Rap US : Notre sélection des meilleurs “Diss Track”

Les clashs ont toujours été légions dans le hip-hop. Point positif dans tout ça ? Certaines brouilles entre rappeurs ont donné naissance à des Diss Track devenues légendaires dans l’histoire du rap US.

Le rap est clairement le style musical dans lequel l’esprit de compétition est le plus présent. De ce phénomène a germé de nombreuses rivalités entre les rappeurs. Des rivalités qui parfois, ont pris des proportions gigantesques. Pendant que certains réglaient leurs différends dans la rue, d’autres ont choisi de régler leur compte avec la meilleure des armes : le micro.

C’est ainsi que les “diss tracks” sont apparus. Sous couvert du meilleur flow et des meilleures punchlines, l’objectif d’un morceau clash est d’humilier, voir d’assassiner son adversaire verbalement. Voici donc une sélection non-exhaustive des “diss track” qui ont marqué l’histoire du rap US.

2Pac – “Hit ‘Em Up”

On commence d’entrée avec ce qui reste encore aujourd’hui sans doute le plus connu des diss tracks du rap américain, “Hit ‘Em Up” de 2Pac. Remise en contexte, le 30 novembre 1994, Tupac Shakur se fait tirer dessus cinq fois dans le hall d’un studio d’enregistrement à New York. Il était alors accompagné de son groupe The Outlawz et de l’équipe Bad Boy Records.

Par la suite, il accusera le label de Puff Daddy d’être responsable de cette agression et écrira “Hit ‘Em Up” en conséquence. Dans ce morceau, Shakur et son groupe lâche des piques à tous les membres du label et confie même avoir couché avec la femme de Notorious B.I.G. Ce morceau représentera l’apogée de la rivalité entre East et West Coast, qui aura pour conséquence les décès de Tupac et Biggie.

Boogie Down Production – “The Bridge is Over

Retour au début du hip-hop avec un diss datant de 1987. Ce sont MC Chan et les autres rappeurs du Queens qui seront pris à partie par l’ancien groupe de KRS-One. La raison ? Une phase, « This is the place where stars are born », qui insinuerait que le rap serait né à Queensbridge. En face, Boogie Down assure bec et ongles que le rap a vu le jour dans leur quartier de Harlem.

Plus par fierté territoriale que par envie d’achever des carrières, ces derniers sortiront “The Bridge is Over”, un morceau finalement fondateur de la culture hip-hop d’aujourd’hui. Au final, ce fut une rivalité saine, plus porté par l’amour de la musique que par la haine envers une personne où un groupe.

Jay-Z – “Takover”

Jay-Z et Nas se sont montrés très respectueux l’un envers l’autre pendant avant 1997. Cette année, tout bascule : le mari de Beyonce sort “The City Is Mine”, où il prétend être devenu le roi de New York à la suite du décès de Biggie. Nas répondra à cette allusion avec “We Will Survive…” où il critique ce statut autoproclamé.

Mais leur rivalité atteindra son pic en 2001, quand Jay-Z attaquera directement Nas dans le morceau “Takeover”. Dans ce titre, Shawn Carter insinue sur 32 mesures que le seul bon album de Nas est Illmatic et que sa carrière est finie. Mais Nas n’est pas le seul à en prendre pour son grade dans ce titre. Prodigy de Mobb Deep se fait par exemple moquer pour ses cours de ballet pour enfants et sa petite stature.

Nas – “Ether

Il n’en faudra pas plus pour que Nas prenne la mouche et sorte “Ether” en guise de réponse. Dans ce track, l’auteur de “The Message” affirme que Jay-Z ne fait que copier Biggie et qu’il ne fait que du rap que pour l’argent. Et dans cette gueguerre, c’est Nas qui fut finalement déclaré vainqueur selon la radio Hot 97. Quelques diss sortiront ici et là après ça, mais la paix sera déclarée en 2005, lors d’un concert au Madison Square Garden de New York. Encore aujourd’hui, le clash entre Jay-Z et Nas reste l’un des plus emblématiques de l’histoire du rap US

https://www.youtube.com/watch?v=aznJJir__oE

Eazy-E – “Real Muthaphuckkin G’s

Dr. Dre ayant quitté N.W.A pour des raisons de désaccords financiers avec Eazy-E, les relations entre les deux n’étaient plus au beau fixe. C’est dans ce contexte que Dre lance les hostilités avec “Fuck wit Dre Day”, extrait de The Chronic.

En réponse, Eazy-E sortira un EP entier pour clasher Dr. Dre. L’un des morceaux les plus marquants de l’opus sera “Real Muthaphuckkin G’s”. Ici, Eazy-E discréditera Dre, insinuant que ce dernier n’a jamais été un vrai gangster. Cette brouille durera près de deux ans et ne se terminera qu’en 1995. Soit quelques jours avant la mort de Eazy-E des suites du SIDA.

Ice Cube – “No Vaseline”

C’est également pour des motifs d’argent qu’Ice Cube quitta NWA en 1989. Il sera attaqué pour son départ par le groupe sur les albums 100 Miles and Runnin ‘et Niggaz4Life. Si quelques piques étaient laissées ici et là dans l’EP Kill at Will, “No Vaseline”, extrait de Death Certificate est un diss entier.

C’est surtout Eazy-E et leur producteur Jerry Heller qui sont visés dans ce morceau. Cube accusait ces derniers d’exploiter les autres membres du groupe. Aucune preuve de ça, mais il y des chances que ce diss ait provoqué le départ de Dr. Dre mentionné précédemment.

Eminem – “Killshot

Si la plupart des morceaux présentés dans cet article datent des années 90, celui-ci est plus récent, car sorti en 2018. Après les deux échecs qu’ont été Marshall Matters LP 2 et Revival, Eminem est revenu en force avec Kamikaze. Dans cet album, Slim Shady s’attaque à des rappeurs de la nouvelle génération, et Machine Gun Kelly a eu le droit à son clash après des tweets déplacés sur sa fille Hallie.

Après ces piques, MGK a répondu avec “Rap Devil”, un diss de qualité, mais ce n’est rien comparé à la réponse du rappeur de Détroit. Quelques jours plus tard, Slim Shady lâchera “Killshot”. Et ce diss a fait l’effet d’une bombe avec à ce jour 334 millions de vues sur YouTube. Si “Killshot” est en soit meilleur que “Rap Devil”, la différence de notoriété et l’influence qu’a Eminem par rapport à MGK aura raison de ce dernier.

50 Cent – “Back Down

L’homme qui a survécu à neuf balles s’est embrouillé avec quelques personnes tout au long de sa carrière. Son clash avec Ja Rule est le plus connu de tous. En effet, fifty accusait Ja Rule de ne pas être le gangster qu’il prétendait être dans ses morceaux. S’en est suivi beaucoup de menaces et un diss track nommé “Back Down” en 2003. Le clash a perduré pendant de nombreuses années et jusqu’en 2018. Ou Fifty a acheté 200 places pour un concert de Ja Rule.

Certains diront même qu’il dure encore aujourd’hui. Les deux s’envoient régulièrement des piques sur les réseaux sociaux et le rappeur de Murder Inc a fait savoir il y a quelques jours à peine qu’il souhaiterait régler tout ça lors d’un battle sur Instagram.

Eminem – “The Warning

Tout au long de sa carrière, Eminem a eu pour passion de balancer des piques à droite à gauche à des stars de la pop. Mais l’histoire avec Mariah Carey est l’une des seules a avoir pris une telle envergure. La chanteuse a en effet répondu au rappeur de Detroit.

Rappel des faits, Eminem affirme depuis 2001 avoir eu une relation avec Mariah Carey. Cette dernière a toujours démenti et Slim Shady a enfoncé le clou avec “Bagpipes from Baghdad” en 2009. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et la chanteuse a répondu avec “Obsessed” quelques mois plus tard.

La réponse d’Eminem ne s’est pas fait attendre avec “The Warning”, où il raconte les détails de la relation avec les messages vocaux de Mariah à l’appui. C’est d’ailleurs ce diss track qui enclenchera un second clash du rappeur de Détroit qui fera date : celui avec Nick Cannon.

Drake – “Back to Back

Tout commençait pourtant plutôt bien, les deux artistes avaient collaboré sur le morceau “R.I.C.O” en 2015, mais les choses se sont vite envenimées. Le canadien n’ayant pas fait la promotion du morceau et de l’album de son pote, Meek Mill n’a pas apprécié et a cherché à décrédibiliser Drake. Il a en effet balancé que le rappeur de Toronto n’écrivait pas ses textes et donc que ses succès étaient illégitimes.

Deux diss tracks sont sortis en réponse, “Charged up” et “Back to back” pointant du doigt l’attitude de Mill. Ce dernier aura la mauvaise idée de répondre avec “Wanna Know”, un morceau qui deviendra sources de memes sur le web à cause de sa piètre qualité. Finalement, les deux artistes feront la paix en 2018 à la sortie de prison de Meek Mill.

Pusha T – “The Story of Adidon”

Décidément, le fait que Drake utilise des ghostwriters lui a attiré pas mal d’ennemis. Pusha T aussi l’a attaqué à ce sujet dans “Infared”. Le patron d’OVO répondit quelques heures plus tard avec “Duppy Freestyle”. Et c’est une véritable bombe qu’a lâché Terrance Thorthon en réponse : “The Story of Adidon”. Un freestyle cinglant et dans les règle de l’art sur l’instru de “The Story of OJ” de Jay-Z. Ce diss track reste d’ailleurs l’un des plus gros que le rap game US a connu ces dernières années.

Outre la cover montrant Drake faire un blackface sur une vieille photo, Pusha a dévoilé au monde que le canadien avait eu un enfant caché avec une actrice porno. Le label OVO se fera également attaquer dans ce morceau. Fort heureusement, ce clash aussi violent fut-il n’a pas eu raison de la carrière de Drake. A noter qu’il y a quelques semaines d’ailleurs, il se montrait pour la première fois publiquement avec son fameux fils Adonis.

Que retenir de tout ça ? Si les diss track dans le rap US ont eu leur moment de gloire dans les années 90, force est d’admettre que cette mode s’est estompée depuis les années 2000. Il en va de même en France d’ailleurs. Aujourd’hui, les rappeurs préfèrent se lancer des piques via les réseaux sociaux qu’au travers un micro. Les attaques musicales entre MC ont quasiment disparu, au grand dam de ceux qui défendent les valeurs du hip-hop

Luca Rastelli
Luca Rastelli

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