Fini la vente de drogue, de Detroit à LA, de jeunes rappeurs racontent une autre manière de gagner de l’argent. Arnaque, vol d’identité, fraude, le Scam Rap est l’un des mouvements à suivre.
Parti de Detroit avec des artistes comme Teejayx6, le Scam Rap prend de l’ampleur peu à peu dans les quartiers à travers les Etats-Unis. L’explosion du prix du bitcoin a popularisé de nouveaux moyens pour les jeunes hustlers de se remplir les poches. Fraude bancaire, vol d’identité pour obtenir des crédits ou plus récemment escroquer le gouvernement pour les aides liées au covid. Fini les gros flingues dans les clips. Ton futur rappeur préféré flex son Macbook comme un Glock avec un long chargeur. Certains font du Scam Rap une marque de fabrique comme Guapdad 4000 et sa première tape au nom équivoque, Scamboy.
Rap tutoriel
Certains sons s’apparentent à de vrais tutoriels de fraude. De l’installation d’un VPN au vol d’identité pour obtenir des crédits ou aux fausses pages de vente en ligne, tout y passe. Ces rappeurs expliquent étapes par étapes comment frauder. Comme dans Darkweb de Teejayx6, les albums du rappeurs s’apparentent à des cours de fraude gratuits.
The government tried to ban me from the dark web
(Le gouvernement a essayé de me bannir du darkweb)
I downloaded Tor Browser, then got back in
(J’ai téléchargé le navigateur Tor, puis j’y suis retourné)
Went and got a VPN, just bought another BIN
(J’y suis allé j’ai pris un VPN, je viens d’acheter un autre numéro d’identification bancaire)
Darkweb – Teejayx6
Des arnaques qui s’avèrent parfois très lucratives. Fin 2020, Nuke Bizzle se vantait dans le clip EDD d’avoir fraudé et empoché 1,2M de dollars d’aides distribuées pour la crise sanitaire. Une mauvaise idée pour le rappeur, qui 500 000 vues plus tard, sera rattrapé par la justice. Il est accusé d’avoir volé l’identité de 92 personnes pour pouvoir toucher les fameux “stimulus check”. Il risque 22 ans d’emprisonnement. S’auto-balancer pour des vues, il fallait y penser. Il n’est pas le seul à s’être trop vanté de ses activités criminelles. Selfmade Kash, un rappeur de Detroit avait aussi été arrêté après s’être félicité de ses capacités de fraudeur. Un talent visiblement exagéré par le rappeur qui a même été moqué par le juge. “Woods a déclaré être doué pour la fraude à la carte de crédit, quand, en réalité, il ne l’est pas”.
À l’image de leurs prédécesseurs qui racontaient des histoires de drogues, les Scam rappers ne se cachent pas et racontent fièrement les nouvelles arnaques qu’il mettent en place. Un objectif commun à tous, des liasses épaisses ou plus récemment des bitcoin, le nouveau graal de cette génération.
Des liasses au bitcoin
Ces deux dernières années ont vu la popularité et le prix du bitcoin exploser. La cryptomonnaie atteint des sommets dépassant les 45000€. La monnaie utilisée sur le darkweb devient un objet de convoitise et un signe de richesse. Une nouvelle génération de rappeurs qui embrassent aussi bien les codes de la rue que ceux d’Internet est en train de voir le jour. Une génération de rappeurs, plus “geeky”, qui racontent une nouvelle criminalité, dans laquelle un pc est plus efficace qu’un pistolet pour faire de l’argent. Ce rap est le reflet des changements de la société et de la digitalisation de tout les secteurs, y comprit celui des activités criminelles.
Detroit, la nouvelle Atlanta?
Longtemps délaissée, Detroit a pourtant l’une des scènes rap les plus intéressantes actuellement. L’explosion d’artistes locaux comme Sada Baby, Yn Jay, Louie Ray, Rio da Yung OG, donne de la visibilité à de nombreux autres rappeurs de Detroit ou de Flint. Un rap aux sonorités bien particulières. Detroit apparait comme une alternative à la vague drill actuelle. Une scène qui regorge de nouvelles idées, de nouveaux flows décalés et d’instrus aux grosses basses saturées mélangeant club et street. L’explosion de ce nouveau style et de nouveaux talents fait monter avec elle le mouvement du Scam rap, originaire de la ville.
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