Soundmen, soundsisters cet article est vôtre et vous donne une nouvelle occasion ( s’il en fallait ) de pointer vos flammes vers le ciel en ravivant un grand moment de ragga, celui de la sortie de l’album “More Fire” de Capleton.
Si le “King of Faya” n’en était pas à son coup d’essai puisqu’il sortait alors à l’aube de l’an 2000 son 6ème album studio, cette pièce reste sans doute l’un des éléments majeurs de son oeuvre musicale … Zoom !
More prophet
Si Capleton est aujourd’hui considéré comme l’un des artistes ragga/dancehall les plus influents de ces dernières années, il est aussi bien plus que cela. Au travers de sa musique il se fait donc le guide spirituel de beaucoup de jeunes rastas qui méditent sur les messages qu’il délivre depuis des années, notamment sur l’identité africaine sur laquelle il déclarait :
« Babylone nous a récompensés de nos amours par la haine. Elle nous a appris à violer, voler et tuer. Elle nous a volé notre littérature et nous l’a enseigné de manière différente afin d’infiltrer nos pensées de sottises et autres malversations. Maintenant, nous en tant qu’homme noir, nous ne nous voyons plus comme prince et prophète mais comme pourriture et mec. Nos femmes ne se voient plus comme reines, princesses ou impératrices mais comme prostituées ou vulgaires concubines. La seule solution, comme Bob Marley le préconisait, est de s’émanciper soi-même de l’esclavage mental. »
La première tune que nous vous partageons est l’une des plus importantes de l’album, “More dem try” reste ainsi gravée dans les mémoires de nombreux fans depuis plus de 18 ans aujourd’hui …
Qui a dit que les rastas étaient tous de joyeux lurons un peu décalés mais ouverts sur le monde et en harmonie avec leur prochain ? Certainement pas l’auteur de “Hunt you” qui nous livrait ici un morceau très explicite où l’artiste traque les hommes battant leur femme mais aussi les lesbiennes ( oui, on ne tient pas à vous cacher le caractère homophobe de certains titres) tout en “chassant pour trouver” une fille naturelle qui lui est destinée …
Alors là c’est du lourd, du titanesque, du mémorable … La chanson qui suit est ni plus ni moins qu’un pilier du ragga jamaïcain et soulignons le, “Jah Jah City” a aujourd’hui dépassé de loin le seul cercle des initiés de la musique des “Jah’s children” … Un morceau néanmoins plein de spiritualité et de prières dirigées vers Sa Majesté Sélassié I le premier et rendant également hommage à Mr. Marcus Garvey, principal instigateur de la pensée panafricaine du début du XXème siècle et premier prophète de la religion rastafarienne.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de vous balancer le remix clan de ce morceau, avec le groupe de new roots Morgan Heritage mais aussi Jah Cure et tant d’autres … Bless !
Et enfin, dernier morceau que avons choisis pour vous représentez l’album n’est autre que “Bun Dung Dreddie” qui se tournait pour le coup vers sa propre communauté afin d’y dénoncer les faux rastas, ceux qui ont adopté les attributs de la religion rasta ( dreadlocks, lion de Judah … entre autres) mais n’en respectent pas les principes ni le mode de vie “I-Tal” …
“How you fi Ras and then you still ah eat pork?
How you fi Ras and then you still ah smoke coke?”–
“Comment peux tu te dire rasta et manger du porc ?
Comment peux te dire rasta et fumer de la coke ?”
Et si aujourd’hui les détracteurs de Capleton sont nombreux à cause de ses paroles souvent jugées extrêmes envers la communauté homosexuelle ou les toxicomanes, le mélomane avisé saura sans doute faire la part des choses en séparant habilement certaines idées radicales de l’artiste et son talent incontestable, notamment dû à son instrument vocal qui reste aujourd’hui l’un des plus vibrants de la musique jamaicaine … Nuff respect au Roi du Feu !