JAY-Z, Meek Mill et d’autres rappeurs cherchent à interdire l’utilisation de paroles de rap dans les tribunaux de New York

JAY-Z, Meek Mill, Fat Joe et d’autres ont apporté leur soutien à une proposition de loi new-yorkaise qui vise à interdire l’utilisation des paroles de rap dans les tribunaux. 

Selon Rolling Stone ; Hov, Big Sean, Yo Gotti, Killer Mike, Kelly Rowland, Robin Thicke et d’autres ont signé une lettre mercredi 19 janvier exhortant les législateurs de New York à adopter le projet de loi “Rap Music on Trial”.

Ce projet de loi, qui a été présenté pour la première fois en novembre dernier, limiterait l’admissibilité des paroles de chansons ou d’autres  “expressions créatives” d’un défendeur en tant que preuve d’un crime présumé. 

Au lieu de cela, les procureurs devraient prouver que les paroles de chansons sont “littérales, plutôt que figuratives ou fictives” en utilisant “des preuves claires et convaincantes”.

“C’est une question qui est importante pour [JAY-Z] et tous les autres artistes qui se sont réunis pour essayer d’apporter ce changement”, a déclaré l’avocat de Hov, Alex Spiro, dans un communiqué. “Il s’agit d’une démarche longue à venir. M. Carter est de New York et s’il peut prêter son nom et son poids, c’est ce qu’il veut faire.”

Spiro a coécrit la lettre avec Erik Nielson, professeur à l’université de Richmond, qui a coécrit le livre Rap on Trial en 2019. Ils y soulignent les racines profondes de la musique rap en matière de narration et l’utilisation d’un langage hyperbolique, tout en affirmant que le genre “emploie tous les mêmes dispositifs poétiques que nous trouvons dans des œuvres de poésie plus traditionnelles.”

Nos paroles sont une forme créative d’expression personnelle et de divertissement – comme tout autre genre”, a ajouté Fat Joe. “Nous voulons que nos mots soient reconnus comme de l’art plutôt que d’être militarisés pour obtenir des condamnations au tribunal. J’espère que le gouverneur et tous les législateurs de New York prendront notre lettre en considération, protégeront nos droits artistiques et prendront la bonne décision en adoptant cette loi.”

Les sénateurs new-yorkais Brad Hoylman et Jamaal Bailey ont présenté le projet de loi “Rap Music on Trial” en novembre dernier, en déclarant : “L’art est une expression créative, pas un schéma de plans criminels.” Dans une déclaration, les deux législateurs ont mentionné un jugement rendu en janvier 2021 dans le Maryland où les paroles de la musique du rappeur Lawrence Montague ont été utilisées comme preuves par les procureurs pour le condamner.

Des précédents qui justifient la lutte

Les paroles de rap ont longtemps été utilisées pour mettre les rappeurs derrière les barreaux. De Bobby Shmurda et YNW Melly à Tay-K et feu Drakeo The Ruler, d’innombrables artistes ont vu leurs rimes utilisées contre eux au tribunal, les procureurs arguant que leur musique est une confession lyrique de leurs crimes présumés.

Ainsi, l’ancien rappeur de No Limit, Mac Phipps (qui avait été surnommé le “Nas du sud”), a passé 21 ans en prison pour homicide involontaire, les procureurs ayant déformé les paroles de deux de ses chansons pour le dépeindre comme un tueur de sang-froid, tout en jouant sur les préjugés des jurés.

“Le procureur a fait un travail sacrément bon, mais sournois”, a-t-il déclaré à The Undefeated après sa libération de prison l’an dernier, obtenue de haute lutte. “Il m’a fait passer en jugement et bien que je n’avais pas d’antécédents criminels ou quoi que ce soit, il a réussi à convaincre ces jurés que j’étais un monstre.”

La législation a été adoptée par la commission des codes du Sénat mardi, ce qui renforce considérablement ses chances d’être soumis à un vote complet au Sénat.

“J’espère que le gouverneur et tous les législateurs de New York prendront notre lettre en considération, protégeront nos droits artistiques et prendront la bonne décision en adoptant ce projet de loi.” C’est bien là,  le vœu que formule Jay-Z.