Entre mouvement social majeur et annonce gouvernementale, les fêtes s’annoncent ponctuées de tensions près du sapin des derniers de cordée. Et malgré le fait que la sédition soit sur toutes les lèvres, rap et banlieues demeurent étrangement distants vis à vis de la mobilisation… Pourquoi ?
Voilà plus d’un an que le climat social français s’embrase de toutes parts, si les débuts du mouvement des gilets jaunes ont été largement soutenues par l’opinion publique, le temps joue en faveur du gouvernement. Mais une question se pose alors que de nombreuses couches sociales sont impliquées dans les grèves et les manifestations … Pourquoi le rap reste t-il si distant ?
Banlieues au ban de la révolte
Les banlieues condensent et cristallisent un grand nombre des difficultés sociales majeures que traversent les habitants de notre pays. Au-delà de ça on a souvent perçu le gilet jaune comme le rural quinquagénaire, menant la lutte sur des ronds-points quand maints habitants de la zone n’ont même pas de voiture … Cette révolte a donc été accueillie de manière plus que mitigée au sein de la population banlieusarde, et si certains rejoindront le mouvement d’autres, ne s’y identifiant pas, resteront loin de ce vent de colère.
Un autre problème se pose quand il s’agit de réfléchir au manque de mobilisation des quartiers dans la sédition actuelle; l’urgence. Le gouvernement tient en laisse les quartiers par l’urgence financière, après tout manifester ne remplit pas l’assiette le soir même. C’est là une autre raison du boudage banlieusard qui rit jaune des plaintes autoucr du prix du litre d’essence, quand dans ses tours les ventres sont vides et qu’on vit au jour le jour.
Et pourtant … ô combien il serait souhaitable dans le bras de fer actuel que les cités s’en mêlent. Elles qui suffoquaient déjà sous les violences policières quand le français moyen n’en avait pas même conscience … Elles qui abritent un tissu associatif structuré et propice à appeler massivement à la grève générale. Mais évidemment des gens se bougent … Et des artistes !
Hip-hop et Gilets jaunes
En tête ce morceau signé Kopp Johnson qui a fait le tour du pays bien au delà des banlieues. Dansant et léger il a pu s’insinuer avec aisance dans les esprits bien au delà du hip-hop.
Plus rappé, plus acide, plus cru le morceau de D1ST1 reconnu par beaucoup comme l’hymne des gilets jaunes s’attaque directement au système et décrit un quotidien vécu par de plus en plus de français … Fédérateur et acerbe, c’est LE morceau de circonstance qui fait plaisir à entendre, rappelant que l’implication est très large.
Mais aujourd’hui nous ne pouvons pas résumer le mouvement social majeur aux seuls gilets jaunes, affaiblis par une année de diabolisation minutieuse par le lobby réformateur. Aujourd’hui on manifeste avec ou sans gilet, mais au delà de ce bout de tissu la colère reste la même et ce dans énormément de corps de métiers.
La poudrière sent le soufre
Le pari du gouvernement est le suivant; soit nous cassons la grève en distribuant des bouts de brioches ci et là, soit nous nous préparons à faire face au conflit social le plus important du XXIème siècle. Car oui la colère gronde, et cette colère s’adresse directement au système, non pas seulement à un élu véreux de plus mais bel et bien à l’ensemble de cette mascarade systémique que le peuple perce à jour.
Nous profitons de cet article pour adresser notre soutien indéfectible aux manifestants pour le climat, pour les retraites ainsi que pour toutes les grandes luttes nous impactant TOUS directement. Et nous vous y trompez pas la fameuse close du grand-père n’est que la brioche de la discorde jetée négligemment au bas-peuple pour renégocier sa servitude.
Nous adressons également nos pensées à toutes les victimes de la répression policière, aux pompiers réprimés sauvant des vies à longueur d’années et à tous les éborgnés qui “n’avaient qu’à pas manifester”.