GRAFFITI
HHC
est allé faire un tour à l’expo Paris History x Of Graffiti pour découvrir ce que le graff parisien avait à nous dévoiler. L’expo se tient dans les locaux de La Place, le tout nouveau centre culturel Hip-Hop à Chatelet. C’est le fameux groupe de rap La Scred Connexion qui est l’initiative de ce travail. Un travail de recueille de clichés, de témoignages, leur permettant de retracer l’histoire de cette discipline ; parfois vue comme un art à part entière, parfois apparentée à des mouvements contestataires ou à du simple vandalisme.
En tout cas une chose est certaine, cette exposition nous prouve à quel point le graff et le rap sont intimement liés et c’est d’ailleurs ce qui ressortira de notre discussion avec Koma (Scred).
Dès l’arrivée, l’accueil est chaleureux, un bar est accessible dans une ambiance assez cosy. Nous sommes un jeudi, c’est donc la nocturne. La musique accompagnera notre visite, c’est groovy, funky, de bonnes conditions pour aborder les choses.
Déjà l’exposition se dessine sous nos yeux, on distingue des photos, des objets plutôt insolites comme une porte de métro recouverte d’un graffiti…ça y est le décor est planté.
L’idée, comme le souligne Koma:
« C’était de faire une expo orientée histoire plutôt que purement art ».
C’est donc par époque qu’ils ont décidé de segmenter le parcours.
On commence par entrer dans la genèse.
Elle raconte les débuts, c’est-à-dire de 1982 jusqu’en 85. C’est comme ça que l’on apprend qu’au tout début, la première forme de cette discipline est pratiquée par des fils de bonnes familles et des étudiants en école d’art.
Mais c’est un événement qui va être le fer de lance de cet art en France : le New York City Rap tour en novembre 82. Une soirée où toutes les disciplines du hip-hop étaient représentées et qui a inspiré bon nombre de jeunes parisiens. Finalement, on se rend compte que beaucoup prendront la bombe de peinture bien avant de prendre le mic.
Peu à peu le mouvement s’installe, la presse commence à en parler et même la marque Altona (bombe de peinture) se met à sponsoriser les meilleurs graffeurs et les utilise pour ses pubs.
On passe ensuite à la génération Stalingrad de 1986 à 1990.
C’est à cette époque qu’est apparu la bible du graffiti artiste, le livre Spray Can Art, écrit par Henry Chalfant & James Prigoff : photos, commentaires, informations, sans doute un des premiers livres aussi complet sur l’art de manier la bombe à spray.
On apprend aussi comment l’arrivée du RER a ouvert Paris aux banlieusards et comment cette seconde génération de graffeurs a littéralement redécoré les stations La Chapelle & Stalingrad.
Mais c’est aussi à ce moment que le tag commence à avoir mauvaise presse ; alors que dans le même temps Queen Candy lance la Zulu Letter, premier fanzine 100% hip-hop en France. On pouvait se le procurait dans des lieux connus des initiés comme le shop Ticaret, repère pour la mode et le mouvement.
Au fil des photos, coupures d’articles et objets en tout genre témoignant de ce passé artistique, la visite continue jusque :
Dans les années 90-95, appelées aussi « La guerre du métro ».
Tandis que les artistes descendent dans le métro, après que l’un d’entre eux ait réussi l’exploit de faire un « whole car » ( une rame entière), la RATP entre en guerre pour réprimer ce mouvement. Cependant, elle surfe également sur la tendance en engageant le graffiti artiste américain Futura 2000 pour sa campagne de pub « Ticket chic, ticket choc ». Ironique donc…
Arrive ensuite la fin des années 90, intitulée « Paris sous les bombes », où l’on découvre l’importance du graff qui maintient en vie le mouvement Hip-Hop qui a tendance à s’essouffler. On peut également admirer une superbe collection de fanzines : Radikal, Authentik, Molotov Cocktail…
L’exposition se termine sur la cinquième et dernière partie : « La nouvelle ère ».
Principalement constituée de clichés de la dernière génération de graffeurs, on constate un style nouveau. Le graffiti inspire encore et évolue toujours. Mais il est aussi agréable de reconnaître dans le « new style » les influences des anciens.
Quant au rapport avec le rap, il faut y aller pour le comprendre et découvrir des sketchs de Dj Dee Nasty, croiser des visages connus sur les couvertures des fanzines ou encore lire des noms qui ont d’abord été des blazes de graffeurs avant d’être des blazes de rappeurs.
Paris History x Of Graffiti rend un bel hommage à un art sous-médiatisé, comme souvent concernant les disciplines Hip-Hop. Le choix de proposer une visite qui inscrit le graffiti dans l’Histoire est judicieux et très intéressant. Finalement, que vous soyez initiés ou non à cette culture, cette exposition aura forcément quelque chose à vous apprendre ou à vous rappeler !
Et Koma a pensé à tout le monde puisque lorsqu’on lui demande s’il y aura d’autres lieux d’exposition, il nous répond qu’ils essaieront d’aller en province, et ça c’est vraiment cool !
Exposition Paris History x Of Graffiti
La Place – 10 passage de la Canopée 75001 PARIS
jusqu’au 13 juillet 2016 de 13h à 19h.
Sources : exposition Paris History x Of Graffiti / Dossier pédagogique de l’exposition, La Place.