Dr. Dre et Rakim avaient déjà, à l’époque, envisagé de faire un projet ensemble, mais celui-ci n’a jamais vu le jour. Et si les choses changeaient ?
Les interviews de KXNG Crooked dans Crook’s Corner ont prouvé maintes fois leurs qualités, en nous offrant systématiquement des échanges mémorables. Après la longue discussion d’Eminem avec son ancien associé, c’est Rakim qui était sous le feu des projecteurs.
Avec le producteur Eric B, le rappeur de Long Island a fait les beaux jours du rap new-yorkais dans les années 80. Plus tard, il fut aussi un étroit collaborateur de Dr. Dre. Durant cette interview, il est justement revenu avec nostalgie sur cette époque révolue, lorsqu’il était signé sur le label Aftermath, entre 2000 et 2003. Il n’a évidemment pas manqué d’exprimer tout son respect à l’égard du légendaire producteur.
« Lorsque j’étais chez Aftermath, c’était un truc de malade. J’ai beaucoup appris le peu de temps que j’ai bossé avec Dre. Être en Californie aussi. J’ai vécu à Cali pendant trois ans. Dre est toujours l’un des meilleurs producteurs de tous les temps et j’étais sur le point de conclure un accord avec Dreamworks. Pour faire court, Dre m’a appelé et m’a dit : “Si tu veux signer quelque part, signe avec moi directement.” »
« Moi et Dre avons parlé, et nous avions une idée de ce que nous voulions faire ensemble. Il savait que les gens attendaient beaucoup de notre association. Je savais aussi que Dre ferait ressortir le meilleur de moi. Dre savait qu’il devait faire des choses spectaculaires. »
Crooked est ensuite revenu sur « The Watcher 2 », l’une des rares collaborations entre les deux artistes. Non sans une certaine nostalgie.
« Je me souviens quand j’ai commencé à travailler avec lui, il m’a présenté deux de ses producteurs pour bosser, en attendant qu’il rentre en studio avec moi. Bien sûr, je lui ai dit que je n’avais aucun problème à bosser avec eux, mais comment dire lui dire que je gardais le meilleur de moi-même pour lui ? Quand j’entends un beat de Dre … je sais que je dois élever mon niveau. »
Dans la suite de ce long entretien, Rakim est revenu sur son projet avorté d’album commun avec Dr. Dre. Celui-ci n’a jamais vu le jour, au grand regret du rappeur :
« Tout le monde pensait que je vendais de la cocaïne, explique Rakim. Ça m’a profondément affecté pendant un temps. Mais je ne me suis pas laissé abattre, j’ai essayé de laisser la négativité derrière moi et de me concentrer à faire de la bonne musique. Dre, avait sa marque de fabrique, mais les étoiles n’étaient pas alignées. J’ai essayé de m’adapter à ce que Dre voulait faire, tout en restant fidèle à mes racines.
C’était assez gênant qu’on ne soit pas d’accord. Dre a une formule qui fonctionne pour lui, le gangsta rap. J’ai essayé de le convaincre en lui disant Aller Dre, je suis passé par là, j’ai fait ça et je ne crois pas que les gens veulent entendre Rakim revenir à la rue. Je pense que si nous avions pu équilibrer nos deux univers, nous aurions pu faire un album incroyable. Encore une fois, Dre n’a jamais rien raté. »
Mais c’est là où les choses deviennent plus intéressantes. Rakim a en effet profité de son passage dans Crook’s Corner pour lancer un appel à Dr. Dre. Il lui demande de reconsidérer l’idée d’un album commun.
« Quoi de neuf bébé ! Revenons-y mec. Je ne veux pas raccrocher le micro et regretter ces choses que j’aurais dues ou aurais pu faire, mais que je n’ai jamais faites. Ce projet en est une. Je me demande toujours comment ce que ça aurait pu donner. Sois béni. »
Le message est passé. Pour sûr qu’un album commun entre Dr. Dre et Rakim dans les années 2000 aurait pu marquer à jamais l’histoire du rap. Aujourd’hui, nous avons le droit d’espérer que cette erreur historique soit réparées. Il n’est jamais trop tard pour se rattraper comme on dit. Stp Dre, pense-y.
