Retour vers le classique: “Fuck Tha Police” de NWA

Le titre de NWA, “Fuck The Police” connaît une recrudescence importante et a trouvé écho auprès d’une nouvelle génération suite aux récents événements aux Etats-Unis. Retour vers le classique.

Aujourd’hui, la faute à une actualité plus que tourmentée, NWA, l’un des groupes les plus mémorables du rap américain des années 90 semble connaître un véritable Revivial. Les manifestations contre les violences policières qui ont lieu actuellement aux Etats-Unis font effectivement renaître un climat hostile entre les afro-américains et les forces de l’ordre. Des tensions vivent qui font forcément écho à la rébellion portée par les Niggaz With Attitude, et leur hymne anti-flic “Fuck Tha Police”. Un titre dont YG s’est récemment inspiré et dont les streams repartent à la hausse ces derniers jours.

Si le groupe anciennement composé de Dr. Dre, Eazy-E, Ice Cube, MC Ren et DJ Yella était déjà largement connu de tout amateur de rap qui se respecte, il l’est encore d’avantage aujourd’hui avec le succès du (très) bon “Straight Outta Compton”, le biopic ayant retracé avec brio le parcours du mythique crew californien. Aussi, je ne peux que vivement vous conseiller de vous référer à ce long-métrage si vous souhaitez en savoir plus sur le groupe. De notre côté, nous allons prêter une oreille attentive à l’un des morceaux les plus controversé du rap toutes époques confondues, la pierre angulaire marquant le succès et les problèmes pour NWA “Fuck Tha Police”.

“Fuck The Police”, un cri de guerre de NWA

Au vu du titre, inutile d’expliquer en quoi le titre a pu être si irrévérencieux. En cette période de dénonciation des violences policières, il est de bon ton de rappeler que la mauvaise image des forces de l’ordre au sein du rap n’est pas nouvelle, comme nous allons le voir.

Tout d’abord, la track ne pouvait évidemment pas passer inaperçu tant l’album dont elle est issue (“Straight Outta Compton”) a fait exploser ses auteurs et est aujourd’hui considéré comme un monument du gangsta rap. Aussi, en 1988, le titre devient une sorte d’hymne de tous les opprimés du système qui peuvent enfin, grâce à une poignée d’artiste, faire entendre tout haut ce qu’ils pensent tout bas. Il faut dire aussi que le son tombe à point nommé, alors même que l’Etat commence à vouloir resserrer sa politique anti gang à travers le pays.

Les tensions sont de plus en plus fortes et éclateront finalement violemment comme lors des émeutes de Los Angeles en 1992. Ainsi, assumant leurs paroles et leurs musiques, les membres de NWA ne reculeront pas et pousseront d’avantage leur hit pour être entendu, touchant chacun s’y reconnaissant. A ce propos, Ice Cube déclare même:

“Fuck Tha Police” est quelque chose que tout le monde a envie de dire à un moment donné, et dans tous les recoins du pays il y a des gens qui ont des problèmes avec l’autorité, donc ce morceau aura toujours une place, les gens le verront comme leur hymne, et tant que nous aurons ce problème, et tant que nous aurons ce problème, le titre sera toujours d’actualité.”

image affiche biopic Straight Outta Compton

Le label du groupe, Ruthless Records, recevra plusieurs avertissement des autorités (et même des menaces du F.B.I.) leur intimant de cesser immédiatement de divulguer leurs propos toujours plus tendancieux et violemment dénonciateurs (et surtout accusateurs). Ice Cube n’hésitera pas à traiter du racisme dès les premières lignes (“A young nigga got it bad ‘cause I’m brown”) et à insulter proprement (“For a punk motherfucker with a badge and a gun”).

Des insultes, le rap en a toujours contenu, et il serait vain (et stupide) de s’en prendre à chaque MC dont les termes “fuck” ou “bitch” franchiraient les lèvres. Cependant une telle violence est assez rare, surtout pour l’époque, et aux yeux des puissants, elle marque la portée et l’importance de plus en plus conséquente du rap. “Fuck Tha Police” n’est pas les braillements de quelques jeunes excités s’enhardissant devant un insigne, c’est surtout la parole de toute une communauté qui se dresse de plus en plus jusqu’à l’explosion.

Reste évidemment la question du bien fondé d’un tel entraînement de violence verbale, et si un son d’avantage cerné sur les maux de la société sans agression aucune n’est-il pas à privilégier ? Probablement, mais la polémique fait parti du succès de NWA, et “Fuck Tha Police” n’y fait pas exception. Le rap a parlé, le rap a crié, et le rap s’est fait entendre…

Rabeat
Rabeat

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