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Tha Carter III ou comment le petit Wayne est devenu grand

2008 a été une année charnière d’un point de vue musical. Malgré l’ombre au tableau qu’a été la mort d’Isaac Hayes, on a eu droit à une sacrée cuvée : l’aube du phénomène Adèle, la percée de l’excentrique Lady Gaga, le chagrin autotuné de Kanye West, Beyoncé et son Single Ladies, le retour d’AC/DC etc.  Mais les regards étaient surtout braqués sur un seul homme: LIL WAYNE. 

15 ans, ça passe très vite…

Tha Carter III, son magnum opus fête ses 15 ans. Du second couteau qu’il était, cet album le fera passer au statut de superstar mondiale. 

L’album devait initialement sortir en 2007. Mais internet ayant mis un sacré coup de godasse dans la fourmilière qu’est l’industrie du disque, des morceaux se retrouvent sur la toile. Tha Carter III est reporté. Lil Wayne a, cependant, passé un cap. La collaboration avec les Destiny’s Child l’a fait découvrir à un public mainstream. Son album précédent, Tha Carter II, est un succès critique et commercial. Il a noyé le marché sous un déluge de mixtapes et a collaboré avec tout le game. Il s’est autoproclamé “Best rapper alive” et doit confirmer ce statut. L’attente autour de lui est énorme.

Lollipop”, le premier single est envoyé en éclaireur. Production lascive, couplets autotunés, refrain accrocheur assuré par le regretté Static Major. Les ingrédients du hit sont réunis. Et c’est le carton plein. Lollipop est en tête des charts pendant 5 semaines. Le second single, “A Milli”, est un véritable ovni musical. Celui-ci prend le contrepied de “Lollipop” et revient à un rap plus rugueux. L’instrumental est totalement dépouillé, laissant Lil Wayne en roue libre aidé de sa voix grinçante. Le rap ne sera plus jamais le même après.

L’album sort finalement le 10 juin 2008. Comme on pouvait s’y attendre, il est en tête des ventes, scorant plus d’un million de ventes en première semaine. Le dernier rappeur à réaliser cet exploit avant lui est 50 Cent, trois en plus tôt avec The Massacre. L’album est varié, oscillant entre chansons aux accents mélodieux et d’autres plus dures dans le ton. La liste des invités est toute aussi alléchante. Entre autres, T-Pain, Babyface, Betty Wright, Robin Thicke, Busta Rhymes. Jay-Z dont les collaborations sont rares lui offre un couplet sur le morceau Mr. Carter. Seul Eminem que Lil Wayne a convié est aux abonnés absents. Il corrigera le tir sur l’album suivant.

Grâce à Tha Carter III, Lil Wayne marque le rap au fer rouge et remporte deux Grammy dans la foulée. Avec T-Pain, il a consacré l’Autotune comme une norme et a fait des émules. Certains morceaux de Tha Carter III ont été remixés à toutes les sauces. Aujourd’hui, des artistes majeurs comme Future, Lil Baby, Lil Uzi Vert peuvent être considérés comme sa progéniture. Même un Kendrick Lamar dont la musique est aux antipodes de la sienne le cite comme une référence. 

A titre personnel, Tha Carter III n’est pas l’album de Lil Wayne que je préfère, mon cœur étant tout acquis à Tha Carter II qui l’a précédé. L’album commun avec Birdman aussi est excellent. Je n’écoute plus assidûment l’artiste depuis quelques années. La faute à sa musique devenue trop erratique. Je déplore aussi sa trop grande consommation de substances peu recommandables. Choses qui l’ont pas mal amoché physiquement, osons le dire. Néanmoins, il reste une légende.

Tha Carter III a connu deux suites qui, hélas, n’ont pas été à la hauteur.

L’avez-vous écouté? Vous a-t-il marqué ?

Éditorial signé Sem Bankole