Yuma Productions est une société de production de spectacles basée à Lyon et créée en 2009 par Eric BELLAMY, ex directeur de La Lyonnaise Des Flows.
Pendant plus de 10 ans, Eric Bellamy et son équipe ont collaboré avec les plus grands noms de la musique urbaine et produit les tournées de la majorité des artistes de rap français. Aujourd’hui, son fondateur revient sur ses débuts et nous en dit un peu plus sur Yuma Production.
1. Voilà bientôt dix ans que Yuma Prod existe et prospère, les rappeurs qui ont rejoint l’aventure sont aujourd’hui aussi nombreux que talentueux et le succès est complet, mais de quoi part cette histoire ?
Yuma est l’aboutissement d’un long chemin démarré dans les années 1990 dans le hip hop français. Lorsque j’ai démarré dans ce milieu, je me suis entrainé aux différentes disciplines de cette culture, pour finalement trouver ma place dans la musique, passer derriere les platines, monter mon groupe IPM a Lyon, faire mes 1ers concerts, monter ma 1ere structure associative qui m’a permis de financer les 1ers achats de matériels.
La suite a été de contractualiser des concerts, s’organiser, et démarcher pour les concerts d’IPM. Avec ces revenus, et le répertoire du groupe qui commençaient à ressembler à des morceaux originaux, on s’est dit avec mes associés de l’époque qu’il fallait monter un label qu’on a appele LYONNAISE DES FLOWS pour sortir l’album d’IPM et ensuite d’autres projets.
De là, l’activité et le métier de producteur de spectacle a véritablement démarré en 2000 lorsqu’on a commence a proposer nos services a d’autres groupes parisiens de rap français.
J’ai rapidement travaillé avec Busta Flex, Less Du Neuf, ou Kery James…
On a ensuite continué a développer le travail sur les tournées, la constitution du réseau a l’époque ou le rap français était en train de monter en puissance, mais faisait peur aux salles et aux promoteurs.
On a pris pas mal de risques, ce qui m’a valu de déposer le bilan de 2 sociétés avant de trouver mon schéma économique viable, une façon de travailler, une équipe solide, et une confiance des acteurs du réseaux des concerts et des managers.
Yuma est donc un fruit de tout ca, et a réellement pris son envol grâce au succès de Sexion D’Assaut et Youssoupha en 2012, puisqu’il faut de gros succès aussi pour etre respecté dans ce milieu.
On est dans de belles années pour le rap français, qui grâce au streaming est une des musiques les plus rémunératrices et donc quand le système est prospère, tout le monde en profite.
Heureusement, j’ai pu tenir et continuer a rester focaliser sur l’esthétique ou on est reconnu, et qui aujourd’hui fonctionne très bien.
2. Vous êtes aujourd’hui à la tête d’une des sociétés de production les plus pesantes du milieu français et à ce sens vous bénéficiez d’une influence réelle sur le mouvement actuel … Que recherchez-vous actuellement chez un artiste ?
On recherche plusieurs choses: soit le potentiel qui peut se repérer par le charisme d’un artiste lorsqu’on se rencontre, soit un coup de coeur lorsqu’on le voit en live ou qu’on écoute son disque, soit tout simplement une féroce envie de progresser sur scène et d’apprendre le métier de la tournée.
On signe un artiste pour l’une de ses raisons, mais on fonctionne beaucoup a l’instinct, donc parfois on se trompe ou on laisse passer des projets parce qu’on ne les sens pas.
3. Pourriez vous nous donnez trois mots qui définiraient la ligne directrice de Yuma Productions ?
Chez Yuma, la véritablement valeur ajoutée est de pouvoir travailler sur du développement, tout en ayant les moyens et le savoir faire pour aussi faire des tournées zéniths, donc travailler sur des petites salles de 300 places comme des zéniths, Bercy…
Donc les 3 mots seraient: savoir faire, développement, et persévérance.
4. Une entreprise qui fructifie autant dans la musique est forcément ambitieuse, vers quels horizons te projettent tu maintenant que la position de Yuma est bien assise dans le paysage rap ?
Je me situe dans la 1ere ligue, mais je veux que Yuma soit dans la ligue des champions. Il me manque encore des artistes majeurs, j’ai plein d’idée, et vraiment envie de m’amuser.
Il y a l’export qui s’ouvre un peu sur le rap français, notamment les pays anglo saxons qui commencent a s’intéresser au rap français, et l’Afrique qui est pour moi le continent sur lequel le live est en train de se structurer et dont le marche est tres prometteur.
5. Aurais tu le souvenir d’une prestation particulièrement marquante que tu ais envie de partager avec nous ?
Le 1er bercy complet que j’ai produit avec la Sexion d’Assaut, qui nous remercie sur scène… Le public est en feu et la, j’ai un déclic: je m’aperçois que je suis en train de basculer en terme de moyen de productions, de ce qu’on peut faire, et que cette musique est en train de gagner auprès de toute la jeunesse, et même les generations.
6. Nous apprenons également la réédition de plusieurs albums du groupe IPM dans lequel tu officiais en tant que beatmaker, c’était il y a 20 ans déjà … Pourrais tu nous confier une anecdote vis à vis d’une création ou d’un moment partagé avec le groupe ?
Certains des plus beaux moments sont pour moi les premières sessions de répétitions qu’on faisait dans le sous sol d’une école primaire sur le boulevard des états unis à lyon. C’étaient les moments où le groupe a commencé à se structurer. Chacun venait d’une semaine à l’autre avec ses textes, instrus, et on a commencé à faire nos premiers morceaux originaux. On était jeune et on avait la faim de rap… Un jour, un dimanche après midi en sortant d’une répétition, on tombe sur une bande de skinhead qu’on aperçoit de loin. On était chargé, et moi je portais mon sampler (le Roland W30) qui était un grand clavier. Un des skinhead s’est approché de nous et a sorti un sabre. Je peux te dire qu’on a tous tapé le sprint de notre vie, mais heureusement on a réussi à les semer puisqu’on connaissait bien les recoins de ce quartier.
C’était chaud à lyon avec les skinheads à cette époque.
Les autres très bons moments étaient aussi les temps de studios où tu accouches les morceaux, et les voyages qu’on a fait grâce au concert aux 4 coins de la france, et au Maroc, en Suisse, en Croatie, en Belgique,..etc…
7.I.P.M … 3 lettres pour une seule et même voie : l’Impact Par les Mots, une devise qui se ressent constamment au fil des tracks. Yuma Production est-il une suite logique à cet engagement que portait le groupe originel ?
Yuma est clairement une société de prod dont l’Adn est le hip hop et le rap français.
Dans notre roster, il y a des artistes comme DINOS, MEDINE, NISKA, KALASH, DAMSO, VEGEDREAM ou JUL.
Dans IPM, il y avait déjà cette vision transversale du rap français dans la pluralité des sonorités, des textes, des influences et l’envie de faire des chansons populaires.
8. Damso, Niska, Moha la Squale, Dinos, Medine, Sniper ne sont que quelques uns des nombreux talents qui vous accompagnent aujourd’hui sur le projet, as-tu également en tête des noms d’artistes encore méconnus que tu souhaiterais ajouter à ce vaste catalogue ?
Ah ah, je n’ai pas un tableau de chasse bien établi. Je préfère rester vif et opportuniste en fonction de ce qui va arriver.
Nous sommes en négociation sur pas mal de nouveaux projets qui vont arriver, mais que je ne peux pas encore dévoiler.
9. Peut on espérer un nouvel album de l’Intelligent Posse Movement ?
Non c’est pas a l’ordre du jour, puisqu’on est passe a autre chose en réalité.
On va juste faire un concert le 29/01/19 au Ninkasi Kafe a lyon pour se marrer et pour les gens qui ont envie de partager avec nous en live les morceaux d’ipm.
10. Dans un esprit purement mélomane pour conclure, aurais tu un coup de coeur récent à nous faire partager ?
En réalité dans cette profusion de musique et de sortie, diffcile de bloquer longtemps sur un album. Le dernier album d’Anderson Paak « Oxnard » est celui que j’écoute avec beaucoup de plaisir en ce moment.
