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La rappeuse Da Brat a aujourd’hui 44 ans ! [Classique]

Lorsqu’on parle de la fabuleuse histoire du rap game, on mentionne sans difficultés les plus grands rappeurs qui ont fait de cette musique ce qu’elle est aujourd’hui. Mais on oublie bien souvent de rendre hommage à toutes les femmes qui ont elles aussi œuvré pour le rap. On pense évidemment à des Missy Elliott, ou même des Sylvia Robinson, moins connues, ou bien encore, si vous êtes plus portés sur le côté “Thug”, la rappeuse Da Brat.

Si on vous en parle aujourd’hui, 14 avril, c’est parce qu’on fête aujourd’hui ses 44 ans. Et comme le Samedi, c’est le jour des classiques, on a décidé de se pencher un peu sur son cas, car il faut le dire : niveau classiques, Da Brat (ou Shawntae Harris de son vrai nom) a une petite collection à faire valoir. Evidemment, c’est pendant l’âge d’or des années 90 qu’elle s’est distinguée, mais elle est toujours officiellement en exercice. Actuellement, elle apparaît de temps en temps dans une télé réalité, “The Rap Show”, en tant que recruteuse de jeunes talents. Ces jeunes ont bien de la chance d’être coachés par une personnalité aussi importante que Da Brat, dont on va revenir sur le parcours avec vous.

La Sale Gosse débarque

Si Da Brat est une artiste si emblématique, bien qu’elle soit un peu tombée dans l’oubli pour la plupart des médias aujourd’hui, c’est dû autant à sa musique qu’à son parcours de vie, sa carrière dans le rap. Elle a franchi toutes les étapes une à une, valident donc son parcours de combattante du ghetto de Chicago. Après quelques études dans les établissements les moins favorisés des USA, pendant lesquelles elle figurait visiblement parmi les élèves classés “à risques”, elle se lance dans le hip hop au niveau le plus amateur. Elle est repérée en 1992 lors d’un concert de rap organisé par Yo! MTV Raps, un des shows TV américains de hip hop ayant le plus d’impact. La rumeur dit que ce sont les deux membres de Kriss Kross qui lui ont remis son prix.

Surtout, ce sont eux qui l’ont présentée à la personne qui va lancer sa carrière : monsieur Jermaine Dupri, qui a beaucoup œuvré pour les femmes du Rap / RnB à l’époque (le groupe Xscape par exemple, ou encore Mariah Carey). Da Brat fait partie des premières artistes signées par le boss de So So Def Recordings. Il entreprend de lui faire enregistrer son premier album, “Funkdafield”, qui sera un succès colossal, se classant numéro 1 des Charts Rap US, et décrochant un disque de platine bien mérité, faisant d’elle la première rappeuse à vendre 1 million de copies ! I faut dire que le projet était particulièrement réussi : fortement influencé G-Funk / West Coast, Da Brat y a parfaitement joué son personnage de fille forte du ghetto, décrivant la réalité de la street avec des mots très crus, et une attitude gangster et rebelle assumée. On l’a d’ailleurs pas mal comparée avec Snoop Dogg, et il y a effectivement plusieurs ressemblances, même si son flow est un peu plus agressif (un peu plus comme Lady of Rage, pour les connaisseurs, présente sur le premier album de Snoop).

La Grande Vie

Ce personnage de sale gosse, capricieuse, agressive, et surtout insolente et irrévérencieuse (pour notre plus grand plaisir) l’a rendue hyper charismatique auprès du public. L’image de “Female Snoop Dogg” l’a suivie jusqu’à aujourd’hui encore. Et niveau talent, elle n’a pas grand chose à envier à Snoop, il suffit d’écouter les singles “Fa Ya’all” ou “Funkdafield” pour s’en rendre compte. Un talent et un charisme qui lui ont ouvert les portes de l’industrie sur les deux côtes américaines, grâce notamment au carnet d’adresses de Jermaine qui s’épaissit au fur et à mesure que son label explose les ventes. Bien entendu, là où elle est la plus forte, c’est sur les grosses instru West Coast, comme sur “Da Bomb” avec Kriss Kross. Mais elle a également collaboré avec Biggie, sur l’excellent “Da B Side”, ou encore avec Lil’Kim, Missy Elliott, Angie Martinez, et Left Eye, sur le légendaire “Ladies Night Remix” en 97.

Il faut dire que son deuxième album “Anuthatantrum”, sorti un an plus tôt, avait convaincu les critiques, même si les ventes n’étaient pas au rendez-vous autant que pour le premier opus. Un projet où elle alterne entre morceaux plus musicaux, un peu plus mélancoliques, et d’autres toujours aussi gangstas qu’à ses débuts, montrant une véritable polyvalence, à s’écarter un peu de son personnage provoc pour faire preuve de plus de lucidité, comme sur “Ghetto Love” avec T-Boyz. Après cet album, elle se fera surtout remarquer en tant qu’invitée sur de gros morceaux, par de grandes stars (car elle restera validée par le milieu). Une véritable polyvalence artistique, qui lui ouvrira des portes supplémentaires : celles du cinéma, par exemple, comme pour le film “Kazaam” avec Shqauille O’Neal e 96, ou “Rhyme & Reason” l’année suivante. Plus qu’une artiste, elle était devenue un personnage culte à part entière, influençant un peu toutes les rappeuses qui sont arrivées après elle, et le fait qu’elle joue son propre rôle dans les deux films, indique qu’elle faisait vraiment partie du paysage culturel de l’époque.

Thug Life et reconversion

L’arrivée des années 2000 coïncide avec celle du troisième album de Da Brat, “Unrestricted”. un projet qui porte bien son nom, car il est l’occasion pour elle de casser les codes, en se détachant de son image de gangster, en mettant par exemple plus en avant le côté sexy. Une véritable prise de risque artistique, lorsqu’on connaît la facilité des médias et des gens à ranger les femmes dans des cases, et qui n’a d’ailleurs pas franchement fonctionné au niveau des ventes. Ces années 2000 ont aussi signé le début des ennuis pour la rappeuse.

Car elle a commencé à empiler les ennuis judiciaires, avec presque toujours les mêmes faits qui lui sont reprochés : la violence. Da Brat est une vrai “tough girl”, et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, comme lorsqu’elle s’embrouille avec une fille dans le carré VIP d’une boîte d’Atlanta, en 2000. Une bouteille cassée et six points de suture plus tard, elle est condamnée à une amende et mise en probation pour un an. Elle se remet ensuite au boulot pour sortir son quatrième album solo, “Limelite, Luv & Niteclubz” (vous noterez la référence, elle aime toujours provoquer) un disque dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est réussi, avec des titres comme “Chuch” en feat avec Cee-Lo Green. Elle commence ensuite sa carrière dans la télé réalité, en sortant de temps en temps de très bons singles, comme “I Think they like Me” avec Dem Franchise Boyz, Jermaine Dupri et Bow Wow en 2005.

Puis son amour pour la bagarre la rattrape : en 2007, elle nous refait le coup de la bouteille, le soir d’Halloween, envoyant une hôtesse à l’hôpital. Cette fois, c’est la case prison pour Da Brat, condamnée à 3 ans fermes plus 7 de probation. C’est un peu autre chose que cette pathétique bagarre entre Chris Brown et Drake si on peut se permettre… Elle sortira de taule en 2011, puis lancera une web-série sur son expérience de vie, avant d’embrasser définitivement une carrière dans la télé. Si les années 2000 n’auront pas été si fructueuses pour elle musicalement, elle n’a pas vraiment perdu d’influence, étant toujours présente dans des télés réalités, des shows de talents, des films ou séries (comme “Empire” en 2015).

Mais ça n’efface rien à sa sublime décennie de rap des années 90, pendant lesquelles elle a prouvé que le gangsta rap n’était pas du tout un truc de mec. Et au pays des clubs de strip tease et des clips remplis de fesses, c’était un beau pari. Une véritable icône et pionnière du gangsta rap féminin, qui n’avait pourtant rien du garçon manqué, car dès son premier album, elle n’a jamais cessé de parler des problématiques des filles du ghetto, mais en restant dure et forte, comme une vraie Ghetto Queen. Assumer sa féminité (dans un univers rap codifié et hyper “viril”), la revendiquer, tout en adoptant une posture résolument thug : Da Rat était l’une des vraies voix des filles du ghetto. Et aujourd’hui, nombreuses sont les rappeuses qu’elle a influencées. On la remercie pour tout ça, et on lui souhaite un joyeux 44ème anniversaire ! En espérant que ça ne se finisse pas à coups de bouteille, cette fois-ci !