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Quand Big Pun faisait danser le monde entier avec “Still Not A Player”

Vous le savez, le rap est une musique où la mort n’est jamais très loin. C’est horrible de dire ça ainsi, mais peu d’autres genres musicaux auront dû assister à un si grand nombre de morts précoces. C’est parfois dû à la violence omniprésente autour de cette musique, qui vient des quartiers les plus déshérités des USA, mais parfois, aussi, simplement à la vie et ses excès. D’alcool, de drogues, comme pour Ol’Dirty Bastard, ou même de nourriture, comme Big Pun, qui reste avec ses deux albums solos comme un des plus grands rappeurs de l’âge d’or du rap US. Car oui, on peut devenir une légende en très peu de temps dans le rap, et heureusement, quand on observe la brièveté de certaines carrières.

Celle de Big Pun commence véritablement dans les années 90, après que le fils d’immigré porto-ricain ait rencontré un autre compatriote chauve, lui aussi souffrant d’un léger problème de poids, Fat Joe. Lancé par son collègue, il va ensuite éclater aux yeux du monde quelques temps après, avec le single “I’m not a Player” en 1997, un morceau aux sonorités très jazz et très new-yorkaises, comme on en faisait plein à l’époque.

Un single qui va marcher tellement bien, que l’idée d’un remix s’impose d’elle-même. Et c’est exactement ce que Big Pun fait avec “Still Not a Player”, premier single qui annoncera véritablement la sortie de l’album “Capital Punishment” qui va suivre. Ce remix va devenir beaucoup, beaucoup plus populaire que le morceau original, grâce à une instru totalement remaniée dans une veine plus groovy, un vrai refrain hyper efficace, et un clip juste assez kitsch pour être culte. Plongée dans un des 100 meilleurs titres de l’Histoire du Hip Hop, selon la chaîne américaine VH1.

L’Est s’autorise à faire la fête

Certains diront qu’il était temps, mais dans les années 90, les rappeurs de New-York s’autorisent,enfin, à faire un peu la fête. Giflés par les visuels West Coast de NWA, Snoop ou Tupac, on s’est rappelé que l’un des buts du rap était aussi de faire danser les gens, et on dit ça avec tout le respect que vous nous connaissez envers les groupes hardcore comme Mobb Depp ou le Wu-Tang. Du coup, certains rappeurs de l’Est ont décidé de ramener un peu de soleil et d’amour de la vie de leur côté des USA. Parmi eux, on peut nommer notamment Fat Joe, Big Pun, et même Notorious BIG.

Les producteurs comme P.Diddy ou ici, pour “Still Not A Player”, Knobody et Dahoud Darien, ont compris que le rap ne pourrait jamais se passer des clubs, car même s’il est né dans la rue, il s’est très vite popularisé via les clubs disco dans les 70’s. Les clubs étaient, à l’époque, des médias de diffusion dont on ne peut pas se passer. D’où le sample du tube “A Little Bit of Love”, de la chanteuse Brenda Russell, utilisé pour la base de l’instru. Ça explique aussi la présence des vocals de “Brazilian Rhyme”, de Earth, Wind & Fire, autres stars des clubs de l’époque.

Le morceau est à 100 % calibré pour être un hit en puissance joué en club, et ça a très bien marché, mais ça ne l’empêche pas de rester très rap, comme on le verra plus tard. D’ailleurs, quelques grosses figures du rap East Coast sont venues faire la fête avec Big Pun dans son clip, comme Guru, Onyx, Cormega ou The Beatnuts. Des gens qu’on a pas l’habitude de voir dans ce genre d’ambiance (à part les Beatnuts, qui font la fête comme peu d’autres). Mais justement, avoir réussi à faire un son où le rap de l’Est se marie aussi bien au RnB, pour donner un truc à la fois très dansant et très gangsta, ça tient presque du miracle. Ou plutôt, ça tient au talent des deux producteurs, et de Big Pun, l’incroyable “latin lover”.

Big Pun et les femmes, une grande histoire d’amour

Big Pun

est une formidable figure d’espoir pour tous les gens qui souffrent de leur surpoids : ça ne vous empêche pas d’être un Don Juan. Mais pour ça, il faut l’attitude, le charisme, et clairement, Big Pun semble faire succomber les “ladies”. Les femmes sont un de ses sujets de prédilection. D’ailleurs, le morceau original “I’m Not a Player”, parlant aussi des femmes, fait souvent irruption dans celui-ci via plusieurs clins d’œil, comme la phrase “I’m not a player i just fuck a lot”. Le “I don’t wanna be a player no more” du refrain vient également d’une ancienne chanson de Joe, faisant référence au même thème : les “players”.

Les players sont des séducteurs qui sont “faux” car ils “jouent” un personnage pour essayer de séduire les filles, en faisant comme s’ils étaient vraiment attentionnés. Big Pun, lui, n’est pas un séducteur, il baise juste beaucoup. Il est dans la consommation, et respecte trop les femmes pour leur mentir comme un vulgaire séducteur de soirée, il est cash. Ce morceau sert autant d’egotrip, où Pun se satisfait de sa situation actuelle, au top du hip hop, fréquentant des filles qui veulent toutes s’encanailler avec le gars du Bronx : “I’m gone, Penthouse suite, Penthouse freaks, In-house beats, French comteese, 10 thou’ piece”. On ne sait pas s’il pale d’une Comtesse Française ou d’un Comté très cher, dans les deux cas, il est bien. Cette manière de jeter ça et là des éléments du décor pour qu’on se représente la scène a également enfanté beaucoup de copies de la part des générations d’après, même si Pun n’en a pas le monopole.

Il est “posé dans le bendo” comme disent les jeunes, avec sa boisson, ses potes, ses femmes, et il n’a pas de frontières en termes de goûts : “I love frome butter pecan to blackberry molass’, I don’t discriminate, I regulate everey shade of the ass”. 50 Nuances de fesses pour Big Pun, qui apparemment adore se fumer un petit oinj’ en écoutant Mobb Deep, les potes de NYC, après avoir fini tout ça: “Pump Mobb Deep and just spark the leaf”. Bref, un véritable hymne à la vie, rappé par un très bon vivant, qui malheureusement s’est éteint, un tout petit album et deux ans plus tard…Heureusement, ses chansons, elles, demeurent intactes, continuant à propager la bonne parole dans toutes les soirées rap old school de la planète. Et on espère que ça ne s’arrêtera jamais !