Bref retour sur la saga la plus emblématique du jeu vidéo. De GTA I en 1997 à GTA V en 2013, les studios Rockstar Games ont construit leur légende autour du gameplay en monde ouvert mais aussi autour de polémiques qui ont jalonné leur parcours, qu’elles soient provoquées ou subies.
GTA I et II : fun assuré et scandale assumé
Le premier opus de la saga Grand Theft Auto sort en 1997 sur PC puis en 1998 sur Playstation. L’idée de départ est de lâcher le joueur dans une ville et de lui donner beaucoup de liberté. Par manque de moyens techniques, les développeurs renoncent à la 3D et optent pour une vue aérienne. Un format qui diffère grandement des jeux-vidéos de l’époque. L’histoire est d’abord pensée pour que le joueur incarne un policier et doive arrêter des voleurs. Là, ils ont la lucidité de se dire qu’il serait en fait bien plus fun d’écraser des piétons plutôt que de les éviter. Le concept essentiel de GTA est né.
On gagne des points en volant des véhicules et en fonçant sur les autres et les piétons. Il y a bien des missions mais l’essence même du jeu est là : se défouler en semant le chaos en ville. Le jeu a son petit succès. Et déjà sa volonté de créer la polémique. La légende autour de sa sortie raconte que les développeurs font appel à un ami journaliste pour que celui-ci parle du jeu à ses collègues. Pas en bien, mais en pointant le côté radical et scandaleux de l’œuvre. Pour qu’elle fasse parle d’elle.
Il y a déjà 7 radios à écouter au volant de sa caisse volée. Tout ce qui fera le sel de la saga GTA est présent. Le second volume, sorti en 1999, reprend globalement les mêmes codes que son prédécesseur.
Le virage au 3D
Avec GTA III, Rockstar opère un virage majeur. L’ambition est de passer du jeu fun mais de niche à un blockbuster. Pour ça, il faut se mettre à la 3D. Sorti en 2001 sur PS2, console alors à la pointe de la technologie, il s’agit du premier volet développant une histoire avec des personnages aussi complexes. Le développement psychologique du héros, Claude, et la présence de mafias sur le territoire apportent du relief à l’expérience utilisateur. L’histoire s’inspire des films de gangsters à succès comme Les affranchis ou encore Casino. La violence est toujours à son summum, et l’on peut continuer à se servir du jeu comme d’un défouloir.
Les suites Vice City (2003) et San Andreas (2004) pousseront toujours plus loin le scénario. Surtout ce dernier qui nous plonge dans les guerres de gangs en Californie. Un opus véritablement tourné vers la communauté afro-américaine et le hip-hop. Le thème de l’attachement à la famille et à un quartier y sont plus présents que jamais. Carl « CJ » Johnson, le héros, veut venger sa mère et redorer le blason de son crew.
Les polémiques : violence et sexe
GTA est le terrain de jeu idéal pour mettre en œuvre les lubies de ses créateurs. L’extrême violence est un exutoire, un amusement. Problème, cette vision sans concession du jeu vidéo ne plaît pas à tout le monde. Dès 1997, L’avocat Jack Thompson part en guerre contre Take Two, accusant GTA – et plus globalement tous les jeux vidéos – d’être la cause de massacres dans les lycées américains. Peine perdue, il n’a jamais eu de preuve concrète. Mais les polémiques auprès des foyers américains enflent au fur et à mesure du succès grandissant de la saga.
A sa sortie, GTA III est considéré comme le jeu le plus violent de l’époque, à tel point que la chaîne de magasins Walmart demande une carte d’identité à ses acheteurs pour s’assurer qu’ils ont plus de 17 ans. Mais c’est avec San Andreas que la controverse est la plus forte. Dissimulé au sein du jeu, un mini-jeu à caractère sexuel nommé “Hot coffee” est découvert par un joueur et programmateur. Pusieurs utilisateurs choqués demandent alors des indemnisations. Qu’ils recevront (entre 5 et 35 dollars). Une bouchée de pain pour la machine qu’est devenue Rockstar. Mais San Andreas se voit ensuite interdit à la vente aux moins de 17 ans aux États-Unis et déconseillé en Europe aux moins de 18 ans.
Une décision logique, GTA n’ayant finalement jamais eu vocation à être joué par des enfants. “Nos jeux ne sont pas conçus pour un jeune public. Si vous êtes un parent et que vous achetez un de nos jeux pour votre enfant, alors vous êtes un mauvais parent.” déclarait un développeur de Rockstar Games à la BBC.
Pour ce qui est de la relation entre violences et jeux vidéos, une étude scientifique publiée dans Molecular Psychiatry le 14 mars 2018 conteste les liens de cause à effet. GTA continue de marcher sur l’industrie du jeu vidéo, avec GTA IV en 2008 puis GTA V en 2013. Il est fort probable que des parents s’inquiètent toujours de l’influence néfaste de ces jeux sur leurs enfants. Une chose est sûre, c’est qu’il n’existe pas une seule saga combinant divertissement et impact à la hauteur de Grand Theft Auto dans l’histoire du jeu vidéo.