Throwback : le jour où Vince Carter a joué à saute-mouton avec Fred Weis

Un soir de fin d’été, le 25 septembre 2000, Vince Carter posait déjà le dunk du millénaire. Un jeu du saute-mouton dans lequel Frédéric Weis, 2m17 et 137 kilos, faisait office de l’animal martyrisé. 

Nos yeux ne se sont jamais remis de cette anomalie physique. Comment un homme d’1m98 peut littéralement passer par dessus un autre qui lui rend 20 centimètres et beaucoup de kilos ? Qui plus est avec un ballon de basket dans les mains et un objectif précis : claquer la gonfle dans le cercle pour marquer ? A ce jour, seul Vince Carter a résolu cette équation. Et lui-même ne sait pas comment il a fait.

Un match sans enjeu

Revenons au contexte. Jeux Olympiques 2000 à Sydney. La France, emmenée par Antoine Rigaudeau et Alain Digbeu, a gagné deux de ses quatre premiers matchs de poule. Elle est d’ores et déjà qualifiée pour les quarts de finale et va affronter le Canada. Pour la dernière confrontation dans son groupe, elle rencontre les États-Unis. Contre l’ogre de la compétition, porté par une multitude de stars tels que Kevin Garnett, Jason Kidd ou encore Vince Carter, la France n’a rien à perdre, rien à gagner non plus. Un match de gala donc où l’enjeu est nul, contrairement à la finale où les bleus perdront avec les honneurs (85-75).

Mais Vince Carter va se charger de faire entrer la confrontation dans la mémoire collective. Début de seconde mi-temps. Vinsanity, alors joueur des Toronto Raptors, intercepte une mauvaise passe de Yann Bonato dans le camp français. Il a alors le champ libre dans la raquette et 3 options de passes pour conclure l’action. En face, seul Fred Weis se dresse face à lui. Et là, Carter pose un dribble et s’élève au dessus du pivot français, qui ne peut que mettre ses mains devant le visage pour se protéger, comme si le ciel lui tombait sur la tête.

Carter pas conscient de son exploit

Un moment d’histoire qui s’écrit en une fraction de secondes, où chacun comprend qu’il y aura un avant et un après. Pour Vince Carter, pour Fred Weis, pour le dunk, pour le basket. Sauf le principal intéressé. En effet, l’ailier américain ne saisit pas directement ce qu’il vient d’accomplir. En 2015, il était revenu sur son action passée à la postérité : “Tout le monde a vu le dunk et m’a vu sauter par-dessus ce gars. Mais dans ma tête, en vérité, je ne le savais pas. Je ne savais pas que j’avais sauté par-dessus lui. Cet été j’ai parlé du match avec Tim Hardaway et je lui ai demandé pourquoi ils ne me l’avaient pas dit pendant le match. Je suppose que tout le monde était en admiration. Dans ma tête, lorsque j’ai intercepté le ballon, j’ai fait un, deux dribbles et j’ai sauté. Puis je me disais ‘J’ai sauté de trop loin, je vais me faire attraper et je vais terminer dans une pub Sprite.’ Moi j’étais concentré à réussir le dunk et l’excitation venait de là pour moi. Moi, dans ma tête, je voulais juste réussir le dunk”.

Personne n’a vraiment compris comment Carter a fait. Malgré sa détente immense, il ne le refera d’ailleurs plus jamais de sa carrière. Car il faut un alignement des astres pour pouvoir réunir toutes les conditions de cette action de légende. Avoir des cannes, le champ libre pour prendre son élan, une victime parfaite et surtout l’insouciance pour oser un tel geste. Ce jour-là, VC avait tout et n’a pas louper sa chance.

Une marque indélébile

Quasi deux décennies plus tard, ce dunk continue d’hanter Fred Weis. A qui l’on ramène toujours cette action, comme si une poignée de secondes était révélatrice de sa vie. Peu importe sa carrière, excellente en France et en Europe, peu importe qu’il ait été drafté par les New York Knicks en 1999 – bien qu’il n’a jamais foulé un parquet NBA -, peu importe qu’il ait fait face à une profonde dépression – qui l’amena à une tentative de suicide -, les gens garderont de Fred Weis l’image du grand gaillard qui s’est fait grimper dessus par Vince Carter.

Aujourd’hui consultant basket sur RMC Sport, l’homme de 41 ans s’était confié sur ce moment iconique pour l’émission Le Vestiaire, amère : “Le basket français résume souvent ma carrière à ça. C’était un truc extraordinaire, je suis sur la photo c’est cool. Les gens qui ne connaissent pas le basket résument ma carrière souvent à ça. J’ai ramené une médaille olympique avec un bon groupe. Et on est pas nombreux à être vivant avec une médaille olympique en basket, moi je me rappelle de ça.”

Interrogé sur le dunk le plus marquant de sa carrière en 2015, Carter montrait presque de la peine pour sa victime d’un soir. “Avoir le mauvais rôle et entendre son nom, encore quinze ans après, cela ne doit pas être facile pour lui [Fred Weis]. Je sais qu’il a été beaucoup critiqué après. La première chose que je lui dirais, c’est ‘Je suis désolé'”. Ne le sois pas Vince, tu nous as offert le plus grand dunk de tous les temps. Tout simplement.

Sim
Sim

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