Le premier album du King of New-York fête aujourd’hui son 25ème anniversaire. Retour sur un projet qui changea la face du rap mondial.
Jay-Z est sûrement l’incarnation la plus contemporaine de l’American Dream. Aujourd’hui à la tête de plusieurs entreprises ainsi que d’une fortune se comptant en milliards, Shawn Carter a su mettre New York à ses pieds, grâce à son flow sur son tout premier album studio : Reasonable Doubt.
Issu d’une famille dissoute (il a grandi avec sa mère et ses trois frères), le jeune Jay-Z commence par vendre de la drogue mais finira par se tourner vers la musique et le rap. En 1995, avec ses amis Damon Dash aka “Dame” et Kareem Burke aka “Biggs”, il crée Roc-A-Fella, label dans lequel sortira Reasonable Doubt. Pour se faire, l’artiste s’entoure de producteurs doués comme DJ Premier, Clark Kent ou encore Ski Beatz.
Reasonable Doubt
On retrouve plusieurs collaborations intéressantes pour un premier album : la jeune star montante de l’époque Foxy Brown, Mary J Blige ou encore l’autre roi de Brooklyn, Notorious B.I.G, au sommet de son art, qui apparaît sur le morceau Brooklyn’s Finest, titre majeur de l’album. Cette collaboration entre les deux est perçue comme une sorte de passage de flambeau, au vu des évènements tragiques et la mort de Biggie moins d’un an plus tard en mars 1997.
Dès les premières minutes, le talent de Jay-Z saute aux yeux. En véritable surdoué, il s’impose avec l’assurance d’un vétéran. Il est friand d’acrobaties lyricales et de punchlines marquantes. Can’t Knock The Hustle ouvre à merveille cet album et donne le ton. Tout le long du projet, le rappeur new-yorkais déroule le fil de son lifestyle de jeune galérien devenu riche et opulent. Malgré cela, il n’oublie pas ce qu’il a été ni d’où il vient, et le montre sur le morceau D’Evils, un peu plus sombre où il rappelle son passé de dealeur.
On retrouve aussi le morceau Dead President II sur lequel un autre prince de la mégalopole devait figurer, Nas, mais a finalement décliné, bien qu’on retrouve sa voix samplée dans le titre. Cela sera d’ailleurs une des raisons d’un des plus grands beef de l’histoire du hip-hop. Le morceau s’est vite imposé comme un classique du genre, grâce à sa superbe prod mélancolique. Il sera même repris et remixé par de nombreux rappeurs, dont J.Cole ou encore Kendrick Lamar.
Hustler Rap
Loin des sonorités underground et hardcore qu’on peut entendre à New-York à cette époque, Jay-Z débarquait en 1996 avec son gangsta rap à l’imagerie léchée, dans la veine “hustler” qui fleure les costumes clinquants, champagnes d’exceptions et yachts de luxes. Sur la cover, il tient un cigare, coiffé d’un chapeau, à la manière d’un gangster New-Yorkais que Martin Scorcese a su embellir. Sa musique ne reste pas moins introspective et surtout, réaliste.
Vu par beaucoup comme le meilleur album de Jigga, Reasonable Doubt est très bien reçu par la critique. Il sera même nommé Greatest hip hop album of all time par le magazine The Source, en 1998. L’album figure aussi dans la liste de Rolling Stones des 500 plus grands albums de l’histoire, a la 248ème place. Le projet finira par être disque de platine, comme tous les albums solo de Jay-Z.
Cet album lancera la carrière de Jay-Z et la success story qu’il continue d’écrire, autant sur le plan musical que personnel. D’autres chefs-d’œuvre suivront comme The Blueprint ou encore The Black Album. Reasonable Doubt aura ouvert les portes du Panthéon du rap à Shawn Carter, lui qui sera même bientôt intronisé au Rock & Roll Hall Of Fame.
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