”Thug Musik”, encore un classique pour Mobb Deep

Lorsqu’on cherche un classique de Prodigy, très vite, on ne sait plus où donner de la tête. Le rappeur a été un des plus productifs de l’Histoire, sur un laps de temps assez long (25 ans de carrière au top, dans le rap, ça ne se voit pas si souvent), et comme il s’avère que le gars est plutôt fort, la liste de ses meilleurs titres nous donne vite le vertige tellement elle s’allonge. Entre sa longue épopée avec Mobb Deep, ou son parcours solo, le MC a toujours su faire la différence, même s’il a pu être assez irrégulier sur certains projets.

On ne peut pas lui reprocher, quand on écrit autant de textes, avec les tripes, il ne peut pas en sortir que des morceaux parfaits, mais en termes de rap, de flow, de lyrics, il n’a absolument rien à envier aux autres légendes comme Tupac, ou Biggie, même s’il est un personnage moins ”commercial”. Aujourd’hui, on va s’intéresser à un de ses gros classiques, le morceau ”Thug Musik”, présent sur le projet de Mobb Deep ”Murda Muzik” sorti en 1999.

Un album reconnu, puisque c’est celui qui s’est le mieux vendu aux États-Unis, présent sur les podiums des ventes de tous les classements rap US. Un album particulier, parce que le groupe s’ouvre encore un peu plus, notamment au niveau de la production avec la présence de plus en plus importante de The Alchemist, même si Havoc est toujours aussi présent. Havoc, justement, est absent du casting de ”Thug Musik”, un des morceaux emblématiques du projet. Mais il y a du beau monde pour accompagner le prodige du Queens.

Infamous Mobb, et… une chanteuse !!

Infamous Mobb a toujours fait partie de l’entourage de Prodigy. D’abord formé par Mobb Deep et Nas, ces derniers vont progressivement faire rentrer d ‘autres rappeurs du Queens comme Godfather part. III (le meilleur nom de rappeur de tous les temps ? La question est posée), Ty Nitty et Twin Gambino. Les trois sont présents dans le morceau, et ils ne sont pas là juste pour faire le nombre : eux aussi détiennent une partie de l’âme de Queensbridge dans leurs textes, cette noirceur, cette mélancolie si caractéristique du coin.

Ils ne se privent d’ailleurs pas de représenter le coin, comme Godfather part. III dans son couplet : ”The Infamous strike deadly like gas chambers and bangers in jail, You know the drill, QB on the hill where i chill, 41 side still real”, avec toujours cette violence e ce côté ultra-menaçant toujours présent lors des débuts de Mobb Deep. Les Infamous se collent parfaitement à l’ambiance pesante du groupe, et avec un vrai talent pour la rime : ”I see that shit a mile away, but it’s all gravy, One little glitch and your plan getting hit, baby”, et ce qui suit dans le couplet de Ty Nitty le démontre parfaitement.

Il nous faut également mentionner une chose assez incroyable pour le groupe à l’époque : la présence de la chanteuse Chinky, au refrain. Cela traduit une volonté de changement de la part du groupe, et ça se sent d’ailleurs sur tout le projet, au moins dans la forme, avec des instrus un peu plus douces parfois (même si ça n’est pas tellement le cas ici, la douceur étant apportée par la chanteuse). Le refrain sonne effectivement très fin des années 90, même si à notre avis, ça n’était pas forcément indispensable sur ce morceau, mais c’est aussi ce qui fait sa particularité.

Prodigy, le génie

On va devoir parler aussi rapidement de la prod’ de The Alchemist, qui commence alors à se faire un vrai nom dans le hip hop. Ici on retrouve une prod qui aurait très bien pu être faite par Havoc 4 ans avant : une boucle de piano, des percus assez lentes, et une bonne ligne de basses, mais c’est orchestré de manière un peu plus savante, même si la différence est à peine perceptible. Toujours est-il que le californien s’est très bien adapté à l’univers de Mobb Deep, preuve de sa polyvalence.

Mais tout ça aurait été inutile, s’il n’y avait pas eu ces quelques lignes de Prodigy, qui transforment ce bon son en quelque chose de beaucoup mieux : un classique. Toujours à mi-chemin entre Tony Montana et une sorte de chroniqueur du ghetto hyper poétique, la légende est toujours aussi agressive au micro, et ce dès le début du couplet : ”It’s Murda Muzik, real life situations, placed on the paper, For all you cats rapping acting like it can’t happen”, un missile envoyé à la concurrence, en particulier ceux qui racontent des drames de rue sans les vivre.

Prodigy te l’affirme : c’est le meilleur, le plus vrai, sa clique est la plus forte, son quartier est le plus chaud, et on est forcés de le croire à la manière dont il le raconte. La violence dans ses textes est si soudaine : ”My team glows in the dark, your clique’s the dullest, Overconfident niggas get punished”, et toutes les lignes qui suivent sont un très bon exemple de la brutalité qu’il peut dégager.

Il va même beaucoup plus loin, en affirmant que beaucoup de rappeurs ne connaissent la rue que grâce aux textes de Mobb Deep, qu’ils n’y ont jamais rien fait, pendant que Prodigy y a tellement traîné qu’il y est respecté comme un vétéran décoré : ”My rank is that of utmost respect, Y’all niggas only know what you heard on cassette, Manifest words in the flesh, Niggas always see the light after they bleed a few pints”.

Cette volonté de toujours se différencier des autres rappeurs, en affirmant haut et fort que Mobb Deep fait de la Thug Musik, de la musique de gangsters, en revendiquant ce mode de vie particulier, tout en disant bien que c’est un mode de vie de chiens, c’est ce qui fait la particularité de Prodigy et du Mobb Deep en général. C’est pour ça que leur musique est remplie en même temps d’amertume, de rancœurs, mas aussi de trips de gangsters mafieux, ces deux facettes sont indissociables. Et c’est en ça que ce titre est un classique de Prodigy !

Rémi
Rémi

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