Le septième album de la légende de Detroit souffle aujourd’hui sa onzième bougie. Retour sur un projet où Eminem a changé de face (physiquement et musicalement).
Après le chef-d’œuvre et le mondialement célèbre The Eminem Show paru en 2002, Eminem se lance dans une courte pause avant de décevoir ses fans deux ans plus tard avec une simple édition Deluxe de ce dernier, intitulé Encore. Suite à ce projet, Marshall Matters connait une véritable descente aux enfers. La célébrité devient pesante à son égard et les tournées de plus en plus éreintantes. Puis, en 2006, le rappeur sombre dans la spirale infernale des addictions à diverses drogues et médicaments. Une malédiction entraînée par les démons de la célébrité, mais aggravée par la disparition tragique de son meilleur ami, Proof.
Relapse
Il entamera alors un long périple pendant près de trois ans. Échappant de peu à la mort des suites d’une overdose, il parvient à se raccrocher à la vie et décide dans un éclair de lucidité d’entrer en cure de désintoxication. Cette période noire de sa vie, Eminem la raconte avec brio dans l’album Relapse publié en 2009 qui représente alors son come-back. On y retrouvait alors un artiste inspiré, avec son débit reconnaissable entre mille, son autodérision et son écriture humoristique. Toute l’ADN du rappeur était de retour.
C’est alors que le monde entier se met à parler d’un Relapse 2, comme si le précèdent projet n’avait pas suffit à nourrir les oreilles d’un public affamé. Il n’en sera rien, puisqu’après avoir enregistré de nombreux morceaux, notamment en compagnie de son acolyte Dr. Dre, le rappeur va prendre tout le monde de court et revenir en homme nouveau avec l’album Recovery. Un disque charnière dans sa carrière, qui lui aura permis de récupérer un second souffle et de renaître sous la peau d’un nouveau personnage.
Recovery
L’album est publié le 18 juin 2010. Le premier single, sorti quelques semaines auparavant, n’est autre que le mondialement acclamé “Not Afraid”. A la première écoute, on s’aperçoit bien vite que ce titre contraste totalement avec les couleurs de ses précédents albums. Eminem, qui nous avait habitués à des premiers singles plutôt clownesques («The Real Slim Shady», «Without Me», «Just Lose It» ou encore «We Made You»), oublie l’ironie et le second degré pour jouer la carte de l’authenticité.
Pour Recovery, Eminem mise davantage sur l’émotion que la performance pure et dure. Il n’hésite pas à aborder de manière frontale des sujets tabous, comme pouvaient l’être sa guérison, l’angoisse ou encore les relations amoureuses. Certes le rappeur de Detroit nous avait déjà offert des morceaux puissants sur sa vie comme “When I’m Gone” ou encore “Like Toy Soldiers”, pour ne citer qu’eux, mais Recovery demeure certainement son album le plus intimiste, et donc le plus touchant.
Le personnage provocateur et ironique Slim Shady laisse tomber le masque, et le rappeur Eminem qui pouvait nous remplir d’émotion comme nous laisser bouche-bée devant ses prestations fait de même. En effet, place à Marshall Matters, l’humain qui souhaite vider son sac. C’est une nouvelle facette qui est proposée au public : celle d’un rappeur fragile, comme s’il était en rétablissement.
L’un des albums les plus populaires de la décennie
L’album à aussi une ambition mainstream, comme si Eminem souhaitait bien se relancer et faire mieux qu’avant. L’album est parfois plus rock, parfois plus pop, que ce à quoi avait pu nous habituer le rappeur. La tracklist et les différentes collaborations nous le prouvent. En effet, on y retrouve des featurings avec les tête d’affiche du moment, à savoir Rihanna, Lil Wayne ou encore P!nk.
Le second single promu en plein été 2010 est le fameux featuring avec Rihanna, intitulé “Love The Way You Lie”. Produit par Alex da Kid, il est un énorme succès commerciale et résonne aux quatre coins de la planète. Une telle réussite que le morceau a dépassé les deux milliards de vues sur YouTube. Aujourd’hui encore, c’est l’un des titres les plus populaires d’Eminem.
De ce point de vue-là, Eminem a de nouveau réussi son pari. Les titres sont calibrés pour la radio et connaissent un succès retentissant. Cet album mainstream au possible n’est pas son meilleur, mais l’important semble ailleurs : Eminem a repris goût à la musique. Puis, tout album d’une des légendes du rap cache de belles pépites. Il ne faut pas passer à côté de la superbe connexion entre Weezy et Marshall Matters sur le superbe “No Love”. Ni oublier la superbe performance de kickeur d’Eminem sur “Cinderella Man” et “So Bad”. Et que dire de “Space Bound”, avec son refrain entêtant à couper le souffle ?
Métamorphose
Concernant son flow, il dit adieu à son accent distinctif de ses débuts pour s’orienter vers un débit plus criard. Une signature vocale que l’on retrouvera tout au long de l’album Recovery, et qui s’affinera au fil de ses albums suivants.
Recovery reste l’un des disques les plus appréciés du public au cours des années 2010 et s’est classé numéro un des charts un peu partout dans le monde entier au moment de sa sortie. En 2017, le projet a carrément dépassé la barre des quinze millions d’albums vendus à l’international. Cet immense succès commercial est même accompagné d’un succès critique, avec plusieurs Grammy Awards raflés au passage.
Eminem entamera aussi une métamorphose physique puisqu’il laissera tomber les cheveux blonds peroxydés, symbole de son esprit rebelle, pour arborer une coupe de cheveux plus sage et plus sobre. Un symbole qui marquera sa renaissance, son rétablissement, sa Recovery.
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