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A$AP Rocky : l’icône du néo-rap et de la mode

Avec seulement trois albums à son actif, le rappeur d’Harlem a su s’imposer comme une tête d’affiche de la musique mondial ainsi que de la mode.

Parfois, dans le rap, il y a des ovnis qui débarquent sans crier gare. Des artistes qui se démarquent malgré une concurrence toujours plus grande et sans pitié. Au milieu des années 2000, un étudiant dissipé de l’université de Chicago du nom de Kanye West arrivait ainsi dans le hip-hop avec une vision artistique encore jamais vue. À l’aube des années 2010, un ancien dealer de Harlem nommé Rakim Mayers est sorti de l’ombre. On ne le sait pas encore, mais il va tout mettre en place pour perpétrer un véritable hold-up dans le rap game. En effet, comme Kanye West à son époque, A$AP Rocky a prouvé qu’il était en avance sur son temps – aussi bien musicalement que culturellement.

A$AP Mode

Dès ses débuts, il n’est pas seul. En effet, depuis 2006, il fait partie du crew A$AP Mob, fondé par le regretté A$AP Yams, le styliste A$AP Bari et le mannequin A$AP Illz. Tous les membres du collectif (rappeurs, créateurs, réalisateurs et producteurs) partagent un même but : faire briller Harlem sur la carte du hip-hop, à l’heure où le Sud des États-Unis est au centre de toutes les attentions. La troupe a compris avant tout le monde que le hip-hop est pluridisciplinaire, qu’il ne se limite pas seulement au rap, mais comprend également une part de lifestyle.

Si il est aujourd’hui impossible de dissocier les deux, la A$AP Mob était à ses débuts marginalisée dans la sphère hip-hop pour son goût un peu trop prononcé pour la mode. D’autant qu’à l’heure où tout le monde s’habillait avec des sapes hyper amples, les A$AP optaient plutôt pour des tailles “skinny” et “slim”. Progressivement, A$AP Rocky va s’imposer comme la figure de proue du crew. Sa force dans la mode, c’est d’avoir réussi en premier à porter à la fois du luxe et du steetwear. Si les frontières entre les deux se confondent de plus en plus à notre époque, ce n’était pas évident il y a dix ans.

Flaco est même aujourd’hui considéré comme l’un des mannequins les plus en vue du monde. Il est ainsi devenu l’égérie de Dior, et a posé de nombreuse fois pour Gucci, dont une session ou il a pu ramener son ami Tyler, The Creator. La liste serait trop longue, mais il faut savoir que ce dernier a aussi porté les créations de Adidas, Guess, JW Anderson, Supreme, HBA, Jeremy Scott, Raf Simons ou encore Rick Owens a des fins publicitaires.

Un rappeur novateur

Lorsqu’en 2008 A$AP Rocky rejoint la Mob, il a 20 ans et n’a toujours pas sorti une seule mixtape. Cependant, ses compétences mises en lumière sur ses premières démos ne laissent planer aucun doute sur son potentiel au micro. C’est donc tout naturellement qu’il va s’imposer comme le rappeur phare de la formation new-yorkaise. Trois ans plus tard, après le succès de son tube “Peso” produit par A$AP Ty Beats, il signe un contrat de 3 millions de dollars avec Sony/RCA. Au-delà de son potentiel indéniable à toucher toutes les branches du public hip-hop par ses liens étroits avec la mode, il va encore une fois montrer son avant-gardisme, à travers ses inspirations musicales.

A$AP Rocky puise sa force dans une inspiration musicale venue de tous les horizons du rap : Houston pour les flows ralentis, Memphis pour les basses lourdes et les flows rapides, et Atlanta pour les bases trap. Mais le Sud n’est pas la seule inspiration du MC. Il a aussi puisé du côté du Midwest et forcément, dans son fief new-yorkais, tout en ayant un aspect West Coast dans ses textes. La force d’A$AP Rocky est bien là : il sait s’illustrer dans tous les styles de rap. Sans oublier son entourage, qui le façonne de délicieuses productions lunaires et futuristes, que l’on pourrait juger d’intemporelles, au même niveau que celles d’un certain Kanye West.

Bien que la plume du rappeur ne soit pas reconnue comme étant l’une des plus riches du rap game, A$AP assure avec son flow et ses gimmicks. Outre l’ego trip qui reste sa marque de fabrique, il parle de sa vie, de la rue et de la célébrité, ainsi que de ses rapports à la famille et à la mode. Il se paye même le luxe d’un rap plus introspectif, et parfois même engagé, en abordant le douloureux sujet de la violence policière envers la communauté afro-américaine.

Polyvalence artistique

Cette polyvalence artistique et sa volonté de sans cesse explorer de nouvelles directions artistiques sera visible progressivement au fil de ses projets. D’abord sur sa première mixtape gratuite, Live. Love. A$AP, sortie en 2011, puis sur ses deux premiers albums, Long. Live. ASAP et At. Long. Last. ASAP. Une polyvalence musicale qui se retrouve dans les collaborations présentes dans ces projets : Lana Del Rey, Skrillex, Rod Stewart, Joe Fox, Miguel, ect…). Parallèlement à son travail en solo, il a ces dernières années porté les deux dernières mixtapes de l’A$AP Mob, les Cozy Tapes Vol. 1 et 2. Deux projets pour prouver que cette dynamique “touche-à-tout” est avant tout une affaire de famille.

Son dernier projet date de 2018, et s’intitule Testing. Ce dernier représente à la perfection l’éthique artistique du rappeur d’Harlem. Ce projet est bourré d’essais et de collaborations tous plus étonnants les uns que les autres. Cet album est, à l’image du morceau introductif, audacieux et distordu. Un peu comme l’était “On Sight” sur l’album expérimental de Kanye West (oui, encore lui), Yeezus. Testing symbolise la philosophie globale d’A$AP Rocky. Celle d’aller toujours plus loin dans l’expérience musicale et de repousser toujours plus les frontières de sa culture. Certes, il lui reste du chemin à faire, mais qu’il se rassure, il a toujours ce petit coup d’avance sur les autres.

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