T.I., s’il te plaît, dis-moi que tout ceci n’est pas vrai

Trafic sexuel, viols, violence et mauvais traitements impliquant au moins dix-neuf femmes dont des mineures ? Pas ça T.I… Pas aujourd’hui, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait.

Mon sang s’est glacé ce vendredi 29 janvier lorsque j’ai appris que T.I. légendaire rappeur d’Atlanta et pionnier de la trap music s’est retrouvé embourbé dans une sordide affaire. Des témoignages clairs l’accusent lui et sa femme Tiny de trafic sexuel, agressions sexuelles et physiques impliquant au moins dix-neuf femmes, dont des mineurs. Des faits qui se seraient déroulés de 2005 jusqu’à 2019.

Depuis la sortie médiatique rocambolesque de la première victime, une entrepreneuse et amie du couple Harris prénommé Sabrina Peterson, les accusations et les témoignages se suivent et se ressemblent. Regroupés par le site spécialisé Adramatic Hip-Hop, tous font état d’actes et d’atrocités similaires : agressions sexuelles, viols, incitation à la prise de drogue, violences… Avec une Tiny visiblement plus sadique et agressive que son mari.

Certes, pour le moment, aucun témoignage ne constitue réellement une preuve tangible contre le couple Harris devant la loi. La préemption d’innocence se doit donc d’être invoqué. Malgré tout, je ne peux pas m’empêcher, en tant que fan de T.I., d’exprimer ma déception.

Il a beau avoir nié en bloc toutes ces accusations et crié à la diffamation, comment ne pas douter ? Dix-neuf témoignages, c’est beaucoup et les détails semblent trop bien ficelés pour n’être que de simples coups montés. T.I.P, après tout ce que tu as fait, s’il te plaît, dis-moi que tout ceci n’est pas vrai.

Clifford Harris reste effectivement encore à ce jour l’un des artistes qui m’ont le plus influencé durant mon adolescence. Bien au-delà de ses talents de rappeurs, d’acteur et son swag défiant toute concurrence, il est de ceux qui m’ont aidé à me forger une identité de hustler face aux épreuves de la vie. En grandissant, j’ai toujours admiré son parcours, celui d’un homme fier, assuré, loyal intègre, conscient de ses failles et qui surtout, assume ses erreurs. Il y a quelques jours encore, alors que je traversais une période de doute dans ma vie personnelle, j’écoutais ses morceaux pour garder le cap.

Et puis, comment ne pas être admiratif en voyant que cet ex-taulard a finalement trouvé sa rédemption ? Avant même l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le trap king incarcéré du passé est en effet devenu un fervent activiste du mouvement Black Lives Matter. Comme si mettre sa musique au service de la justice sociale ne suffisait pas, il a poussé son engagement encore plus loin en rejoignant les équipes municipales de sa ville d’Atlanta pour tenter de faire changer les choses à l’échelle locale. D’un homme à problèmes habitué à passer par la case prison, T.I. devenait l’ambassadeur d’une cause juste. L’histoire finissait bien, il serait bien moche de la gâcher avec des crimes aussi affreux. Faire passer des « tests de virginité » à sa fille, c’était déjà limite, croisons les doigts pour que le rappeur n’entache pas encore un peu plus son image.

Se pose ainsi toujours cette même question quand un tel cas de figure se présente : faut-il séparer l’homme de l’artiste ? Pour ma part, j’ai tenté l’expérience et celle-ci m’a laissé un goût amer. Comment écouter un mec qui dans son rap prône un style de vie irréprochable, la rédemption, la justice et la fierté d’être qui l’on est, en sachant que son nom est possiblement lié à une ignoble affaire de trafic sexuel qui dure depuis plus de 15 ans  ? Délicat vous en conviendrez.

Évidemment, il est encore trop tôt pour blâmer T.I. de quoi que ce soit. Les témoignages sont sortis et il a exercé son droit de réponse. Maintenant, il ne reste plus qu’à la justice de faire son travail. En 2010, il a juré que la prison c’était fini pour lui. Soyez sûrs que si toutes ces accusations venaient bel et bien à se confirmer, le King d’Atlanta sera déchu et décapité. Comprenez qu’il perdra définitivement sa couronne, et ce à tout jamais.

Jérémie Leger
Jérémie Leger

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