Cette année a été mouvementée pour le monde musical en général et pour celui du hip-hop en particulier. Les rappeurs ont repris timidement leurs concerts et tournées qui ont été couronnés de succès comme d’échec (en référence au festival Astroworld de Travis Scott). Nous avons eu droit à des albums exceptionnels abordant diverses thématiques et d’autres plus personnels relatant un vécu, les émotions des artistes.
Tous ces Opus sont certes excellents, mais certains le sont bien plus que d’autres. Alors, découvrons ensemble les 20 albums hip-hop sortis en 2021 qui surpassent tous les autres de la même année selon Billboard.
20. EST Gee: Bigger Than Life Or Death
Il est évident que 2021 a été mouvementée pour EST Gee quand on se rappelle de sa seizième apparition sur « Real As It Gets » de Lil Baby. Cependant, l’évènement notable est la sortie de sa mixtape « Bigger Than Life Or Death » en juillet dernier. L’opus est une démonstration complète des capacités du rappeur de Louisville en tant qu’artiste émergent.
Des titres comme « 5500 Degrees » avec Baby, 42 Dugg et Rylo Rodriguez et « Lick Back » ont été placés dans le Hot 100, propulsant le projet à la 7e place du Billboard 200 en août dernier. EST Gee a accompli un autre exploit en sortant la suite de l’album intitulé Bigger Than Life or Death 2 fin novembre. Cette deuxième partie est un ensemble de huit chansons sans featuring enregistrées en solo en street bar dont le single principal est « Lamborghini Geeski ».
19. Aminé : TWOPOINTFIVE
Après une incursion dans la sphère des albums introspectifs avec son opus « Limbo », Aminé fait un retour à sa joie de vivre à travers « TWOPOINTFIVE ». Il y expérimente des tempos plus rapides et plus riches. Le rappeur de Portland met tout son sérieux de côté pour produire un album avec des titres de chansons amusants et quasi stupides (YiPiYaY » et « Dididumduhduh).
« TWOPOINTFIVE », ce sont aussi des paroles encore plus bizarres comme « Baby girl, I’m in the street with my n—-s goin’ crazy/ When I say street, I mean outside daily/ I never took a L so I’m L-less like Tracee/ Her blouse see-through with the navy blue pasties. ( Baby girl, Je suis dans la rue avec mes nanas qui deviennent folles/ quand je dis dans la rue, je veux dire dehors tous les jours/ Je n’ai jamais pris de L, alors je suis sans L comme Tracee/ Son chemisier transparent avec ses collants bleu marine » dans « Between the Lines ».
18. Wale : Folarin II
La mixtape « Folarin » de Wale sortie en 2012 a été très appréciée. Près de dix années plus tard, le joueur de calembours de Washington revient avec le deuxième volet de l’opus. L’album « Folarin II » contient 15 morceaux, dont 8 collaborations.
Avec un penchant pour les samples rétroactifs, Wale réimagine habilement « Vivrant Thang » de Q-Tip et « I Need A Girl » de Diddy avec ses partenaires de tag-team J. Cole et Chris Brown, respectivement. Malgré les remakes brillants, le meilleur tour de Wale vient lorsqu’il retourne avec aisance un clip du Jamie Foxx Show pour le morceau phare du projet « Dearly Beloved ».
17. Lil Baby & Lil Durk: The Voice of the Heroes
18 titres, un mélange équilibré d’envolées et d’introspections sur leur statut croissant d’artistes hip-hop, et toutes les complications qui en découlent, c’est ce que nous offrent Lil Baby et Lil Durk dans « The Voice of the Heroes ».
Certains morceaux comme le titre de l’album reflètent ce stress décourageant. D’autres morceaux plus rythmés comme « 2040 » et « Still Runnin » sont très flexibles, et Baby ne peut s’empêcher d’être complètement honnête : « Je me sens mieux sans IG, mais j’ai trop d’influence ». « The Voice of the Heroes » a connu la participation de grands du genre comme Young Thug, Travis Scott et Meek Mill.
16. Trippie Redd: Trip at Knight
Sur le quatrième album studio de Trippie Redd, le rappeur né sur Soundcloud utilise des synthés distordus, des basses lourdes, des snares trap et son instrument le plus caractéristique, son gémissement contrôlé.
L’effort de 17 pistes est riche en collaborations avec des artistes très connus. On y retrouve Drake, Lil Uzi Vert, Playboi Carti, Ski Mask The Slump God, Polo G, Lil Durk, les rappeurs défunts Juice WRLD et XXXTentacion et bien d’autres. D’une durée d’un peu plus de 49 minutes, « Trip At Knight » présente Redd sous sa figure centrale persistante et légèrement maniaque.
15. Chika: Once Upon a Time
A travers six chansons d’une durée totale de 15 minutes, Chika nous offre son EP « Once Upon a Time » optimiste et captivant agrémenté d’une seule collaboration avec BJ the Chicago Kid dans son titre phare « Fairy Tales ».
La pupille de Warner Bros, Records rappe sur l’importance de l’amour de soi pendant son parcours vers la célébrité. « On se souviendra de moi comme de Biggie et de Pac », rappe-t-elle dans « Hickory Dickory », avec une confiance qui impose le plus profond respect.
14. Maxo Kream: Weight of the World
D’une durée totale de 44 minutes, « Weight of the World » de Maxo Kream est un témoignage de la propension du rappeur de Houston aux succès, échecs, luttes et chagrins d’amour personnels et familiaux.
Avec une précision experte, le rappeur illustre des scènes lourdes de crimes de voisinage, de racisme systémique et de soumissions illicites juxtaposées sur des schémas de rimes astucieux, des mélodies sautillantes.
Il passe de la description de la relation non partagée qu’il entretient avec sa mère sur « Momma’s Purse » à la confession de son problème de drogue sur « Worthless ». « Je me vante et je me vante parce que ce n’était pas censé durer », commence-t-il sur « Whole Lotta ». Cet opus personnel qui a connu la participation de Tyler, The Creator, A$AP Rocky et Freddie Gibbs mérite bien sa place dans ce classement.
13. Nas : King’s Disease II
L’album King’s Disease premier de Nas qui a remporté le Grammy du meilleur album de rap au début de l’année a désormais une suite. Fruit d’une collaboration de Nas et de son producteur Hit-Boy, « King’s Disease II » comprend des joyaux indélébiles comme « EPMD 2 » avec Eminem et « EPMD », et « Nobody » avec l’insaisissable Mme Lauryn Hill.
Le véritable point culminant, cependant, est « Death Row East », où Nas fait la lumière sur le fameux conflit entre la côte Est et la côte Ouest au milieu des années 90. Après près de 30 ans de carrière dans le rap game, Nas prouve encore qu’il n’a pas à s’éclipser devant la nouvelle génération.
12. Slowthai : Tyron
Slowthai (de son vrai nom Tyron Frampton) se livre à une auto-réconciliation en deux parties sur son deuxième album éponyme « Tyron ». Sorti exactement un an après son apparition controversée aux NME Awards, où il a été couronné Héros de l’année, « Tyron » suit le parcours de l’anti-héros qui tente de se sauver du bruit en ligne.
La première moitié contient des hymnes effrontés, prêts pour les mosh-pits, avec des titres ALL-CAPS rugissants et des rappeurs vedettes comme A$AP Rocky sur « MAZZA et Skepta sur “CANCELLED. Mais la seconde moitié de l’album est plus discrète et dépouillée, Slowthai faisant face à son passé sur des touches sombres et pensives.
11. Moneybagg Yo : A Gangsta’s Pain
2021 a été une année de réussite pour Moneybagg Yo, car il a gravi plusieurs échelons et a prouvé qu’il pouvait être une force grand public représentant Memphis. Big Speaker s’est assuré d’avoir quelque chose pour tout le monde avec ‘A Gangsta’s Pain’ qui lui a valu son premier numéro 1 au Billboard 200.
Avec l’échantillon de ‘One More Chance’ de Biggie, la domination des ondes radio avec ‘Wockesha’, et la prévision d’un morceau pour les dames aux côtés de la reine du R&B Jhene Aiko sur ‘One of Dem Nights’, Moneybagg Yo s’est assuré d’exploiter tous les marchés pour consolider son ascension. Le rappeur a d’ailleurs annoncé une version deluxe de l’opus depuis octobre avec des morceaux encore plus accrocheurs.
10. Ye : Donda
Kanye West a réussi à consolider sa place dans le hip-hop avec la sortie de son projet insaisissable « Donda ». Nommé d’après le nom de sa mère décédée, l’album compte 27 titres après un déploiement de plusieurs semaines.
Bien qu’il n’y ait pas de featuring crédité sur son 10e effort studio, Ye a obtenu des félicitations chaleureuses de certains des plus grands noms du genre, avec un grand succès. Non seulement il rejoint son compatriote Jay-Z sur « Big Brother » et Watch The Throne, sur « Jail », mais il s’allie à deux des plus brillantes stars d’aujourd’hui, The Weeknd et Lil Baby, sur le titre « Hurricane », d’une grande intensité émotionnelle. La version Deluxe de Donda est d’ailleurs annoncée pour très bientôt et l’information fait les gros titres sur les réseaux sociaux.
9. Pi’erre Bourne: The Life of Pi’erre 5
Sur « The Life of Pie’rre 5 », Pi’erre Bourne joue à la fois l’homme derrière les tableaux et le talent devant le micro, dernier exemple de son talent pour créer des raps accrocheurs et des accroches addictives. Le projet éloigne encore plus Bourne de l’étiquette de « producteur » qui l’a aidé à faire irruption sur la scène en 2017 et le retranche dans le rôle d’artiste à part entière.
Pourtant, son premier chapeau lui va mieux que jamais, avec des transitions sans faille d’un morceau à l’autre qui font de TLOP5 une balade intrigante du début à la fin.
8. Drake: Certified Lover Boy
Le rappeur de Toronto consolide sa formule de succès qui bat les records sur « Certified Lover Boy », son sixième album studio. CLB est devenu le dixième album de Drake à se classer numéro 1 au Billboard 200, ce qui lui a permis d’obtenir les meilleurs résultats de l’année en première semaine, tout en battant le record du plus grand nombre de singles classés dans le Top 10 du Hot 100 pour un même album.
Avec des featuring de Future, Kid Cudi, Jay-Z et d’autres, Certified a recruté des amis et des partenaires du cercle intime de Drake tout en abordant les thèmes de l’amour, des amitiés brisées et, bien sûr, de la lutte troublante de The Boy contre la célébrité et la vulnérabilité.
7. Little Simz: Sometimes I Might Be Introvert
La star britannique Little Simz fait étalage de son débit sur son quatrième album studio, « Sometimes I Might Be Introvert ». Sorti sur le label britannique Age 101 Music qu’elle crie dans le titre accrocheur « Speed », Simz fait preuve d’un lyrisme réfléchi tout au long de ce projet de 19 titres.
En prime, Simz (qui a passé deux semaines sur la liste des artistes émergents du Billboard après ses débuts) met en avant ses racines nigérianes avec le bop aux accents afrobeats « Point and Kill ».
6. Vince Staples : Vince Staples
Vince Staples aborde de nombreux sujets dans son album éponyme. La plupart de ces thématiques sont lourdes, désagréables et existentielles, mais le MC de Long Beach parvient à rester centré. Le projet de 10 titres a été produit par Kenny Beats, qui a créé un ensemble de rythmes expérimentaux, mais fondés pour que les idées de Staples puissent briller.
Les paroles honnêtes et descriptives, notamment sur le titre phare de Staples « Taking Trips », racontent l’histoire de son éducation difficile : « Je déteste le mois de juillet, la criminalité est élevée, l’été est nul. Je ne peux même pas aller à la plage sans chaleur ».
5. J. Cole: The Off-season
A travers « The Off-season », le technicien ultime du rap J. Cole offre aux fans une écoute beaucoup plus digeste. Sur cet album, on note de lourds featuring avec les meilleurs d’Atlanta que sont Lil Baby (« pride.is.the.devil ») et 21 Savage (« my.life »). J. Cole a aussi enterré la hache de guerre avec ses anciens ennemis, notamment son héros d’enfance Puff Daddy sur « let.go.my.hand ».
Après avoir enregistré un nouveau succès dans le Billboard 200 avec The Off-season, le PDG de Dreamville voit ses actions pointer dans la bonne direction à l’approche de The Fall Off.
4. Don Toliver: Life of a DON
Le crooner Cactus Jack Don Toliver peut apprécier avec fierté les fruits de son labeur sur son deuxième album « Life of a DON ». Dans le club banger « Way Bigger », Don incarne le principe selon lequel « quand la vie te donne des citrons, tu fais un hit Hot 100 top 10 Lemonade ».
L’artiste trap&b sort de l’ombre de Travis Scott, qui apparaît deux fois, et brille avec sa voix distincte sur le type de mélodies qui prouvent qu’il n’est pas nécessaire de comprendre ce que Don dit pour tomber amoureux de sa musique.
3. Isaiah Rashad: The House is Burning
Après ce qu’il appelle sa « chute en disgrâce », Isaiah Rashad a refait surface avec son excellent album de come-back « The House is Burning ». La résilience du rappeur de Chattanooga transparaît aussi bien dans les bangers (« From the Garden » et « Wat U Sed ») que dans les ballades introspectives (« Claymore » et « Score »).
Ce disque de 16 chansons présente Rashad sous son jour le plus raffiné. S’inspirant des sonorités de la néo-soul et de la musique bounce du Texas et de la Louisiane qu’il a écoutées dans son enfance, Rashad s’est hissé pour la première fois parmi les 10 premiers albums du Billboard 200. Le succès de The House is Burning témoigne de la maturité du jeune homme de 30 ans, de son lyrisme et de sa capacité à renaître de ses cendres.
2. Baby Keem: The Melodic Blue
Avec l’approbation des faiseurs de goûts musicaux et de mode de L.A., le nom de Baby Keem est en ébullition depuis un certain temps. A travers The Melodic Blue, le jeune rappeur prouve qu’il est bien plus que le cousin de Kendrick Lamar en dépassant les attentes les plus élevées.
Bien qu’il affiche son allégeance à Lamar sur « Family Ties » et « Range Brothers », le jeune homme de 21 ans est une force polyvalente avec laquelle il faut compter, qu’il entre en collision avec Don Toliver sur « Cocoa » ou qu’il savoure la vie sur « Deep End ». L’invasion du grand public par Baby Keem en 2021 ne semble être que le début de ce qui est à venir.
1. Tyler, The Creator: Call Me If You Get Lost
En tête du classement des 20 meilleurs albums dont les acteurs du hip-hop nous ont gratifiés en 2021, nous retrouvons sans surprise Tyler, The Creator. Une nouvelle dimension de l’univers cinématographique de Tyler prend vie dans son album « Call Me If You Get Lost », nommé aux Grammy Awards.
DJ Drama raconte le voyage de son nouveau personnage, Tyler Baudelaire, qui voyage dans le temps pour ressusciter la célèbre mixtape Gangsta Grillz qu’il a fait naître dix ans plus tard. Accompagné de flûtes jazzy, de synthés ressemblant à des rayons laser et de rythmes néo-soul qui élargissent sa palette décadente, Tyler confronte son passé tumultueux dans ses longs couplets.
Il réfléchit sur le fait d’avoir été annulé avant la culture de l’annulation sur « MANIFESTO » et retrace chaque étape d’un triangle amoureux difficile sur le morceau de près de 9 minutes « WILSHIRE ».
Avec CMIYGL, le MC qui change de culture continue de s’affirmer comme l’une des voix majeures de la génération rap actuelle. Avec d’excellentes places dans le classement des cinquante meilleurs albums de 2021 et des célébrités les mieux habillées, Tyler, The Creator démontre qu’il est une mine de talent sur laquelle il faut miser.