L’histoire de l’album “Chronic 2001” de Dr. Dre

En ce lundi 18 février 2019, Dr. Dre souffle son 53ème anniversaire. Figure emblématique du rap américain, celui qui a fait partie du groupe pionnier du Gangsta Rap N.W.A, qui était dans l’écurie Death Row et a produit Eminem, gardera sans doute pour toujours comme œuvre majeure, celle qui passera à la postérité, son second album “Chronic 2001” !

Besoin d’un nouveau souffle

En 1999, Dr.Dre est déjà un artiste accompli. Le gamin de Compton a marqué les esprits en groupe avec les provocateurs et violents Niggaz With Attitude, autrement appelés N.W.A. Il s’est ensuite envolé vers d’autres horizons à la scission du crew, créant en 1991 son propre label Death Row en compagnie d’un certain Suge Knight. L’épopée au sein du label, forte du premier album de Dre “The Chronic”, de la production de l’album de Snoop Dogg “Doggystyle” ou encore du titre “California Love” avec Tupac, est aussi belle qu’éphémère, meurtrie par les égos de chacun et la violence latente.

Dr. Dre prend alors la poudre d’escampette et fonde son nouveau label : Aftermath Entertainment. Le premier projet “Dr. Dre Presents the Aftermath” en 1996 est un échec commercial et critique au vu du passif fructueux du producteur. C’est dans cette nouvelle configuration et l’étrange sensation que le règne du rap WestCoast est peut-être passée, qu’Andre Young prépare son deuxième album solo.

Pourquoi “2001” en 1999 ?

Si vous êtes un peu observateurs, il ne vous a pas échappé que “Chronic 2001” est sorti en 1999. Pourquoi ? C’est encore un coup du grand méchant Suge Knight. Considérant maintenant Dre comme son ennemi, le mogul du rap californien a une idée plutôt originale pour emmerder son ancien partenaire. Avoir les oreilles fourrées un peu partout dans l’industrie lui a permis d’être au courant que Dre allait sortir un album intitulé “Chronic 2000”, référence commune à son ancien album et au fait que son projet allait sortir à l’aube du 21ème siècle. Ni une, ni deux, Suge réunit les artistes encore présents chez Death Row et sort une compilation du même nom. Obligeant Dre à revoir sa stratégie et changer de titre d’album dans la précipitation.

La cover, pas franchement recherchée, et elle aussi devenue mythique, notamment grâce à la feuille de cannabis, substance que l’on imagine bien fumée avec “2001” qui tourne en fond. Libre à vous de le faire, mais sachez que Dr.Dre ne fumait jamais de drogue, et qu’il a affiché la plante plus ou moins pour suivre la mouvance de ses potes de l’époque, Snoop Dogg en tête.

Un album toujours frais en 2019

Si beaucoup d’albums de cette époque sont considérés comme des classiques pour de multiples raisons, ils sont relativement peu à ne pas prendre une ride malgré le temps qui passe. Bien souvent par la faute d’instrumentales poussiéreuses, d’un mixage approximatif, du décalage culturel. Vous l’aurez compris, c’est pourtant le cas de “2001” que l’on pourra claquer à fond dans la voiture avec le retour du beau temps au printemps 2019.

Dr.Dre, beaucoup plus à l’aise derrière une machine que devant un micro, est au sommet de son art à ce niveau. Il s’entoure de Mel-Man et de Scott Storch pour créer des beats reconnaissables dès la première note. Comme c’est le cas pour les tubes “What’s The difference” et “Still D.R.E” mais aussi pour “Xxplosive” par exemple. Des notes simples et ultra efficaces qui inspireront de nombreux beatmakers et auront marqué un virage dans la manière d’aborder la production dans le hip-hop.

Si le projet est un poil long, 22 titres, la variété des artistes invités permet de donner un intérêt à chaque titre qui suit dans la tracklist. Il invite ses potes déjà bien connus du rap WestCoast : Snoop Dogg, Kurupt et Nate Dogg notamment mais aussi ses protégés très talentueux que sont Eminem, Hittman et Xzibit. 1 heure et 8 minutes de bonheur pour rider sous le soleil californien ou en mettre dans ses oreilles sous le froid parisien. A notre connaissance, hormis quelques classiques de la funk, aucun autre album n’a cet effet rassembleur que peut procurer “2001”, enchantant quasi toutes les générations et typologies d’auditeurs. On ne perd pas de temps, on lance l’album et on retourne 20 ans en arrière, c’est parti !

2001 de Dr. Dre en streaming :

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