Coronavirus conséquences industrie musicale

Coronavirus : quelles conséquences pour l’industrie musicale ?

À l’heure du prolongement du confinement, il est temps de dresser le tableau des conséquences catastrophiques du coronavirus sur l’industrie musicale.

Lundi 13 avril, le président de la République a officiellement prolongé le confinement jusqu’au 11 mai sur tout le territoire français. Cette mesure s’accompagne également d’une interdiction des rassemblements et ce jusqu’à la mi-juillet. Ainsi, le coronavirus va priver l’industrie musicale de sa période la plus faste.

En effet, les salles de concerts, artistes, festivals, professionnels, discothèques vont être dépossédés à minima de quatre mois d’activité. Ces précautions sont bien évidemment légitimes, mais sonnent comme un véritable coup dur pour l’industrie musicale. C’est pourquoi il est prépondérant de penser au présent et à l’avenir.

Dans cette démarche, Shkyd, l’homme aux multiples casquettes est intervenu dans ce sens. À la fois compositeur, beatmaker et journaliste, il était l’invité de Grünt pour aborder ces problématiques.

Le coronavirus plonge l’industrie musicale dans l’inconnu

Selon lui, les médias rap n’ont pas assez traités l’impact de cette crise. Pourtant, le choc est dramatique pour le spectacle vivant. Effectivement, cette période d’inactivité génère des reports puis des annulations de concerts et de festivals qui ne seront pas sans conséquences pour tous les professionnels du secteur. D’après le directeur de la SACEM, le secteur de la musique se chiffre à 8 milliards d’euros et 260 000 emplois en France. Les pertes estimées sont évidemment gigantesques.

« Deux mois d’arrêt complets de l’activité, cela représente au moins 10% de pertes, c’est-à-dire plus de 800 millions d’euros à l’heure actuelle pour tous les métiers de la musique ».

Autant dire qu’avec quatre mois d’inactivité minimum, la facture dépasse l’entendement. Pour répondre au manque à gagner, les institutions se mobilisent. Le CNM, le Centre national de la musique a mis en place un fond de secours de 11.5 millions d’euros en faveur des TPE et PME du secteur du spectacle et de variétés. De plus, des aides se sont créées en direction des auteurs-compositeurs.

https://twitter.com/frenshkyd/status/1248234037887500295

Chez les tourneurs, salles de spectacle et producteurs, la perte de chiffre d’affaires pourrait atteindre les 50% très rapidement. Pour certains, le dépôt de bilan est clairement une menace.

Du côté des plateformes de streaming, Spotify lance un appel au don et Apple pourrait mettre sur la table 50 millions d’euros d’avances sur recette en direction des labels indépendants. Ainsi c’est tout un pan de l’industrie musicale qui est touchée par cette crise du coronavirus.

Quelles alternatives pendant le confinement et quels risques en sortie de crise ?

Afin de parer à cette interruption d’activités, des solutions se mettent progressivement en place. En effet, au-delà des lives Instagram, se développe un phénomène croissant de « social listening ». Ces plateformes dédiées à l’écoute collective en simultané voient leur audience exploser.

Ainsi, les internautes y voient une manière de se réapproprier la découverte musicale d’un point de vue social. En naviguant par exemple sur JQBX, les internautes forment des communautés en fonction de leurs affinités musicales.

Du côté des artistes, les performances sur Twitch peuvent être pertinentes s’ils possèdent les moyens matériels nécessaires. En réalité, la plateforme est la plus intéressante en terme de rémunération pour des diffusions en direct. Les artistes peuvent ainsi « gagner de l’argent grâce à un système de dons, à la publicité affichée lors de la diffusion ou à l’abonnement payant à la chaîne du streameur qui donne des privilèges à l’abonné ». Une initiative qui pourrait permettre de ne pas reporter les concerts et de les produire sur Twitch.

Pour autant, l’industrie musicale se doit déjà d’anticiper une sortie de crise. Or, les prédictions concernant “l’après” ne sont pas réjouissantes. Selon Jean-Philippe Thiellay, président du Centre national de la musique, la diversité musicale risque d’être entachée :

« Le risque est grand qu’à la faveur de la disparition des acteurs les plus fragiles, le paysage musical se retrouve polarisé entre une économie de survie, pour ne pas dire de débrouille, et une proposition uniformisée circonscrite à une approche consumériste autour des grandes métropoles ou de quelques festivals. Des artistes, connus ou non, jetteront l’éponge et chercheront à gagner leur vie autrement que par leur art. En d’autres termes, nous risquons de créer des déserts musicaux ». 

Le risque principal sera d’assister à une uniformisation des programmations. Afin de renflouer les caisses, les têtes d’affiches pourraient être privilégiées dans le circuit, au détriment des plus petits artistes. Cette crise du coronavirus promet donc de laisser des séquelles à très long terme pour l’industrie musicale. Tandis qu’en Allemagne, les salles de spectacle pourraient rester fermées pendant 18 mois.