Si dans l’imaginaire des amateurs de hip-hop l’année 1998 a été l’âge d’or du rap français, c’est beaucoup moins vrai pour ce qui est du rap américain. Pourtant, en Outre-Atlantique aussi ce fut un très bon cru, avec des albums de grandes qualités.
A une époque charnière du rap, qui fait suite aux règnes de Tupac et de Notorious B.I.G à cause de leur décès tragique, de nouveaux acteurs vont s’emparer du devant de la scène, avec des styles très différents. Certains artistes se révèlent, d’autres s’affirment. Focus sur 8 albums de rap US qui ont marqué cette année, et qui 20 ans plus tard, sont toujours aussi agréables à écouter. On vous a classé ça en deux catégories bien distinctes : ceux ayant eu un beau succès l’époque et qui restent aujourd’hui considérés comme mythiques et ceux qui ont été injustement oublié de l’histoire.
Ceux qui ont traversé le temps :
Big Pun – Capital Punishment
Capital Punishment est le chef d’œuvre de la carrière inachevé de Big Pun. Pour cause, c’est le seul album que le rappeur du Bronx a sorti de son vivant, décédant en 2000 à cause de son surpoids. Révélé par Fat Joe, Pun ne manquait pas de souffle pour cracher ses rimes au mic’ et faire halluciner tous les amateurs de rap. Une de ses grandes qualités était de pouvoir naviguer entre l’ambiance sombre des rues New Yorkaises comme sur « Beware » et les morceaux plus légers comme « Still Not a player ». Un talent brut qui l’a élevé au rang d’étoile, malheureusement filante, du rap latino.
Lauryn Hill – The Miseducation of Lauryn Hill
Sûrement l’album de la liste qui aura eu le plus d’impact sur la musique. C’est d’abord un énorme succès commercial, The Miseducation of Lauryn Hill s’étant vendu à plus de 18 millions d’exemplaires et ayant remporté 5 grammys awards, dont celui de meilleur album de l’année. C’est aussi le premier projet solo de Lauryn Hill après son aventure avec les Fugees. Elle y revient sur ses relations tendues avec le groupe, mais surtout s’affirme en tant que femme dans toute sa complexité. Elle écrit notamment « Zion » un morceau qui traite de sa décision d’avoir un enfant. La voix magnifique de Hill marque et amène à des singles tels que « Lost Ones ».
Gang Starr – Moment Of Truth
Moment of Truth est le cinquième album de Gang Starr et sûrement celui qui est resté comme étant le plus impactant de leur discographie
. A cette époque, Gang Starr c’est deux noms : l’interprète Guru et le beatmaker DJ Premier. Ensemble, ils posent leur patte sur le rap New Yorkais. Les productions de Premier sont facilement reconnaissables par les nombreux samples utilisés et les scratchs tranchants. Des singles comme « You know my steez » et l’éponyme « Moment of Truth » poussent le projet, qui deviendra disque d’or.
Jay-Z Vol. 2… Hard Knock Life
Pour son troisième album, Jay-Z aspire a rétablir son statut de meilleur rappeur du moment après un projet précédent en demi-teinte. Une réussite puisque Vol. 2… Hard Knock Life est à ce jour l’album le plus vendu du roi de Brooklyn. Il faut dire qu’il s’est entouré des meilleurs producteurs de l’époque en la personne de DJ Premier, Timbaland, Swizz Beatz ou encore Erick Sermon. Jay-Z prouve qu’il est un formidable rappeur tout en lâchant des morceaux parfaits pour la radio. En tête « Hardknock Life », qui reprend le sample de la comédie musicale de Broadway « Annie ».
Les oubliés :
DMX – It’s Dark and Hell Is Hot
S’il y a bien un rappeur qui peut se targuer de s’être approché de la couronne du rap game en 1998, c’est lui. DMX sort son premier album solo et enchaîne avec le second sur la même année. Le clip de « Ruff Ryder’s » met en lumière le personnage haut en couleur qu’est DMX. Pour emprunter l’expression à Ol’Kainry, le boug rappe torse nu et débarque pour tout retourner. Un rap street et cru mais qui séduit le grand public puisque l’album va jusqu’à se classer à la première place du Billboard. Hormis via les singles, peu de gens reconnaissent aujourd’hui cet album comme un classique alors qu’il fut un marqueur important de son époque.
Scarface – My Homies
L’artiste en lui-même est un des mecs les plus sous-estimés de l’histoire du rap américain à notre sens. Originaire de Houston, il a d’abord mis le Sud sur la carte avec son groupe des Geto Boys. Il a ensuite mené sa barque en solo dès 1991 et sort en 1998 ce double album. My Homies est un gros succès aux Etats-Unis mais n’impacte par la France de la même manière. Il contient des gros featurings avec la présence de 2Pac, Too Short, Ice Cube ou encore Master P.
Big Daddy Kane – Veteranz Day
C’est le dernier album en date de Big Daddy Kane. A l’époque, il se plaçait déjà en vétéran d’une industrie dans laquelle il avait été un des maîtres absolus à la fin des années 1980. Il continue de cracher le feu au long des 21 titres du projet mais Veteranz Day passe injustement inaperçu. C’est pourtant un rap typique du New York des années 1990, mais dans une vibe plus cool que sont les Onyx ou DMX au même moment. Seul prime l’amour de la rime.
AZ – Pieces of a Man
Au même titre que Scarface, AZ est un des Mc’s les plus sous-estimés du rap US. Très proche artistiquement et humainement de Nas, AZ sort avec Pieces of a Man le second projet de sa carrière. Seul featuring de l’album Illmatic de Nas (sur “Life’s a bitch”), on pourrait faire un parralèle entre cet album et celui de Nas. Un projet mature, qui décrit la vie de rue avec une œil aiguisé, avec un côté mafieux qui donne des phases très visuelles. Un projet qui reflète parfaitement le talent de AZ.
Ils sont aussi sortis en 1998 :
- Redman – Doc’s da Name 2000
- Busta Rhymes – Extinction Level Event: The Final World Front
- Black Star – Mos Def & Talib Kweli Are Black Star
- DJ Quik – rhythm-al-ism
- OutKast – Aquemini
- Method Man – Tical 2000: Judgement Day
- N.O.R.E – N.O.R.E
