[Classique] Quand Tandem se dressait en “Accusateur” dans un de ses morceaux les plus émouvants !

L’année 2001 voyait la sortie du premier E.P du groupe Tandem intitulé “Ceux qui le savent m’écoutent” on y découvrait un duo à la fois plein de gravité et d’éloquence qui amenait en poésie la dure réalité des bas-fonds d’Aubervilliers, ville d’où ils sont tous deux issus.

Quand on évoque les plus grandes plumes du rap français, les noms d’Oxmo Puccino et de Kery James ou encore d’Abd Al Malik reviennent assez vite mais on oublie bien trop souvent Mac Tyer et Mac Krégor qui sont à notre sens l’un des duos les plus injustement sous-estimés du pays lyricalement parlant. Il n’est pas impossible que cela soit dû aux sujets abordés par ces derniers, quand certains se sont tournés vers des formes plus propices à la littérature le Tandem quant à lui est resté à fleur de bitume, ce qui fait sa force pour les fans de la première heure aurait donc peut être, dans le même temps, causé sa malédiction aux yeux du grand public.

Chroniqueur des temps modernes

Si vous préparez une thèse sur la poésie urbaine ou sur un thème approchant, il est clair que nous vous conseillons vivement de vous pencher de près sur l’œuvre du Tandem, et particulièrement sur ce morceau qui cristallise à nos yeux ce que le groupe a à offrir de meilleur. Alors oui c’est le ghetto qui parle, oui le texte est amer et mélancolique mais si on parle aujourd’hui de punchline, Mac Tyer et Mac Krégor quant à eux servaient des punchtextes. Le plus dur pour nous sera donc de détacher quelques fazes du lot pour vous les exposer tant l’écrit est brillant dans son entièreté …

“La lutte est longue, le don de guerre est de rigueur
Mais c’est la cime de l’horreur qui décime le regard de nos sœurs”

-Mac Tyer-

Ce morceau est d’une grande tristesse certes mais peut également réchauffer de nombreuses âmes vivant les tourments d’en bas tant il leur est dédié. Pendant que certains cherchaient à s’infiltrer dans le show-biz en laissant le quartier derrière eux, Tandem se faisait le “chroniqueur” des quartiers muets, et pas uniquement de quelques jeunes coincés dans le hall mais aussi des sœurs scolarisés, des mères vaillantes et des darons rudes.

“La mort se forme d’un inutile que seule la haine comble
Surplombe l’ombre de l’homme humble, noble par sa couleur sombre”

-Mac Krégor-

Mac Krégor a souvent eu des fazes aux tournures très particulières que l’on se doit de retourner pour en saisir le sens, son premier couplet sur ce track en est d’ailleurs l’exemple type.

Son compère adressait ensuite ces pensées à ceux partis trop tôt, car ils manquent cruellement à ceux qui restent …

“J’en ai marre des jeunes qui nous quittent, que le Seigneur appelle
Un penseur assure à ses frères pouvoir un jour toucher le ciel”

-Mac Tyer-

Comment détacher ne serait ce qu’un seul mot du couplet suivant de Krégor qui livrait au micro sa course contre la fatalité qu’il ressent, le destin qu’il est tenté d’accepter malgré son aspect macabre …

“J’émerge, avant que la noirceur de ce monde me submerge
Avant que le tonnerre gronde, que surplombe l’ombre du mal qui émerge
Ce droit inaliénable devoir lié aux minables
L’immuable morosité infranchissable autant qu’inguérissable
J’ai chuté”

-Mac Krégor-

Pour conclure nous traitons ici à notre sens un véritable chef d’œuvre du rap français, car si son génie ne réside pas dans sa musicalité assez simple ( beat piano-voix ) il a le mérite de relayer avec une authenticité rarement atteinte une réalité méconnue par ceux qui vivent une tout autre vie dans un endroit plus propice à l’optimisme. Nous adressons nos respects aux deux auteurs de ce classique …

 

Golem
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