Tupac vs Biggie: l’histoire d’un clash mémorable !

On a certainement tous un artiste préféré. Pour différentes raisons. Celui que l’on écoutera tout le temps, et que l’on défendra envers toutes les critiques. Et parfois, les critiques peuvent fuser au sein du même domaine, entre mêmes passionnés. Un comble ? Bien souvent, chacun à ses arguments de valeurs qui se défendent. Une sorte d’opposition dont ne ressort jamais vraiment vainqueur l’un des deux parti. Mais quand ce clivage s’opère entre fans, ce n’est pas grave. Tout juste cela alimente-t-il les débats de passionnés. Toutefois, quand l’ampleur est encore plus grande, on se dirige vers une véritable guerre ! Et dans le monde du rap, on l’a bien connu, avec la fameuse opposition entre West Coast et East Coast aux Etats-Unis. La même musique, mais pas la même zone, pas la même approche. Et pour chaque armée, il faut bien trouver un général digne de mener ses troupes. Sauf qu’ici, nos gradés ont été élus à défaut, ou du moins se sont les fans qui ont décidé de leur octroyer cette place. Il faut bien reconnaître  que parmi les nombreux rappeurs de chaque côtes, qui d’autre que Tupac et Biggie pouvaient mieux représenter le rap ?

Tupac & Biggie: la rivalité historique 

Autant commencer avec les premiers chamboulements. D’aucuns citeront Pac’ comme le représentant même du rap californien, et on ne saurait leur donner tort évidemment. Pourtant, il voit le jour en juin 1971 à… Harlem ! Eh oui ! Le célèbre quartier de New-York. Sans déménagements, il aurait très probablement pu à l’inverse briller sur toute la côté Est. C’est à 18 ans qu’il se retrouvera à Marin City, la banlieue de San Francisco.  c’est en ces lieux, en cette région que l’un des plus grands rappeurs de l’histoire va prendre forme. S’initiant au théâtre, à la poésie et à la danse, Tupac Amaru Shakur va développer un véritable esprit artistique qui le suivra tout le long de sa carrière.

Mais avant de poursuivre plus avant, reportons-nous dans les rues de New-York, afin d’y retrouver notre seconde tête d’affiche: Christopher Wallace, aka Biggie Smalls. Loin des bancs de l’école, celui-ci quitte le lycée et se met à dealer, écoulant de la drogue dans les rues de la Grosse Pomme. Cependant, il est lui aussi pris dans la mouvance rap et commence à se faire remarquer par de multiples freestyles qui force le respect chez ses pairs.

En somme, sur deux bords différents, nos deux gars semblent démarrer sur un pied d’égalité. Pourtant, en 1991, Biggie est condamné à 9 mois de prison ferme pour vente de crack. De plus, il avait auparavant déjà essuyé plusieurs arrestations pour port d’arme.  De son côté, Pac’ entamait sa carrière en publiant son premier album solo (sur les quatre parus de son vivant: “2Pacalypse Now”.

image cover album 2Pacalypse Now de Tupac
pochette du premier album de Tupac: “2Pacalypse Now”

L’album contient une véritable réflexion sur la société américaine. Entre pauvreté, racisme des forces de l’ordre et autres bavures ainsi que prises de position politique, le rap du MC prend la voix du peuple. La grande force de l’artiste sera d’assumer, et même revendiquer chacun de ses propos tout au long de sa carrière, accentuant leur force et leur portée. Parallèlement, la brouille entre les deux côtes du pays débute, avec des morceaux insultants de chaque côtés (on pensera par exemple au titre explicite “Fuck Compton” de Tim Dog.

Les embrouilles continuent, chacun cherchant à prouver la supériorité d’une région, d’une ville ou d’un quartier sur l’autre. Au milieu de tout ça, en 1993 Shakur livre son deuxième album (“Strictly 4 My Niggaz”). Une avancée de plus dans sa carrière et son nom qui est maintenant sur toutes les lèvres. Mais Biggie dans tout ça ? De son côté, il se rapproche d’un certain Puff Daddy et de son label: Bad Boy Records. Enfin, en 1994 le classique “Ready to Die” est disponible.

image cover album Ready to Die de The Notorious BIG
pochette de l’album Ready to Die de The Notorious Big

Sans toutefois mettre la West Coast réellement supérieure, il faut reconnaitre que d’un point de vue purement business, il fallait bien un label tel que celui de P. Diddy pour faire un peu d’ombre à la concurrence. Mais loin de tout ça, Tupac et Biggie sont en réalité bien proches ! Loin de se battre ils se lient même d’amitié, et reconnaissent volontiers leur talent respectif. Cependant, tout ne pouvait pas être aussi simple ni aussi beau et les relations basculeront la nuit du 30 novembre 1994 au cours de laquelle Tupac est agressé à New-York. trois hommes lui volent ses bijoux et lui tirent dessus. Cinq balles auquel il survivra (malgré deux à la tête !). Cependant, le MC accuse (et publiquement de surcroit !) Biggie et P. Diddy d’être les instigateurs de l’agression. Tous deux démentent toute accusation mais les doutes sont émis, d’autant plus lorsque Pac découvre le morceau “Who Shot Ya” qui lui semble être des aveux à peine voilés.

Il est vrai que les paroles prêtent à confusion, pourtant Smalls assure avoir enregistré le tout avant l’agression.

Les deux monuments s’effondrent finalement

Accusé d’agression sexuelle, Tupac se voit purger une peine de prison qui doit logiquement freiner sa carrière. Son troisième album “Me Against The World” sort au cours de cette période et termine de l’asseoir au sommet du rap. Ce sera finalement Suge Knight qui payera sa caution, en échange de trois albums signés sous son label Death Row Records. Biggie de son côté n’est pas en reste avec sa carrière, entre une image de roi incontesté, une liaison avec Faith Evans et la popularisation d’un groupe qu’il lance: Junior M.A.F.I.A. Plus que jamais, les deux mastodontes semblent rivaliser sur un pied d’égalité. Tupac enfin libre, il prendra une certaine avance en sortant son album culte: “All Eyez On Me”. Un double CD qui permet de prouver son talent hors-norme. Autour de lui, la guerre fait rage entre des artistes qui s’insultent par morceaux et interviews opposés, auquel il va finalement participer avec le clash “Hit ‘Em Up”. Un son réellement violent, blindés d’insultes, au cours duquel Biggie en prend plus que pour son grade ! Pac’ va même jusqu’à affirmer qu’il a couché avec sa compagne, et promet une guerre continue. La tension est à son paroxysme. Conséquence directe ou non, personne ne le saura jamais, mais quelques mois plus tard Tupac fait face à son tragique destin. A Las Vegas, sortant d’un combat gagnant de Mike Tyson face à Bruce Seldon, il est abattu à un feu par les tirs d’une Cadillac blanche portée à sa hauteur. Comme chacun sait, impossible de déterminer réellement l’agresseur. Biggie est à nouveau soupçonné mais il se défend en se montrant attristé et choqué de la mort de l’artiste, et assure n’avoir jamais souhait la mort de quiconque. Peu avant de monter en voiture, Shakur avait prit par à une bagarre avec un membre des Crips, Orlando Anderson. La police ne trouvera jamais de preuves suffisantes pour réellement l’inculpé, mais la rue choisit d’agir. En 1998, il est assassiné.

Survivra de Tupac son album posthume The Don Killuminati: The 7 Day Theory”.

image cover album The Don Killuminati The 7 Day Theory de Tupac
pochette de l’album posthume de Tupac image cover album The Don Killuminati: The 7 Day Theory de Tupac

De son côté, Biggie s’apprête à délivrer son second album solo pour mars 1997. L’album s’intitule “Life After Death”, et bien ironiquement il ressuscite l’âme du MC qui est assassiné deux semaines à peine avant la sortie. C’est à Los Angeles qu’il est également abattu de quatre balles tirées depuis une Chevrolet noire. Même mode opératoire que Tupac, et là encore Suge Knight est fortement suspecté. La perte de Tupac et donc des énormes bénéfices de l’avoir sur son label l’aurait poussé à se débarrasser de Biggie pour jouer à mains égales. Pourquoi pas, chacun sera cependant juge d’une telle affirmation. Quoiqu’il en soit, le second album solo du Notorious B.I.G reste la dernière trace de son talent…

image cover album Life After Death de The Notorious BIG
pochette du second et dernier album de Biggie: “Life After Death”

Ainsi s’achève peu à peu la guerre East Coast et West Coast, maintenant que les deux emblèmes sont tombés. Dommages collatéraux d’un conflit qui les dépassait, ou au contraire et plu radicalement seule solution pour mettre un terme à tout ça, chacun y va de son analyse. Mais aujourd’hui, ce que l’on retient, ce sont quelques spéculations: que serait la carrière de Tupac aujourd’hui ? Et celle de Biggie ? On imagine aisément les innombrables featurings qu’ils auraient pu réaliser, et nombre d’albums qu’ils auraient pu sortir encore. La perte des deux est forcément irremplaçable, et en même temps crée deux icônes du rap. On s’accorde sur les deux, on ne peut les critiquer, seulement reconnaître leur grande qualité, l’image de marque qu’ils laissent dans le rap US, 20 ans plus tard. R.I.P Biggie, R.I.P Tupac… 

 

 

Rabeat
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