Aujourd’hui même sort le film Ultras de Netflix. Une plongée fictive dans le quotidien des sulfureux supporters fanatiques de l’équipe de football du Napoli.
Ultras débute par un mariage sous le chant des supporters et des fumigènes. Au générique, s’en suit des images d’archives avec le dieu Maradona et surtout beaucoup d’affrontements au stade. En effet, le San Paolo est, depuis longtemps, le théâtre de violents heurts répétés avec les ultras d’équipes rivales et les forces de l’ordre.
Dans ce film Netflix, le réalisateur va suivre le quotidien d’un groupe d’ultras du SSC Napoli, les Apaches. Par le biais de Sandro Mohicano, un interdit de stade d’une cinquantaine d’années, mais aussi d’Angelo, un jeune homme meurtri par la mort de son frère, qu’il va prendre sous son aile.
Là où la mer scintille…
Réalisé par Francesco Lettieri, le film affirme ne s’inspirer d’aucune personne réelle. Cependant, l’assassinat du grand frère d’Angelo par des supporters romains, rappelle une affaire bien réelle. Ciro Esposito, supporter de Naples avait été tué à bout portant par un supporter de l’AS Roma en 2014. Ce meurtre avait été le déclenchement d’une montée des violences et d’incessantes représailles.
Dans la ville vétuste napolitaine, le football est une religion, et un facteur d’émancipation face à une réalité morose. La ville, gangrenée par la mafia et popularisée par la série Gomorra subit de plein fouet le chômage de masse. Pour illustrer cela, la devise « Tutta Colpa della disoccupazione », la faute au chômage, est taguée au commissariat où doit pointer Sandro chaque jour de match.
Seulement ici, pas question de parler du lien entre mafia et ultras, seuls comptent les jeux de pouvoir qui se jouent au sein des Apaches. L’ancienne génération incarnée par Sandro, bannis du stade pour la plupart, voit mal l’arrivée de jeunes ultras bien plus véhéments qu’eux.
Malgré l’interdiction de déplacement, ces derniers ont clairement la volonté d’aller à Rome lors de la dernière journée pour « brûler la capitale ».
Angelo lui, se situe entre les deux camps. Désireux de venger son frère, mais bien conscient de la dangerosité du déplacement.
Sandro, le dernier des Mohicano
Quant à Sandro, il est en proie à deux formes de désirs. D’une part, le désir amoureux et d’autre part le désir de se ranger de cette vie d’ultra éreintante. Dans cette vie napolitaine, il est beaucoup question de foi. Tout d’abord religieuse, car elle est présente partout dans la ville, sur les murs, dans l’architecture. Puis dans les cœurs, la passion amoureuse, celle du Napoli, souvent comparée à une femme.
Est-ce que Sandro aurait-il perdu la foi avec l’interdiction de voir les matchs au stade ? Il ne regarde pas les matchs à la télévision, les écoute de temps à autre à la radio, comme si le lien était rompu. Il ne participe plus au protocole avant et pendant les matchs. Pas de fouilles à l’entrée du stade, ni de préparation et de déploiement des tifos…
Ainsi, tous les enjeux de ce film mènent et se concentrent jusqu’à la dernière journée du Calcio, le déplacement à Rome. Les ultras napolitains sont cachés dans des camions, cocaïne dans le nez. La violence finale est alors inexorable.
De cette production Netflix, on peut regretter quelques lourdeurs, comme les ailes d’anges tatouées dans le dos d’Angelo. Malgré cela, la cohérence de l’ensemble prend le dessus. Quant à Naples, il en restera quelques beaux plans de balades en scooter et de jeunes contemplant le Vésuve.
Ultras est donc une production Netflix à voir, ne serait-ce que pour la cartographie de Naples qu’elle propose, et pour découvrir les dissensions qui peuvent se jouer au sein même d’un groupe de supporters. Ces Apaches qui ne vivent et meurent de l’insurrection.