoumouk qui reste toujours autant d’actualité.

Il est parfois difficile de se plonger dans des classiques du rap français. Etant donné que celui-ci évolue sans cesse, certains albums peuvent avoir un son un peu daté et peuvent déranger les oreilles de certains auditeurs non-avertis.

Néanmoins, Paris sous les bombes déroge à cette règle. Le troisième LP du Suprême NTM reste un classique inégalé, qui traverse les époques en s’affirmant comme l’album le plus complet du groupe de Saint-Denis.

Une dream team pour réaliser Paris sous les bombes

Pour se plonger totalement dans cet album, il faut d’abord rappeler le contexte de l’époque. Après une mini-tournée en 1994 pour leur précédente sortie, 1993… J’appuie sous la gâchette, le groupe reprend le chemin des studios. La conception du nouvel album est d’abord marquée par le départ de DJ S, membre historique du groupe. Néanmoins, le Suprême NTM ne se tourne pas complètement vers des producteurs inconnus. En effet, DJ Clyde et Solo, anciens d’Assassin rejoignent l’aventure ainsi que Lucien, figure historique du hip-hop français, LG Experience et DJ Max.

Avec cette super équipe de producteurs, NTM compose un son porté par des samples de soul, de jazz et de funk omniprésent. L’album puise dans le son chaud de New-York incarné par Biggie et son producteur Easy Mo Bee. L’album Ready To Die, sorti près d’un an auparavant, devient une référence pour la conception de Paris sous les bombes.

Malgré ses différentes influences, l’album dégage un ensemble cohérent et abouti. Toujours très hip-hop avec l’apport de scratch, le son du disque est parfois gras et parfois plus libéré.

L’autre composante de Paris sous les bombes, c’est l’esprit d’équipe. Très présent depuis les débuts du Suprême NTM à travers l’identité possee. Le groupe s’entoure de Bad Reak & AX.L, anciens danseurs devenus rappeurs sous la bannière du groupe Psykopat. Les deux rappeurs sont présents officiellement sur les morceaux « Old Skool », « Pass pass le oinj » et « Popopo!!». Mais ils apparaissent tout au fil de l’album comme des véritables leitmotivs de NTM.

L’album est également marqué par les évolutions de Joey Starr et Kool Shen. Le premier adopte un flow plus criard qui vient des tripes. Tandis que le deuxième a un flow plus posé et précis. Le duo s’affirme comme un duo complet, l’alchimie opère avec la personnalité des deux MC. D’un côté, Kool Shen, rappeur plus réfléchi et imagé, et de l’autre, Joey Starr est l’impulsif, l’ambianceur bourré d’énergie. Une union autant célébrée sur le disque que sur scène.

Un album ancré dans son époque

Paris sous les bombes est aussi un album qui est marqué par la diversité des thèmes. Il y a toujours cette charge politique avec des titres revendicateurs qui appelle à « Qu’est-ce qu’on attend », des morceaux qui dénoncent la société en banlieue « Qui paiera les dégâts ». Le groupe dévoile aussi une facette plus légère avec les morceaux « Pass Pass le oinj » et « La fièvre ». Des titres qui portent commercialement l’album.

L’un des thèmes qui traverse le disque c’est aussi la célébration du hip-hop. Tout au long du disque, le groupe multiplie les références au mouvement. Le titre éponyme raconte leurs virées nocturnes pour taguer les trains.

Avec « Tout n’est pas facile », le groupe célèbre plus de dix ans de hip-hop en France et tire les conséquences. Entre hommage aux pionniers et une vision un peu idyllique, Kool Shen tire un train sur une époque révolue avec un brin de nostalgie. En 1995, le rap n’est certes pas totalement installé en France, mais il peut se permettre d’avoir de nombreux acteurs avec la deuxième génération de rappeurs qui frappe à la porte.

Dans ce paysage, le Suprême NTM se pose comme une figure de référence du hip-hop en France. Comme l’affaire Joey Starr, « je crois pouvoir dire qu’on a œuvré pour le Hip-Hop ».

L’album deviendra donc logiquement un véritable carton commercial. Il sera certifié disque d’or en quelques mois (100 000 exemplaires vendus) jusqu’à dépasser les 500 000 exemplaires (disque de platine). Avec cet album, le Suprême NTM connaît son premier véritable succès commercial et se voit salué par la critique.

Totalement ancré dans son époque, Paris sous les bombes raconte autant une réalité sociale française qu’il dresse un état des lieux du rap français. Un album qui traverse les époques sans prendre une ride.