Cinq choses à savoir sur MC Solaar

Le rappeur légendaire, MC Solaar fête aujourd’hui ses 51 ans. L’occasion de revenir sur cinq faits marquants de sa longue et incroyable carrière.

MC Solaar fait indéniablement partie des piliers du rap français, à l’instar d’IAM, NTM et Assassin. Considéré comme l’une des premières étoiles du rap en France, au début des années 90, le rappeur originaire de Dakar a marqué son époque, avec des albums classiques, alliant finesse des textes et qualité du son.

Au cours de cette décennie, il s’est fait plus discret avec un unique album Géopoétique, sorti en 2017. Néanmoins, MC Solaar reste un rappeur unique dans le paysage rap français. Entre son écriture ciselée, son flow posé, des jeux de mots fleuris et des références à la pop-culture, le rappeur a toujours cultivé son style à contre-courant des tendances.

En plus de son style si particulier, MC Solaar a toujours été un rappeur populaire. Dans les années 90 et 2000, il occupait souvent les charts des meilleures ventes. En effet, il a longtemps été le rappeur français ayant vendu le plus de disques, avant d’être détrôné récemment par Jul.

Pour son cinquante-et-unième anniversaire, revenons sur plus de trente ans de carrière, via cinq faits marquants.

Son premier album Qui sème le vent récolte le tempo, a connu un succès international

MC Solaar apparaît à un moment où le rap n’en est qu’à ses balbutiements. Comme grand nombre des acteurs de l’époque, il fait ses premières armes dans l’émission de Dee Nasty et Lionel D (RIP) via des freestyles balancés avec passion et ferveur.

Tout s’enchaîne très vite pour le jeune rappeur. Avec Jimmy Jay, son acolyte beatmaker, il sort un premier maxi « Bouge de là » en 1990. Construit sur une boucle de « The Message» du groupe funk des années 70, The Cymande, le morceau est reconnu comme étant le premier hit du rap français. Non seulement, il installe MC Solaar sur la scène de la musique française, mais il lui permet d’obtenir des conditions de travail avantageuses grâce à son label Polydor.

En 1991, sort donc son premier album, Qui sème le vent récolte le tempo. Sur ce disque, Claude M’Barali, de son vrai nom, fait vivre son “rap cool“. Entre productions boom-bap et samples jazzy, il fait parler sa plume protéiforme. L’album traite de sujets divers et variés et le rappeur excelle par son phrasé ludique. On y trouve notamment l’un des plus beaux morceaux d’amour du rap français « Caroline », des superbes exercices de style. Egalement, le rappeur y traite de sujets plus sociaux, notamment son histoire d’« Armand est mort ».

L’album connaît alors un immense succès dans l’Hexagone (plus de 400 000 exemplaires vendus) et s’exporte même à l’international. Le rappeur entame une tournée qui le mène aux quatre coins de l’Europe, de l’Angleterre, à la Pologne en passant par la Russie.

En 2015, Jimmy Jay, a partagé ses archives sur Facebook, en diffusant des extraits d’articles de l’époque. On y trouvait notamment le jeune Claude sur la Place du Kremlin, et une image de concert avec un certain Booba en arrière-plan.

Il a failli faire une tournée aux États-Unis avec Gang Starr

Le premier album de MC Solaar ne s’arrête pas uniquement aux frontières du vieux continent. Via sa distribution en Angleterre, l’album voyage outre-Atlantique et tombe dans les oreilles d’illustres rappeurs comme Guru.

En 1993, le membre de Gang Starr, se lance en solo avec la première série de Jazzmatazz. Un album dans lequel il fusionne le rap et le jazz. Pour cela, le rappeur fait appel à de nombreux musiciens jazz comme Donald Byrd, Roy Ayers ou encore Lonnie Listen Smith. Bien entendu, Guru convie aussi le rappeur de Maison-Alfort, Claude MC.

« Le Bien, Le Mal » est historiquement la première connexion France / Etats-Unis, produite par Jimmy Jay himself. Un clip est même tourné entre New-York et Paris. L’entente entre MC Solaar et Gang Starr est si bonne, que les deux entités souhaitent faire une tournée commune aux Etats-Unis. Malheureusement, le projet échoue.

Pour autant, Solaar ne met pas fin à des collaborations avec des rappeurs US puisqu’en 2000, Missy Elliott l’invite sur le remix de « All n my grill »

Son classique Prose Combat, est introuvable

C’est l’un des plus grands malheurs de la carrière de MC Solaar. En 1994, il publie son deuxième album Prose Combat, une œuvre incroyable, cohérente du début à la fin, et considérée comme l’un des plus grands albums du rap français. Et malgré ce statut, l’album est introuvable dans les points de ventes ou sur les plateformes de streaming.

La raison : un litige qui oppose MC Solaar et son label de l’époque Polydor qui, à ce jour, n’a jamais été résolu. Depuis, quatre de ses albums publiés sur ce label ne peuvent plus être exploités commercialement.

A l’occasion des vingt ans de l’album, Le Mouv et l’Abcdr du son ont consacré un superbe dossier sur Prose Combat. Basé sur les témoignages de MC Solaar et son équipe, le dossier revient sur la création du disque, l’émulation des producteurs et sur l’imbroglio judiciaire de l’album.

Plus de vingt ans après la sortie de Prose Combat, la grande moitié de la discographie de MC Solaar a tout simplement disparu du paysage musical. C’est à la fois une perte pour l’histoire du rap français et pour la carrière de l’artiste. Néanmoins, il existe quelques subterfuges pour écouter ce joyau qu’est Prose Combat.

Il a le vocabulaire le plus riche du rap français

MC Solaar est connu pour être un rappeur au langage fleuri, avec un vocabulaire ultra-riche. Au point que les médias mainstream aimaient bien le qualifier de “poète rappeur”.

En 2014, le site Shakedatass (aujourd’hui disparu) réalise une infographie pour classer les rappeurs français au vocabulaire le plus large. Sans grande surprise, MC Solaar occupe largement la première place avec près de 7691 mots employés dans son vocabulaire musical.

Surprise du classement, Alkpote apparaît à la deuxième place, devant des rappeurs reconnus par la qualité de leurs plumes, à l’image Akhenaton ou Oxmo Puccino. Est-ce que depuis, un rappeur français a détrôné Claude MC ? Rien n’est moins sûr.

Capture d’écran site

Il a signé la musique d’une comédie musicale sur Rabbi Jacob

À la fin des années 2000, MC Solaar apparaît de plus en plus isolé du rap français. Une période dominée par un rap de rue strict, durant laquelle chaque personne tentant de nouvelles sonorités est écarté du rap game.

Pourtant, Claude MC connaît toujours autant le succès avec son septième album studio Chapitre 7 porté par le titre « Da Vinci Claude ». Après une Victoire de la Musique remportée, l’artiste se fait plus rare.

Il réapparaît en 2008 en signant la chanson « Rabbi Muffin » qui revisite le film Rabbi Jacob. Cette chanson humoristique fait partie d’une comédie musicale sur le film culte avec Louis de Funès, pour lequel le rappeur signe la bande-originale.

Faut-il le voir comme une faute de goût, ou simplement la volonté de Solaar de faire ce qu’il veut artistiquement ? À vous de juger. Quoi qu’il en soit : bon anniversaire Claude.

Mehdi
Mehdi

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