Retour vers le classique: “All Bout U” de Tupac

Besoin d’un classique pour ce week-end ? Pas de soucis, vous savez comme d’habitude que c’est ici qu’il faut chercher pour trouver le meilleur des sons du rap, US comme français. Et on aura de cesse de vous ramener en arrière afin de faire résonner à vos oreilles ces grands titres qui auront su marquer leur époque, et aujourd’hui l’histoire. Des grands titres que l’on doit à des rappeurs tout aussi grands, les monuments de notre musique favorite. Pour une fois, ce n’est pas du côté de New-York que l’on va se trouver pour écouter notre track mais sous le beau et chaud soleil de Californie. Et pour cela, un artiste qui illustre la musique plus que tout, le dominant de la West Coast au cours de la grande période d’opposition avec la East Coast: Tupac Amaru Shakur. Certes, certains pourraient arguer que quasiment chacun de ses sons est un classique, mais il y en a tout de même certains qui ressortent plus que d’autres. Aussi, c’est pour l’heure l’occasion de se réécouter “All Bout U”.

All About hip-hop classique de Tupac

Vous présentez Tupac serait très probablement futile, puisqu’ à coup sûr vous connaissez déjà tout du personnage, de sa facette d’homme à celle d’artiste. De plus, nous avons déjà pu le croiser à plusieurs reprises au sein de la rubrique du Retour vers le classique (avec les titres “All Eyez On Me” ou encore “Do For Love”). Le vécu du MC est quasiment légendaire au sein de la sphère hip-hop, considéré comme l’un de ses plus dignes représentant, chef de file d’un mouvement qui n’aura eu de cesse de secouer le rap au cours de la décennie des années 90. Et puisque nous sommes dans les classiques, autant donner d’avantage d’éléments justifiant un tel règne dans le domaine. “All Bout U” qui nous intéresse présentement est issu du quatrième album de Tupac sorti au cours de son vivant: “All Eyez On Me”. Un album absolument culte, qui se doit d’être écouté, un double album qui synthétise en un peu moins de 30 titres (27 réparties sur deux CD) le talent du garçon. Sorti le 13 février 1996, il est cette fois-ci présenté avec une affiliation au label de Suge Knight Death Row Records. Ce dernier, en payant la caution de l’artiste pour sa libération de prison, réussi en échange à obtenir un contrat de 3 albums sous sa maison de disque. Il faut bien évidemment se remettre dans le contexte de l’époque: obtenir la signature de Pac’ revenait à détenir l’artiste le plus bankable du moment, celui qui était promis à un brillant avenir et une carrière absolument mémorable. Avec cet opus, c’est l’hymne à la thug life que l’on retrouve, porté par celui qui n’a déjà plus rien à prouver, et qui pourtant ne cesse de mettre la barre toujours plus haut. Des thèmes variés et toujours maîtrisés par le rappeur, qui a déjà pu se faire bien entendre de par ses prises de positions politiques et sociales précédemment exprimées dans ses albums. Sorte de best-of du rap de l’époque, on retrouve également bon nombres d’invités en featuring, et notamment sur le titre “All Bout U”.

A noter que l’on distingue différents rendus du titre, puisque s’il est effectivement notifié “All Bout U” dans l’album originel, mais on le retrouve appellé “All About U” sur l’album posthume “Greatest Hits”. Quoiqu’il en soit, puisque je parlais plus en amont des guests de l’album, on peut les retrouver immédiatement sur cette seconde track du premier CD, puisque figurent Nate Dogg au refrain, mais également Hussein Fatal, Yaki Kadafi et même un certain Snoop Dogg pour l’outro. Du beau monde pour réaliser ce son. L’occasion d’aborder des thèmes sortant quelques peu du gangsta traditionnel pour Tupac, puisqu’il s’adresse à une femme dès le premier couplet. Une fois n’est pas coutume, c’est une relation compliquée qui est dépeinte ici (“t’s just my luck I’m stuck with fuckin with the wrong one, uh!”). La vision des relations est immédiatement traduite dans les deux premières phases (“You probably crooked as the last trick/But how I got my ass caught up with this bad bitch”). On retiendra surtout de ce premier couplet l’allusion du MC à sa liberté nouvellement acquise (“Fresh out of jail, life’s Hell for a black, celebrity”). L’esprit thug propre à l’artiste et à l’album ressurgit toutefois rapidement (“Nobody loves me I’m a thug nigga; I only hung out”). S’il semblait affecté par le comportement de la femme indirectement mentionnée, le rappeur finit par faire un trait sur cette relation pour clôturer son couplet (“Could never put a bitch before my friends, so here we go”). C’est ainsi l’occasion pour Hussein Fatal d’enchaîner avec son couplet, se montrant d’avantage violent dans ses propos (“Is you sick from the dick, or is it the flu?/It ain’t about you or your bitch-ass crew”). On est globalement ici dans un optique bien plus egotrip avec son lot de punchlines qui agrémente le tout. Ce qui se complète d’ailleurs pleinement avec Yaki Kadafi qui entretient de même cet esprit (“You couldn’t hold me back, it’d take a fatter track/A lyrical attack”). Encadrant tout cela, le refrain de Nate Dogg ramène sans cesse aux filles et aux relations sous-entendus (“No matter where I go, I see the same ho”). Comme pour répondre ou appuyer cette idée, on la retrouve quelque peu développée par Snoop Dogg dans l’outro du son (“Everywhere I go, I see the same ho'”).

Le son de la West Coast

Au niveau des sonorités, on est une fois de plus en présence d’une instruction qui rentre typiquement dans le style du rap californien des années 90. Le son est d’ailleurs produit par 2Pac lui-même en compagnie de Johnny J. Un rythme qui se veut donc un minimum entrainant, limite dansant, nous invitant à suivre de la tête les phases des MC’s.  A noter également autour du son qu’en 1996, une vidéo a bien été dévoilée comme pour accompagner le single, bien qu’il n’existe aucun enregistrement du son à part que dans l’album. De même, si je faisais références aux apparitions de Yaki Kadafi et Hussein Fatal, ils ne sont nullement mentionnés aux crédits. Qu’importe, la présence des Outlawz est suffisante pour attester d’un featuring de qualité, qui représente la West Coast comme il se doit. Loin d’un esprit à la “Hit ‘Em Up”, ici on laisse de côté pour un temps la guerre avec la East Coast. Un son bien de chez eux, qui se laisse grandement apprécier et qui annonce du très lourd pour la suite de l’album.

image Yaki Kadafi des Outlawz
Le rappeur Yaki Kadafi des Outlawz
image Hussein Fatal des Outlawz
Le rappeur Hussein Fatal des Outlawz

Un classique de plus pour Tupac donc, mais est-ce réellement surprenant ? Au vu de l’immense qualité de l’album, on aurait tendance à dire que c’est bien logique. Appuyer par un Nate Dogg maîtrisant toujours aussi bien ses refrains, et son crew des Outlawz toujours fidèle, Pac’ se situe au milieu de son meilleur entourage pour exprimer son rap. Qui plus est, “All Bout U” reste un son qui se démarque quelque peu de l’egotrip gangsta (du moins pour Shakur). Toujours plaisant de le voir dans un autre registre, moins en colère et plus détendu qu’à l’accoutumé. Un extrait supplémentaire de la grande polyvalence de l’artiste, et un classique certain. All About Classic…

 

image cover album All Eyez On Me de Tupac
pochette de l’album classique de Tupac: “All Eyez On Me”
Rabeat
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